Vendanges à Bordeaux : qualité mais quantité réduite par la grêle et le mildiou

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Par Alexandra LESIEUR - Bordeaux (AFP)
Publié le 15 septembre 2018 - 09:44
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Un viticulteur à Léognan traite ses vignes contre le mildiou le 11 août 2018
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© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives
Un viticulteur à Léognan traite ses vignes contre le mildiou le 11 août 2018
© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives

Journées ensoleillées et nuits fraîches: les vendanges pour les vins rouges débutent ces jours-ci dans de bonnes conditions en région bordelaise avec la qualité au rendez-vous mais des rendements plus faibles qu'escomptés, et certains domaines ont presque tout perdu après les attaques de mildiou et les orages de grêle.

"La récolte est inférieure à la normale mais moins catastrophique que prévu. Il y a un beau potentiel", constate la Chambre d'agriculture de la Gironde.

"C'est une année compliquée par rapport au mildiou virulent et aux calamités climatiques. Le temps sec du mois d'août et début septembre ont permis d'assainir la situation sanitaire et globalement de permettre une maturité du raisin", développe-t-elle.

Après une très petite récolte l'année dernière due au gel (-40%), les vendanges 2018 s'annonçaient prometteuses jusqu'au printemps mais les orages de grêle en mai et juillet ont touché 10.000 hectares sur un total de 114.000, localisés dans le Médoc, les Graves, le Sauternais, l’Entre-Deux-Mers et plus particulièrement Blaye et Bourg.

Le mildiou, lui, a fait beaucoup plus de ravages car toutes les appellations ont été concernées, jusqu'au bassin méditerranéen. Du jamais vu depuis 50 ans de mémoire de viticulteurs bordelais.

Cette moisissure, due aux fortes pluies du printemps et du début de l'été, a nécessité des traitements plus nombreux que d'habitude. "La pression du mildiou jusqu'à mi-juillet a été exceptionnelle, c'est la conjonction de précipitations et de températures douces à élevées qui a donné cette virulence", explique le consultant viti-vinicole David Pernet.

Pour les secteurs épargnés et où la situation sanitaire a été maîtrisée, un "très bon millésime" est attendu avec des volumes légèrement supérieurs à la moyenne, selon cet ingénieur agronome.

- Des rouges colorés et structurés -

Mais pour les vignobles qui ont été touchés par le mildiou, les rendements seront inférieurs, sans aucune incidence cependant sur la qualité. Aujourd'hui, les pertes restent difficiles à estimer si ce n'est que les châteaux en agriculture biologique et en biodynamie ont particulièrement souffert. Leurs vignes sont plus difficiles à protéger, les traitements étant lessivés par les pluies.

"Sur une palette d'une quinzaine de vignerons en bio que nous suivons, ils ont perdu près de 10 à 70% de leur récolte en raison du mildiou. Pour la trentaine de conventionnels, cela va de 0 à 20% de perte", constate David Pernet, également gérant d'une structure de conseil Sovivins.

La sécheresse cet été a cependant permis de limiter le développement du mildiou sur le feuillage et a favorisé la concentration ainsi que la maturation des tannins. "On pouvait difficilement espérer mieux", se réjouit-il, précisant que le beau temps prévu la semaine prochaine laisse présager "un niveau de maturité intéressant".

Ce millésime s'annonce "digne des plus grands", selon certains professionnels. "Qualitativement, ça se présente très bien. Les baies sont plutôt petites et très concentrées avec plus de tannins et d’anthocyanes (un pigment naturel). On va avoir des vins très colorés et structurés, une acidité correcte mais pas élevée", note Philippe Hébrard, directeur des caves de Rauzan dans l'Entre-deux-mers.

Les vins rouges s'annoncent même meilleurs que les blancs, qualifiés d'aromatiques et équilibrés. Leur récolte, débutée le 22 août, s'achèvent cette semaine avec du volume et de la qualité au rendez-vous.

Seules craintes pour les vendanges en rouge: la météo avec la menace de foyers de botrytis, un champignon qui provoque une pourriture grise, limités à certains secteurs comme l'Entre-deux-mers.

"On s'oriente vers un très bon millésime mais tout n'est pas encore gagné, prévient M. Hébrard, à la tête d'une coopérative qui regroupe 300 viticulteurs. L'humidité, le brouillard et la rosée du matin sont propices au développement du botrytis et on commence à avoir des parcelles qui sont marquées".

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