Tour de France : Bernal le vainqueur, Alaphilippe le héros

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Par Jean MONTOIS - Paris (AFP)
Publié le 28 juillet 2019 - 23:49
Mis à jour le 29 juillet 2019 - 00:46
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Le Colombien Egan Bernal vainqueur du Tour de France le 28 juillet 2019 devant le Britannique Geraint Thomas (g) et lel Néerlandais Steven Kruijswijk
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© Marco Bertorello / AFP
Le Colombien Egan Bernal vainqueur du Tour de France le 28 juillet 2019 devant le Britannique Geraint Thomas (g) et lel Néerlandais Steven Kruijswijk
© Marco Bertorello / AFP

Egan Bernal, premier Colombien et plus jeune lauréat de l'après-guerre, pour vainqueur, le Français Julian Alaphilippe pour héros: le Tour de France, qui s'est conclu dimanche soir par le succès au sprint de l'Australien Caleb Ewan, a vécu une édition renversante qui a bousculé les codes.

- L'émergence d'un grand grimpeur colombien -

Chris Froome, quadruple vainqueur de l'épreuve, a salué la victoire de son cadet et coéquipier: "La question n'était pas de savoir s'il allait porter le maillot jaune mais quand il le ferait." Tant le destin d'Egan Bernal, surdoué venu des hauteurs des Andes, était tracé depuis le Tour de l'Avenir 2017 et son transfert, après un passage par l'Italie, dans l'équipe la mieux armée.

A 22 ans et six mois, il est le premier Colombien (et aussi sud-américain) à gagner le Tour. Il donne un coup d'accélérateur phénoménal pour le cyclisme dans le pays d'Amérique du Sud qui vibre pour les siens, au rythme échevelé des radio-reporters, depuis trente-six ans et leur première apparition collective dans le Tour. Il est aussi et surtout le plus jeune vainqueur de l'après-guerre.

Est-ce pour autant le début d'une nouvelle ère ? "On n'en sait rien. Ce qui est sûr, c'est qu'il est surdoué et qu'il est très jeune", répond le directeur du Tour Christian Prudhomme. A raison: depuis quarante ans, les plus jeunes lauréats ont gagné l'épreuve une autre fois (Laurent Fignon, Alberto Contador)... ou pas (Jan Ullrich, Andy Schleck).

"C'est comme une drogue. Une fois que tu gagnes, tu penses au Tour suivant", a dit Bernal. Mais le Colombien, qui s'est brièvement exprimé en quatre langues sur le podium final, est conscient d'avoir été avantagé par le parcours 2019 en raison de sa facilité en très haute altitude. Il a fait la différence dans les deux cols les plus hauts (Galibier, Iseran).

Même dans sa propre équipe Ineos (anciennement Sky), dont l'effectif comptera probablement l'an prochain une pléthore de leaders potentiels (Bernal, Froome, Thomas, Carapaz), il n'est pas assuré d'être le numéro un. Le Tour 2020, c'est une certitude, ira moins haut. Mais, pour connaître le parcours, il faudra attendre le 15 octobre.

- La même équipe victorieuse -

Depuis 2012, la plus riche et la plus puissante équipe du peloton n'a laissé échapper qu'une seule fois la victoire (en 2014). Elle a poursuivi sa série, même sans aligner son "number one", Chris Froome, victime cette année d'une grave chute à la mi-juin.

"On ne peut pas faire mieux que premier et deuxième", note le patron de l'équipe, Dave Brailsford, à propos du doublé réalisé par Egan Bernal et le Gallois Geraint Thomas (2e à 1 min 11 sec), le vainqueur 2018. Mais, à l'évidence, la concurrence s'est rapprochée. Pour gagner, l'équipe britannique a dû changer de stratégie. Et tenir compte du rendement moindre de plusieurs de ses cadres (Kwiatkowski, Moscon).

Concentrée sur le seul maillot jaune (aucun succès d'étape), elle évite la dispersion qui guette ses rivales. Notamment, Jumbo, qui place sur le podium, pour la première fois, le Néerlandais Steven Kruijswijk (3e) et se félicite de ses quatre succès d'étape.

Même si le Néelandais Dylan Groenewegen a échoué de peu, dimanche, face à Ewan -trois étapes pour l'Australien- sur les Champs-Elysées, où Peter Sagan a ramené son septième maillot vert du classement par points (un record que le Slovaque détient seul désormais) et Romain Bardet son premier maillot à pois de meilleur grimpeur. Un lot de consolation pour le Français, désormais à un tournant de sa carrière.

- Alaphilippe pour symbole -

Flamberge au vent, tel un moderne Mousquetaire au bouc finement taillé, Julian Alaphilippe symbolise finalement ce Tour dont il a porté quatorze jours durant le maillot jaune.

"C'est lui qui a allumé la mèche", relève Prudhomme, séduit par l'audace et la simplicité du numéro un mondial. "Il a changé la course", affirmait Brailsford avant les Alpes.

Le Français, cinquième finalement après avoir flanché dans les deux dernières étapes de montagne, avoue finir "au bout du rouleau". Qu'importe, il a "vécu une expérience inoubliable" durant trois semaines dingues qui vont marquer sa carrière et le public.

La marque de cette 106e édition longue de 3365 kilomètres ? L'imprévu, les rebondissements mais surtout la ferveur et l'enthousiasme partagés au bord des routes, l'espérance du public français de voir l'un des siens gagner jusqu'à l'abandon-surprise de Thibaut Pinot à trois jours de la fin.

C'était "le Tour le plus beau" de ces dernières années pour Christian Prudhomme, "le plus excitant" pour Dave Brailsford.

Emmanuel Macron, qui était venu dans les Pyrénées, a lui aussi apprécié. "Merci aux Français qui ont marqué cette incroyable édition de nos couleurs", a réagi dimanche soir le président de la République. "Félicitations au Colombien Egan Bernal qui l’emporte. À l’année prochaine sur le Tour !"

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