Georges Tron condamné à trois ans de prison ferme pour viol

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Par Alexandre MARCHAND - Paris (AFP)
Publié le 17 février 2021 - 12:20
Mis à jour le 18 février 2021 - 15:52
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L'ex-secrétaire d'Etat Georges Tron arrive au palais de justice le 17 février 2021 à Paris
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
L'ex-secrétaire d'Etat Georges Tron arrive au palais de justice le 17 février 2021 à Paris
© Christophe ARCHAMBAULT / AFP

La cour d'assises de Paris a condamné mercredi en appel l'ex-secrétaire d'État Georges Tron à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour viol et agressions sexuelles en réunion sur une collaboratrice de sa mairie de Draveil (Essonne) et l'a placé en détention.

Cette décision a sonné comme un coup de théâtre dans ce feuilleton long de dix ans, marqué par la démission de Georges Tron du gouvernement Fillon en 2011, une ordonnance de non-lieu infirmée et l'acquittement des deux accusés en première instance en 2018.

Deux anciennes employées de la mairie de Draveil accusaient Georges Tron de leur avoir imposé des attouchements et pénétrations digitales entre 2007 et 2010, généralement lors de scènes de triolisme avec son adjointe à la Culture d'alors, Brigitte Gruel. Les deux intéressés niaient en bloc.

Au terme d'un délibéré de onze heures, la cour a déclaré l'élu de 63 ans coupable de viol et agressions sexuelles en réunion sur Virginie Ettel. Elle l'a en revanche acquitté de faits similaires sur l'autre plaignante, Eva Loubrieu.

Brigitte Gruel a écopé de deux ans de prison avec sursis. La cour a par ailleurs prononcé une peine de six ans d'inéligibilité contre Georges Tron.

À la lecture de la décision, Eva Loubrieu a éclaté en sanglots et est sortie en trombe de la salle, son manteau sous le bras.

En costume sombre, l'ex-secrétaire d'État a écouté la sentence impassible, sans laisser transparaître la moindre émotion. Dans un silence lourd, il a alors remis sa montre à son avocat, Me Antoine Vey, puis est allé se placer dans le box vitré des accusés. Escorté par des gendarmes, il est parti en prison.

Dans sa décision, la cour a souligné la "contrainte morale" exercée par les deux accusés sur Virginie Ettel en raison de son "lien de subordination" à la mairie.

"C'est une grande victoire pour toutes les femmes qui peuvent avoir à se plaindre sur leur lieu de travail", a déclaré après l'audience Me Vincent Ollivier, l'avocat de Virginie Ettel.

Pour Eva Loubrieu, c'est aussi "une victoire" mais "au goût amer", a concédé son conseil Loïc Guérin, en rappelant combien "les deux plaignantes ont combattu côte à côte pendant plus de dix ans".

- Démentis coûteux -

L'accusation et la partie civile voulaient démontrer au procès l'existence d'une "emprise" de Georges Tron sur les deux plaignantes. Selon eux, cet ascendant moral constituait une forme de contrainte - l'une des caractéristiques du viol et de l'agression sexuelle dans le code pénal.

"Le viol ne se résume pas à un inconnu qui, violemment, saute sur une jeune femme dans un coin de parking. La contrainte peut être également exercée par cette emprise d'un supérieur hiérarchique, d'un puissant, sur une petite à qui on demande des faveurs sexuelles qu'elle n'aurait pas autrement accordées", a salué Me Guérin.

Ce verdict va au-delà des réquisitions du ministère public envers Georges Tron. L'avocat général avait requis cinq ans de prison, dont trois avec sursis, contre l'édile et demandé que la partie ferme de sa peine soit effectuée sous bracelet électronique.

Les deux accusés soutenaient que les "mensonges" des plaignantes participaient d'un "complot" fomenté par les adversaires politiques de Georges Tron dans l'Essonne. Une thèse "étayée par aucun élément probant", a jugé la cour.

Rendu public quelques jours après l'éclatement de l'affaire Dominique Strauss-Kahn en mai 2011, ce dossier a été jugé en appel en plein débat sur les violences sexuelles et les rapports de pouvoir entre hommes et femmes. Un contexte sociétal que les parties civiles n'ont pas manqué d'invoquer durant les longues journées de débats.

Massages de pieds, mensonges, enregistrements clandestins, "omerta", descriptions crues de scènes sexuelles trioliques... Pendant près de quatre semaines, la cour s'est plongée dans le microcosme de la mairie de Draveil, commune de banlieue parisienne que Georges Tron dirige depuis 1995.

Emmuré dans ses dénégations, Georges Tron a renvoyé durant ce procès l'image d'un homme aux ambitions politiques fauchées, profondément seul. Connu pour prodiguer de fréquents massages de pieds aux femmes autour de lui, il s'est défendu mordicus de toute connotation sexuelle dans sa pratique de la réflexologie plantaire.

Ses démentis inflexibles lui ont coûté cher. La cour a notamment justifié sa condamnation par "la persistance de l'accusé à nier les faits reprochés et son absence subséquente de réflexion authentique quant à ses passages à l'acte".

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