Un onzième parc national dans les forêts de feuillus de Champagne et Bourgogne

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Par Olivier DEVOS - Dijon (AFP)
Publié le 02 novembre 2019 - 10:30
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Vue du futur parc national de Champagne et Bourgogne, le 23 mai 2017 près de Châtillon-sur-Seine
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP
Vue du futur parc national de Champagne et Bourgogne, le 23 mai 2017 près de Châtillon-sur-Seine
© PHILIPPE DESMAZES / AFP

Aux confins de la Bourgogne et de la Champagne, le onzième parc national français va voir le jour: consacré aux forêts de feuillus de plaine, sa création doit être officialisée la semaine prochaine, marquant l'aboutissement d'une gestation de dix ans.

"Ce territoire est à la fois très représentatif de la campagne et de la forêt françaises" et il est exceptionnel car "80% des arbres étaient déjà là à la Révolution", résume Hervé Parmentier, directeur du Groupement d'intérêt public (GIP) chargé de mettre en place le parc.

Évoqué dès 2007 au Grenelle de l'environnement, le projet est lancé en 2009 par François Fillon, alors Premier ministre, qui dévoile le site retenu: ce sera le plateau de Langres, à cheval entre la Haute-Marne et la Côte-d'Or, et ses hêtres et ses chênes plus que centenaires.

Comme le parc national des calanques, créé en 2012 aux portes de Marseille, ce sera un parc "nouvelle génération". Depuis une loi de 2006, une plus grande place y est accordée aux acteurs locaux "dans la création du parc, le développement économique, la gouvernance", fait valoir M. Parmentier.

Car au-delà des espèces rares qu'il abrite comme le sabot de vénus - une orchidée -, le narcisse des poètes, le chat sauvage ou encore la cigogne noire, ce territoire a aussi été façonné, depuis l'Âge de fer, par la présence humaine.

Berceau des Templiers et d'ordres monastiques comme les Cisterciens, la région fut aussi marquée par la métallurgie au XIXe siècle. Des abbayes, d'anciennes forges et de nombreux vestiges archéologiques font partie du patrimoine protégé.

Son périmètre maximal de plus de 250.000 hectares recouvre 127 communes, peuplées de 28.000 habitants. "On a cherché le point d'équilibre" entre protection environnementale et activités humaines, qui continueront d'être pratiquées mais seront encadrées, explique le directeur du GIP.

Il a ainsi fallu convaincre les chasseurs, les exploitants forestiers ou encore les agriculteurs, qui aiment à rappeler que, depuis longtemps déjà, ils prennent soin de ce territoire. Les discussions ont parfois été âpres.

"Les agriculteurs ont eu l'impression de ne pas avoir été écoutés", lance Thierry Ronot, éleveur laitier à Lucey et représentant local du syndicat agricole FNSEA, se faisant l'écho des craintes d'une profession déjà en crise.

- Doper le tourisme -

Il souligne notamment que certaines exploitations possédant des terres en "coeur de parc", zone davantage réglementée de plus de 56.000 hectares, subiront des contraintes supplémentaires sans compensation financière. "Aujourd'hui le parc va se faire; on va essayer de travailler avec".

Les exploitants forestiers, de leur côté, s'inquiètent d'une perte qu'ils estiment entre 20 à 25% du volume de bois exploitable dans les forêts domaniales, notamment dans les 3.100 hectares de la "réserve intégrale", où la protection est la plus forte.

Concession aux opposants, le GIP a accepté de réduire la superficie du coeur de parc, pour n'y conserver que les zones ayant "un intérêt fort en termes de protection et un intérêt patrimonial", répond Hervé Parmentier. Et le parc sanctuarisera les bonnes pratiques existantes plutôt que d'imposer ses méthodes.

Le coeur et la réserve intégrale seront définis par décret. Les communes disposeront de quatre mois pour adhérer - ou non - au parc, qui génèrera 30 emplois directs et disposera d'un budget de 3 à 3,5 millions d'euros.

Les habitants sont, pour la plupart, "dans les starting-blocks", affirme le directeur du GIP. Les trois quarts des communes ont, selon lui, fait part de projets liés au parc, qui peut apporter une réponse "aux problèmes économiques du territoire", notamment en dopant le tourisme, dit-il. Objectif: passer de 30.000 à au moins 100.000 visiteurs annuels en deux à trois ans.

Pour y parvenir, il faudra créer des infrastructures, "notamment des hébergements", prévient Philippe Gillot, directeur de l'office de tourisme du pays de Langres.

Les professionnels du secteur espèrent que le parc signera "la reconnaissance de la qualité de ce territoire", une sorte de "label" pour son tourisme vert, ajoute M. Gillot. Avec un atout de taille: celui d'être le parc national le plus proche de la région parisienne.

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