"Tout sauf Aliot", vers un nouveau front républicain à Perpignan ?

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Par Alexandre PEYRILLE - Perpignan (AFP)
Publié le 23 février 2020 - 08:57
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Le candidat du RN Louis Aliot lors d'un meeting de campagne, le 31 janvier 2020 à Perpignan
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© RAYMOND ROIG / AFP/Archives
Le candidat du RN Louis Aliot lors d'un meeting de campagne, le 31 janvier 2020 à Perpignan
© RAYMOND ROIG / AFP/Archives

Front républicain contre Front national, la recette a souvent fonctionné, et face à l'ascension du RN à Perpignan, les opposants à Louis Aliot rivalisent pour porter l'étendard d'un rassemblement contre l'extrême droite.

En 2014, le maire sortant LR Jean-Marc Pujol avait battu Louis Aliot, lors d'un duel au second tour (55-45%), grâce au désistement du candidat PS. Cette année, "ça paraît nettement plus difficile", observe l'historien Nicolas Lebourg.

"On a vu lors de la présidentielle que le tir de barrage anti-FN reste puissant à Perpignan", note-t-il, mais si l'opposition à Marine Le Pen est "forte", "elle est moindre contre Aliot, il s'est créé une image plus soft. Ce n'est pas gagné d'avance, mais il y a une vraie possibilité" qu'il soit élu maire de Perpignan.

Derrière Aliot, les candidats se bousculent, en s'érigeant en grands rassembleurs pour défaire le candidat d'extrême droite.

Dans cette ville de 120.000 habitants affichant 25% de taux de chômage, le dernier sondage (Ipsos, début février) situe Aliot à environ 30% au soir du 1er tour, devant un tiercé, voire un quartet, mené par Jean-Marc Pujol, maire LR depuis 2009.

Avec un maigre score pour un maire sortant (19%), Pujol devance la candidate EELV Agnès Langevine et vice-présidente du Conseil régional (15%), le député En Marche Romain Grau (13%) et Caroline Forgues, une ingénieure à la tête d'une liste citoyenne soutenue par la France insoumise, le PCF et le NPA (10%).

- "Match mortifère" -

Et Jean-Marc Pujol semble le moins enclin à se désister au second tour: "J'ai déjà battu Aliot et je peux le refaire". "Je prendrai mes responsabilités au soir du 1er tour", martèle-t-il. Ce qui ne veut pas dire qu'il se retirera si Mme Langevine ou M. Grau arrive en 2e position à l'issue du premier tour.

Selon la candidate écologiste, le maire sortant est "trop affaibli" et n'est pas en mesure de faire barrage à l'extrême droite une deuxième fois. "Je suis la surprise, dit-elle, l'espoir de sortir de ce match mortifère entre Aliot et Pujol, pour donner un nouveau souffle à Perpignan, nous sommes l'alternative."

Si le front républicain a fonctionné en 2014, après le désistement du candidat PS Jacques Cresta au profit de M. Pujol, il a causé des dégâts dans les rangs de la gauche. "Quand on se désiste, on disparaît", constate amèrement Agnès Langevine.

Romain Grau, camarade de promotion d'Emmanuel Macron à l'ENA, estime pour sa part être "idéalement placé au centre de l'échiquier politique", pour conduire le front républicain le 22 mars.

Jean-Paul Alduy, maire de Perpignan de 1993 à 2009, qui a cédé son fauteuil de maire à Pujol, soutient désormais le candidat En Marche, et se sent "floué" par celui qu'il a pourtant installé à la mairie de Perpignan. "Il y a aujourd'hui un rejet très fort de Jean-Marc Pujol".

- "situation critique" -

"Plus il y aura de liste, plus ce sera à l'avantage d'Aliot. Nous sommes dans une situation critique", alerte-t-il.

"Très clairement, le report de voix fonctionne mieux quand la gauche se désiste pour la droite. Si la droite se désiste, l'électorat Pujol préfèrera voter Aliot que pour Langevine", estime l'historien Nicolas Lebourg.

Pendant ce temps, Louis Aliot observe la course pour la 2e place et assure que la volonté de "dégagisme" le servira. "Beaucoup ne se feront plus prendre au piège du front républicain, assure-t-il. Ca fait 30 ans que la gauche et la droite se font la courte échelle, je crains qu'on arrive au bout de la logique".

Plus consensuel et modéré dans ses propos, Aliot cherche à éviter une surmobilisation contre lui, qui l'avait privé de la mairie en 2014. La campagne se déroule sans heurts et Louis Aliot n'a pas jusqu'ici été malmené par ses adversaires, dans cette ville ancrée à droite depuis 1959.

"Le plafond de verre (réputé freiner la montée du FN, ndlr)? Il n'existe plus depuis 2017", se gargarise celui qui a été élu député dans les Pyrénées-Orientales lors des législatives ayant suivi la présidentielle.

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