Scène de sexe dans "Mektoub my Love" : le malaise éclate au grand jour

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Par Nicolas PRATVIEL - Paris (AFP)
Publié le 02 juillet 2019 - 22:47
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Hafsia Herzi (G) et Ophélie Bau lors du festival de Cannes, le 23 mai 2019
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© Valery HACHE / AFP
Hafsia Herzi (G) et Ophélie Bau lors du festival de Cannes, le 23 mai 2019
© Valery HACHE / AFP

Une concession rare qui trahit un profond malaise: le réalisateur Abdelatif Kechiche, dont le film "Mektoub My Love: Intermezzo" n'a toujours pas de date de sortie, consent à supprimer certains plans d'une scène de cunnilingus si son actrice Ophélie Bau le lui demande.

Cinq semaines après la polémique cannoise autour de cet opus, intermède de "Mektoub My Love: Canto Uno" sorti en 2017 et dans lequel Ophélie Bau y jouait déjà une autre scène de sexe, le cinéaste est sorti de son silence dans une lettre adressée à Elisabeth Tanner, l'agent de l'actrice, et transmise à L'Express lundi.

"J'invite volontiers Ophélie à la table de montage pour me signifier précisément ce qui choque sa pudeur et je m'engage, dans la mesure du possible, à éliminer dans le montage du film les plans qui la gêneraient encore. Ce n'est après tout que du cinéma", écrit-il en conclusion de sa longue missive.

Un "engagement public" dont a pris acte mardi Elisabeth Tanner, dans une réponse écrite transmise à l'AFP. Ainsi sera-t-il permis à Ophélie Bau, note-t-elle, "enfin, de visionner la séquence en question et d'indiquer quels plans elle voudrait éventuellement voir supprimer".

Le maintien au montage, dans sa durée longue de 13 minutes, d'une scène de cunnilingus est à l'origine du schisme entre le cinéaste et son actrice. Et ce, à mesure qu'approchait la diffusion du long métrage au Festival de Cannes, sans que Kechiche lui accorde le droit de le visionner avant.

Palpable sur la Croisette, le malaise avait nourri la polémique autour de ce film radical de 3h28, jusqu'à l'overdose, dont les trois quarts se déroulent en boîte de nuit. Plusieurs spectateurs étaient sortis en cours de projection.

Ce soir-là, Ophélie Bau avait monté les marches avec l'équipe du film, sous les yeux d'Abdelatif Kechiche déjà posté en haut, mais n'était pas restée pour assister à la projection. Lorsque les lumières se sont rallumées, visiblement ému et embarrassé, le réalisateur avait quitté la salle précipitamment en lançant: "Je m'excuse de vous avoir retenus sans vous prévenir et voilà... je m'en vais".

- "Conspiration" -

Le lendemain, toujours pas d'Ophélie Bau à la conférence de presse, où l'atmosphère était électrique, le service de presse du film prétextant un tournage.

Reparti bredouille de Cannes, Abdelatif Kechiche, palmé en 2013 pour "La vie d'Adèle" qui contenait déjà des scènes de sexe entre les actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, attend de voir sortir en salle son film, distribué par Pathé.

Dans sa lettre, Kechiche affirme qu'"Ophélie (Bau) a en toute conscience accepté pleinement son rôle dans mes films et à aucun moment n'a manifesté la moindre gêne quant à sa nudité ni à la dimension érotique de certaines séquences".

Revenant sur la séquence de cunnilingus, le réalisateur estime en outre avoir fait une concession à l'actrice: "Prévue à l'origine avec l'acteur Salim Kechiouche, elle a été longuement répétée par Ophélie six mois avant la date où elle a été effectivement tournée. Si Ophélie avait exprimé le moindre gêne et qu'elle ne souhaitait plus y participer, elle avait largement le temps d'y réfléchir et de me le signifier. La seule chose qu'elle ait revendiquée avant, était de pouvoir interpréter cette scène avec un autre acteur, Roméo de Lacour, dont elle était tombée amoureuse entre temps".

Ce n'est pas la première fois que le cinéaste de 58 ans fait l'objet de polémiques. Pour "La vie d'Adèle", Léa Seydoux avait notamment dénoncé des conditions de tournage "horribles", tandis qu'Adèle Exarchopoulos, alors âgée de 19 ans, avait parlé de "dix journées entières à tourner" la très longue scène de sexe du film.

Déterminé à "éclaircir une situation alarmante et nuisible", Abdelatif Kechiche dénonce enfin une "conspiration contre (lui)" dont le Syndicat des agents artistiques français", présidé par Elisabeth Tanner, est "le principal instigateur".

Une accusation fermement rejetée par l'intéressée. "Nous n'avons fait aucune déclaration publique à propos ou à l'encontre du film ou des conditions de tournage. Il est donc particulièrement surprenant de vous voir prétendre aujourd'hui à un complot, une conspiration."

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