"Tueur de la gare de Perpignan" : il avait menacé de "m'asperger d'acide"

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Par Rémy ZAKA - Perpignan (AFP)
Publié le 07 mars 2018 - 19:03
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Il avait menacé de "m'asperger d'acide": une compagne de Jacques Rançon a témoigné de la violence de l'accusé, surnommé "le tueur de la gare de Perpignan", au troisième jour de son procès mercredi devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales.

Originaire de Picardie, cet ancien cariste-magasinier de bientôt 58 ans, est jugé pour avoir violé, tué et mutilé deux femmes en 1997 et 1998. Il lui est aussi reproché d'avoir tenté de violer une autre femme et d'en avoir laissé une quatrième pour morte.

L'histoire avec Carole a eu lieu entre 1987 et 1991. Au début, c'était une romance comme une autre. "Il était gentil avec tout le monde", a témoigné la quinquagénaire.

Sur le plan sexuel, tout allait aussi très bien: "Il n'avait pas d'exigences et si je refusais, il n'insistait pas".

Tout a changé quand elle est tombée enceinte. Il est devenu violent. Pour quelle raison ? "Je ne sais pas. Il a voulu me faire passer par la fenêtre. C'était des crises et ça passait".

Au fil du temps, la situation a empiré. Coups de poing au visage.... Jusqu'à la rupture très dure : "Rançon m'avait promis, s'il m'attrapait, de m'accrocher à un arbre et de m'asperger d'acide quand on s'est quittés".

"Je l'appelle Rançon car il ne mérite pas que je l'appelle Jacques. Je regrette cette partie de ma vie". "Ce qu'il a fait est ignoble", a ajouté cette femme au physique élancé, brune, cheveux frisés, à l'apparence finalement assez proche des victimes.

"A-t-il fait aux deux victimes ce qu'il n'a pas pu vous faire ?", lui a demandé Me Philippe Capsié, pour les parties civiles. "Il faut qu'il meure en prison", a-t-elle simplement lâché en larmes.

Une autre compagne témoigne. Il avait 20 ans, elle 16. C'était la première fois que Rançon se mettait en couple, l'époque où il avait découvert la sexualité.

- "Ni remords ni angoisse" -

"Il était normal, assez doux, pas sauvage (...). Il voulait m'épouser", s'est souvenue Chantal, 53 ans, tombée enceinte mais qui avait perdu l'enfant.

Cette belle histoire, dont il a dit "ne plus beaucoup" se souvenir, s'était elle aussi terminée dans la violence: "Il m'a poussée contre un buffet".

"Pourquoi ce premier acte de violence?", a demandé le président Régis Cayrol à l'accusé: "Je ne sais pas", a répondu Rançon.

"Il n'aimait pas qu'on lui dise non. Il ne fallait pas lui dire non", a repris Chantal, se souvenant que Rançon "n'avait pas du tout apprécié" la rupture: "Il m'avait harcelée, il était allé chez ma sœur, pareil chez mon frère".

De son côté, Marie-Claude raconte les sorties de Rançon au cours desquelles "il allait voler de l'argent chez les gens". Elle a vécu six mois avec l'accusé dont elle a eu un enfant qu'il n'a jamais reconnu. Jusqu'à la rupture, quand il lui lâche: "j'ai fait une grosse bêtise". C'était juillet 1992. Quelques jours plus tard, Marie-Claude découvrait dans le journal qu'il avait violé une femme. Il sera condamné à huit ans d'emprisonnement pour ce crime.

Violent, oui. Dissimulateur, aussi. Alain, un collègue de travail, était devenu son ami en 1998, en pleine période des crimes. Ensemble, ils étaient sortis, avaient "bu des coups", "passé des soirées". Mais Alain ne s'était aperçu de rien. "J'en suis resté baba", a-t-il lâché à propos de l'interpellation de son copain.

Pour les parties civiles, Me Étienne Nicolau de s'étonner: "Vous venez d'entendre votre ami à l'époque où vous avez commis les crimes. Vous le voyez en journée. Le soir vous tuez, vous coupez les seins, les organes génitaux. Et le lendemain vous êtes normal?"

"Oui. J'étais normal. Ça restait caché", a répondu Rançon. "Vous n'avez ni remords ni angoisse ?", a insisté l'avocat. "Non !", a rétorqué l'accusé qui a nié les violences sur Carole: "Tout est mensonge".

Seul moment d'humanité, ce fut ensuite face à son fils de 30 ans. "Je te demande pardon d'avoir été un si mauvais père. Je pense qu'on ne se reverra jamais. Donc je te dis adieu".

Le verdict est attendu le 26 mars.

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