Un déconfinement parfois redouté dans les îles de Guadeloupe sans virus

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Par Cécile REMUSAT - Pointe-à-Pitre (AFP)
Publié le 02 mai 2020 - 10:00
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La plage des Salines, déserte, le 20 mars 2020 au Gosier, en Guadeloupe, pendant le confinement
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© Cedrick Isham CALVADOS / AFP/Archives
La plage des Salines, déserte, le 20 mars 2020 au Gosier, en Guadeloupe, pendant le confinement
© Cedrick Isham CALVADOS / AFP/Archives

"Si on est déconfiné, les gens vont circuler, venir du continent. Et ça, ça fait peur". Pour Marine Gueho, habitante de Terre-de-Haut, dans l'archipel des Saintes, île sans Covid-19 dépendant de la Guadeloupe, le déconfinement "ce n’est pas plus un soulagement que ça".

Même inquiétude à la Désirade, une autre île du Sud de la Guadeloupe qui compte également quelque 1.500 habitants, de Joëlle Hildebert, maître nageur et maman d'un petit garçon de 5 ans: "le déconfinement, j’appréhende parce que nous n'avons pas de cas (de coronavirus) chez nous, mais pour le collège, tous les enseignants viennent de la Guadeloupe".

Joëlle reconnaît qu’après plus de six semaines de confinement, et toujours aucun cas sur son île, elle se sentait jusque-là "plus relaxe" dans son île.

"Sans prendre ma cocotte et mes dombrés (plat local antillais), pour un pique-nique, je rêverais juste de prendre un bain, (...) Là on rouvre les magasins mais on ne nous permet pas d’aller ne serait-ce qu’à la plage", regrette-t-elle.

La Désirade et l’archipel des Saintes (Terre-de-Bas et Terre-de-Haut), dépendances de la Guadeloupe, n’ont aucun cas confirmé de Covid-19, mais sont soumises aux mêmes règles de confinement que le reste du pays. La Guadeloupe recense elle 152 cas et 11 décès.

Les rotations maritimes pour se rendre de la Guadeloupe dans les deux îles ont été largement réduites, avec seulement deux rotations par semaine contre habituellement plusieurs bateaux par jour qui débarquent des flots de touristes en cette période.

Conséquence de cette absence de cas, un certain relâchement du confinement: "Sur une petite île comme ça, vous vous sentez seul au monde. Alors, la promenade à un kilomètre ce n’est pas du tout respecté", reconnaît Cédric Dulorme, boulanger et entrepreneur aux multiples casquettes à la Désirade.

Pour lutter contre le Covid-19, "le côté petit, ça aide parfois", sourit-il: "On a des gens qui vivent en Guadeloupe ou en métropole et qui viennent se cacher sur le territoire. On avait peur qu’ils ramènent le Covid alors quand ils sortaient. On les rappelait à l’ordre et ils ont dû rester 14 jours chez eux !", des règles de quarantaine stricte mises en place pour tous les arrivants en outre-mer.

- Dauphins, baleines et cabris -

Cédric se souvient qu’à Pâques, fête religieuse très suivie aux Antilles, "des gens avaient fait la fête sur la montagne, mais pas de pot, la gendarmerie était au courant et ils sont montés" les chercher (l’île compte 4 gendarmes, ndlr).

"Il faut rester chez soi alors qu’on est sur un caillou", résume Edouard Colet, directeur de cabinet de Terre-de-Bas (1.180 habitants). Pour faciliter les démarches d’une population âgée et isolée, des attestations de déplacement dérogatoire "en libre service" ont été mises à disposition par la mairie sur le carbet de l’église, explique-t-il.

Sur l’île soeur, Terre-de-Haut, beaucoup plus touristique, "on se croirait au mois de septembre: il y a très peu de mouvement, les dauphins et les baleines sont revenus, les cabris prennent complètement possession de l’île alors que d’habitude à cette période –de janvier à avril- ce sont les plus gros mois, c’est blindé de monde tout le temps !", raconte Marine Guého, qui a dû suspendre l’activité de son bar sur le port.

Pour elle qui vit avec ses six colocataires, le confinement "ce n’est pas compliqué, on a le soleil tous les jours, un jardin immense, un manguier qui a donné en avance", mais "l’avenir du bar c’est le plus dur. La saison est morte, on a peur de devoir vendre quand ce sera passé".

"L’après" se prépare aussi au sein des municipalités, notamment pour le retour à l’école: la mairie de Terre-de-Bas organise une grande réunion début mai avec les acteurs scolaires car les parents sont "partagés". Pour Joëlle, la jeune maman de la Désirade, le choix est déjà fait: son fils "restera à la maison".

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