A Vénissieux, assister à la démolition d'une barre comme "on va au décès d'un ami"

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Par AFP - Vénissieux
Publié le 02 avril 2021 - 20:17
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La démolition de l'immeuble Monmousseau d'ICF Habitat (Immobilier Chemin de Fer) aux Minguettes, à Venissieux, près de Lyon, le 2 avril 2021.
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP
La démolition de l'immeuble Monmousseau d'ICF Habitat (Immobilier Chemin de Fer) aux Minguettes, à Venissieux, près de Lyon, le 2 avril 2021.
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"C'est comme si on perdait un membre de notre famille" : la nostalgie était palpable vendredi sur le plateau des Minguettes à Vénissieux, près de Lyon, où la barre emblématique "Monmousseau" a été dynamitée lors d'une opération de rénovation urbaine.

Dans une détonation assourdissante, à 10H30 précises, cet ensemble de 187 appartements, datant des années 60, s'est affaissé en quelques secondes, avant de disparaître dans un panache de fumée blanche. Quelques timides applaudissements ont été entendus.

"J'ai pleuré, ma femme et ma fille qui m'accompagnaient, tout le monde a pleuré (...) C'est 50 ans qui sont partis d'un seul trait", confie avec émotion Jean Bernard, 80 ans, parmi les premiers s'être installé dans le bâtiment flambant neuf en 1967.

L'ancien cheminot est venu assister à la démolition, comme une centaine d'autres habitants du quartier, juste à l'extérieur du périmètre de sécurité, près de l'Hôtel de Ville.

"J'avais une vue tous les matins sur le Mont Blanc, c'était féérique. Avec mes deux filles, on s'amusait aussi à regarder les avions décoller de(s aéroports de) Bron ou de Satolas (...) On était heureux", se souvient encore l'ancien locataire du 12e étage.

De ses anciens voisins, il parle de "gens très biens" mus par "un esprit de famille". Ce vendredi, il s'est déplacé "comme on va au décès d'un ami", confie l'octogénaire, qui n'aurait jamais quitté son appartement s'il n'avait pas été "obligé" de le faire en 2016.

Un de ses anciens voisins, Alain Reale, 63 ans, garde encore une photo de lui adolescent, posant avec ses meilleurs amis devant l'entrée de la barre.

"Les Minguettes. Pour nous, à l'époque ce n'était pas notre quartier, mais notre pays. Ca n'a rien à voir avec ce qu'on peut appeler +quartier+ aujourd'hui", lâche-t-il dans un soupir.

Pour Sophie Duchêne, 32 ans, "Monmousseau" était aussi "toute (s)on enfance", alors qu'elle revoit plusieurs fois la vidéo de la démolition de son immeuble sur son smartphone.

"On a vu partir une partie de notre vie", ajoute l'ancienne résidente du 11e étage, qui considère toutefois comme "un mal pour un bien" l'actuelle opération de rénovation du plateau des Minguettes.

Mis en oeuvre en 2005 et renouvelé l'an dernier pour 280 millions d'euros, ce plan a notamment pour objectif de "rendre le plateau attractif en le raccrochant au centre-ville et au reste de l'agglomération lyonnaise", selon un document de la mairie concernant le "NPNRU" (Nouveau programme national de renouvellement urbain).

Ce plan doit notamment permettre d'ici 2035 la construction de 1.026 logements neufs et la réhabilitation et la résidentialisation de 260 autres, ainsi que la création d'un parc d’un hectare à proximité de l'ancienne barre Monmousseau.

Les quelque 200 familles qui vivaient dans la barre ont été relogées en majorité à Vénissieux ou dans la Métropole lyonnaise.

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