Université : un diplôme qui permet aux étudiants perdus de trouver leur voie

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Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 08 février 2018 - 11:40
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Il y a un an, après avoir commencé des études de médecine et bifurqué en chimie-bio, Omaima se sentait "perdue". C'était avant d'intégrer un programme pilote d'une université parisienne qui permet aux décrocheurs de se réorienter ou à des bacheliers de trouver leur voie.

Ce programme disponible uniquement à l'université Paris-Descartes a été créé en 2015 avec pour objectif de lutter contre le décrochage. Baptisé Paréo (Passeport pour réussir et s'orienter), il permet à des jeunes, pendant une année de transition entre le lycée et la fac, de réfléchir à ce qu'ils ont vraiment envie de faire et de prendre le temps de construire un projet.

"Ce diplôme universitaire vise des étudiants qui ne savent pas comment s'orienter, n'ont pas le niveau dans la filière choisie ou bien se sont trompés de cursus", résume Marion Petipré, la coordinatrice du programme.

Pour être intégrés, ils doivent avoir envie de trouver leur voie. "La motivation est le principal critère", dit-elle.

Alors qu'il s'adressait au départ aux seuls décrocheurs de la fac, le programme a depuis été ouvert à tous les bacheliers, via la plateforme d'admission post-bac APB, devenue cette année Parcoursup.

L'an dernier, il a reçu près de 900 candidatures de bacheliers, pour 125 places.

Pendant un an, les jeunes admis enchaînent des ateliers dédiés à l'orientation, des cours d'anglais, d'informatique et choisissent entre un parcours scientifique et un autre "sciences de la société", avec des matières comme l'ethnologie, la sociologie ou le droit, des disciplines enseignées à la fac mais jamais au lycée.

"Le fil rouge reste l'orientation, avec plusieurs périodes d'immersion dans les entreprises de leur choix", explique Marion Petipré.

Pour Omaima, ce stage a été déterminant. "J'avais compris que ce que je voulais était me rendre utile, j'ai donc passé deux semaines dans un collège comme assistante d'un professeur", raconte-t-elle. Aujourd'hui, elle veut devenir enseignante. En mars, elle prévoit encore "deux-trois semaines de stage dans un lycée pour être sûre à 100%".

"Cette formation aide vraiment les jeunes à comprendre ce qu'ils ont envie de faire", se félicite-t-elle.

- 'Je ne pensais qu'au bac' -

Une aide à l'orientation qui ferait défaut au lycée, à en croire de nombreux jeunes. "En terminale, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire", témoigne ainsi Noémie, 19 ans. "Je ne pensais qu'au bac, pas du tout à mon avenir".

L'an dernier, au moment d'entrer ses vœux sur la plateforme APB, elle suit l'avis de ses parents, qui la poussent à faire une école de commerce. Sans conviction.

Finalement, elle est refusée partout, sauf au diplôme de Paréo, dont elle avait entendu parler sans trop savoir de quoi il s'agissait. Une chance pour l'étudiante: "Je me suis rendue compte que j'aimais voyager et dialoguer avec des clients. Aujourd'hui, je sais que je veux travailler dans l’hôtellerie".

En présentant sa réforme d'accès à l'université, actuellement en discussion au Sénat, le gouvernement a promis de renforcer l'orientation dès le lycée.

Et pour lutter contre l'échec en licence (d'environ 60% en moyenne), il a jugé "impératif de renforcer l'accompagnement" et de "construire des parcours sur mesure", avec des licences pouvant s'étaler sur quatre ans, ou parfois des obligations de remises à niveau.

"Il faudrait que davantage de dispositifs comme Paréo puissent se créer en France", estime Frédéric Dardel, président de l'université Paris-Descartes, qui reconnaît cependant que ce programme "a un coût".

Pour les étudiants, les frais d'inscription sont identiques à ceux d'une inscription en licence (164 euros).

Ceux ayant obtenu de bonnes notes pendant cette année de transition pourront ensuite se voir ouvrir les portes de filières qui attirent plus de monde qu'elles n'ont de places à Paris-Descartes, en particulier les métiers du sport (Staps). D'autres poursuivront dans des licences, en DUT, BTS, ou entreront directement sur le marché du travail.

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