"Veuve noire" de la Côte d'Azur : 30 ans requis contre une "perverse narcissique"

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Par Claudine RENAUD - Nice (AFP)
Publié le 18 janvier 2018 - 18:41
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Un croquis d'audience représente Patricia Dagorn, au tribunal de Nice, le 16 janvier 2018
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© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives
Un croquis d'audience représente Patricia Dagorn, au tribunal de Nice, le 16 janvier 2018
© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives

Fustigeant une personnalité "psychopathe" et "perverse narcissique", l'avocate générale a requis jeudi à Nice 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Patricia Dagorn, la "Veuve noire" de la Côte d'Azur accusée d'avoir empoisonné plusieurs hommes âgés, dont deux sont morts, pour les escroquer.

"Je considère que les infractions reprochées à Mme Dagorn sont toutes caractérisées", a estimé Annie Brunet-Fuster, reconnaissant requérir "une sanction en effet sévère", à laquelle elle a demandé à la cour d'adjoindre une période de sûreté à sa convenance. Jugée devant les assises des Alpes-Maritimes pour l'assassinat de deux hommes et l'administration de substances nuisibles à deux autres octogénaires, Mme Dagorn nie les faits qui lui sont reprochés.

"Quand elle nie tout, elle ne vous dit pas la vérité", a lancé l'avocate générale aux jurés: "Comme elle ne veut pas revenir sur ses propos, elle en invente d'autres", a-t-elle poursuivi, rappelant que l'accusée avait eu depuis le début de son procès lundi "réponse à tout".

"On ne peut pas comprendre ou expliquer les faits (...) sans avoir constamment à l'esprit la personnalité de Mme Dagorn", a encore déclaré Mme Brunet-Fuster, évoquant une personnalité "déroutante" et "dérangeante", "pas psychotique mais psychopathe", "perverse narcissique" à la défense "diverse, changeante, variable".

"Je pense que Mme Dagorn était dans une vraie solitude, avec un besoin affectif d'autant plus important que de ce point de vue, elle a été carencée", a poursuivi la magistrate: "La Côte d'Azur était une sorte d'eldorado pour elle pour exprimer ce qu'elle avait toujours eu envie d'être, une femme d'affaires".

Pour appuyer ses réquisitions, la représentante du ministère public a notamment insisté sur le profil des souhaits de rencontres exprimés par l'accusée en agence matrimoniale : des hommes âgés de 50 à 80 ans ou plus.

- "Solitude" et "misère affective" -

Elle a aussi cité les nombreux documents, passeports, chèques ou cartes d'identité "qui n'avaient rien à faire dans la valise de Mme Dagorn". "Mme Dagorn était une professionnelle de la rédaction de documents administratifs et de copies en tout genre, de fausses signatures. On a une abondance de faux dans ce dossier".

Le réquisitoire de Mme Brunet-Fuster devait être suivi des plaidoiries de la défense. "Tout le problème est d'aller au-delà de la personnalité et des suspicions pour vérifier si oui ou non l'infraction est caractérisée, et si on a des preuves", avait indiqué à l'AFP avant l'audience Me Cédric Huissoud, qui demandera l'acquittement de sa cliente.

"On a beaucoup tourné autour du pot", a-t-il critiqué à propos des trois jours de procès. Mercredi "il a été question de mariages, d'argent, de son passé mais on n'a parlé de Valium que trois fois", a-t-il ajouté. Sa cliente doit répondre du chef d'assassinat par empoisonnement de deux retraités, Francesco Filippone et Michel Knefel, et de l'administration de substances nuisibles à deux autres octogénaires rencontrés sur la Côte d'Azur en 2011 et 2012, Robert Vaux et Ange Pisciotta.

Mercredi, l'avocate Stéphanie Braganti, qui défend MM. Vaux et Pisciotta et les enfants de M. Filippone, avait insisté sur la vulnérabilité des hommes rencontrés par Patricia Dagorn. "Leur point commun? La solitude, la misère affective, qu'ils soient veufs ou divorcés, mais avec une envie de plaire, de séduire", a-t-elle dit, soulignant que Robert Vaux, âgé de 90 ans et venu de Fréjus pour ne manquer aucune audience, avait été sauvé par son tempérament jovial: il "avait la chance d'avoir une vie sociale, d'être entouré d'amis".

"Cette affaire, c'est le problème du délitement de notre société autour des personnes âgées. J'espère que ce procès sera la possibilité de s'interroger sur la place qu'on veut donner au quatrième âge", a ajouté Me Braganti.

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