Ungaro, "un obsédé sensuel" au style haut en couleurs

Auteur(s)
Par Dominique SCHROEDER - Paris (AFP)
Publié le 22 décembre 2019 - 17:36
Mis à jour le 23 décembre 2019 - 11:47
Image
Le couturier français d'origine italienne Emanuel Ungaro fait les dernières vérifications avant de présenter sa collection printemps/été le 18 janvier 1999 à Paris
Crédits
© Frederick FLORIN / AFP/Archives
Le couturier français d'origine italienne Emanuel Ungaro fait les dernières vérifications avant de présenter sa collection printemps/été le 18 janvier 1999 à Paris
© Frederick FLORIN / AFP/Archives

Le couturier français d'origine italienne Emanuel Ungaro, décédé à Paris à l'âge de 86 ans, avait fait ses classes auprès de Balenciaga avant d'ouvrir sa propre maison de couture à Paris en 1965, se définissant lui-même comme "un obsédé sensuel" au style haut en couleurs.

"Il ne faut pas porter une robe, il faut l'habiter", déclarait cet homme qui considérait son travail comme un artisanat et avait quitté le monde de la mode en 2004.

Chez Ungaro, "la sensualité est partout", écrit son amie l'écrivain Christine Orban dans une courte biographie qu'elle lui a consacrée. "Un simple pull, par la douceur de sa matière, appelle une caresse; une robe est taillée pour bouger, accompagner le corps dans ses déplacements, montrer et dissimuler: parce qu'il aime les femmes, Emanuel connaît les limites de la tolérance masculine, il créera un vêtement trop beau pour être arraché, mais assez malin pour suggérer de l'ôter avec tendresse".

Deuxième d'une famille immigrée italienne de six enfants, Emanuel Ungaro, né le 13 février 1933, aurait pu se contenter de suivre les traces de son père, tailleur à Aix-en-Provence. Le jeune homme brun débordant d'énergie s'initie à la couture auprès de lui mais quitte rapidement sa ville natale pour Paris.

Il débarque dans la capitale en 1956, à peine âgé de 23 ans. C'est là qu'il rencontre le seul maître qu'il se reconnaisse: le couturier espagnol Cristobal Balenciaga qui pratique la couture comme une éthique, construit ses vêtements avec l'exigence d'un architecte en quête de lignes toujours plus épurées.

Emanuel Ungaro dira plus tard avoir appris l'essentiel auprès de son père et de Balenciaga.

- Un empire -

Il travaille six ans chez le couturier espagnol, passe un an chez Courrèges et se lance: en 1965, assisté de quelques ouvrières, il ouvre sa propre maison avenue Mac-Mahon, dans le XVIIe arrondissement de Paris.

Bourreau de travail, il crée avec acharnement, superposant les matières, les imprimés parfois dissonnants, drapant la soie aux couleurs vives directement sur les mannequins. Ses mélanges de fleurs et de pois, de rayures et de carreaux, de coloris souvent vifs ouvrent de nouveaux horizons à la haute couture.

Le premier, Emanuel Ungaro pose sur un pantalon une longue robe-tunique, puis une robe-chasuble, puis un manteau-gilet, sans cependant alourdir la silhouette. Car les matières sont fluides et la robe doit n'être qu'un faire-valoir du corps d'une femme libre de ses mouvements.

Son style séduit les élégantes fortunées et des actrices comme son amie Anouk Aimée. Il habille aussi des actrices à l'écran, notamment Gena Rowlands, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani.

En 1968, parallèlement à la haute couture, Emanuel Ungaro se lance dans le prêt-à-porter, avec une ligne pour femme, suivie quelques années plus tard d'une ligne masculine.

Au fil des ans, il bâtit un empire, s'intéressant aux parfums, chaussures, lunettes... avant que sa maison ne soit achetée en 1996 par la famille Ferragamo.

A partir de 2001, Emanuel Ungaro, marié et père d'une fille, commence à prendre ses distances avec la mode, abandonnant à son principal collaborateur, Giambattista Valli, la direction artistique du prêt-à-porter et des accessoires.

Même si lui-même continue à créer des collections pendant encore quelques années, il se retire du monde de la haute couture en 2004, estimant qu'elle ne correspond plus "à l'attente des femmes d'aujourd'hui".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.