Vincent Lambert : le médecin engage un nouvel arrêt des traitements

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Par Frédéric DUMOULIN - Reims (AFP)
Publié le 02 juillet 2019 - 15:40
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Le CHU de Reims où Vincent Lambert est hospitalisé
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© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP/Archives
Vincent Lambert: le médecin engage un nouvel arrêt des traitements
© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP/Archives

Vers un épilogue dans l'affaire Vincent Lambert ? Le médecin de ce patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de 10 ans, devenu le symbole du débat sur la fin de vie en France, a engagé mardi un nouvel arrêt des traitements, rendu possible vendredi par la Cour de cassation.

"Le cours de la procédure d'arrêt des traitements", enclenché le 20 mai mais arrêté dès le lendemain sur demande de la Cour d'appel de Paris, "sera poursuivi à partir de ce jour", a déclaré par courriel le docteur Vincent Sanchez, chef de service de soins palliatifs du CHU de Reims, à chacun des membres de la famille de M. Lambert.

Dans ce message envoyé à la mi-journée et dont l'AFP a eu connaissance, le médecin en appelle "à la responsabilité de chacun" afin que "l'accompagnement de M. Vincent Lambert soit le plus paisible, intime et personnel possible".

Le protocole médical prévoit notamment "un arrêt des traitements" ainsi qu'une "sédation profonde et continue".

A la suite de cette décision, "le service des requêtes et des enquêtes du Comité des droits des personnes handicapées (de l'ONU) vient de réitérer en urgence auprès de l’Etat français sa demande de maintien de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert à titre conservatoire", selon les avocats des parents, farouchement opposés à l'arrêt des traitements. "Il est rappelé le caractère obligatoire des mesures conservatoires", assurent-ils dans un communiqué.

Vendredi, la Cour de cassation avait ouvert la voie à un nouvel arrêt de l'alimentation et de l'hydratation maintenant en vie Vincent Lambert, "point final" de cette affaire car "il n'y a plus de voies de recours possibles", selon l'avocat de son épouse Rachel, qui se bat pour qu'il puisse mourir conformément à ce qu'il aurait souhaité selon elle.

La haute juridiction a cassé la décision de la cour d'appel de Paris qui, le 20 mai avait ordonné la reprise des traitements, interrompus le matin même, de cet ancien infirmier de 42 ans, victime d'un accident de la route en 2008.

La Cour de cassation a jugé que le juge judiciaire n'était pas compétent et prononcé cette cassation "sans renvoi" devant une autre juridiction.

- Visite des parents -

La mère de Vincent Lambert, Viviane, totalement opposée à l'arrêt des traitements, a pris la parole lundi à l'ONU à Genève pour lancer "un appel au secours". "Sans votre intervention, mon fils Vincent Lambert sera euthanasié par un médecin en raison de son handicap cérébral (...) On veut l'assassiner!", avait-elle affirmé.

Accompagné de Pierre Lambert, le père, elle est allée voir son fils mardi après-midi. Ils sont repartis sans faire de déclaration peu avant 19h00.

Ses avocats ont annoncé vendredi qu'ils porteraient plainte pour "meurtre avec préméditation" contre le médecin qui ordonnerait un arrêt des traitements.

Cette affaire est aussi l'histoire d'une famille déchirée par des années d'une tragique bataille judiciaire. Rachel Lambert est soutenue par six frères et soeurs et un neveu de Vincent, François Lambert, qui entendent mettre fin à cet "acharnement thérapeutique" et affirment que l'ancien infirmier avait pris position en ce sens. Vincent Lambert n'a toutefois pas laissé de directive anticipée.

Les parents, Viviane et Pierre Lambert, fervents catholiques et considérés proches des milieux intégristes, estiment eux que leur fils est handicapé et non "pas en fin de vie, ni un légume" et demandent qu'il soit transféré dans un établissement spécialisé.

"J'espère que ce sera l'épilogue", a déclaré à l'AFP Marie-Geneviève Lambert, soeur de Vincent et favorable à l'arrêt des traitements. "Je suis rassurée que le médecin n'ait pas craqué et ne se soit pas senti menacé par les promesses de procès", a-t-elle déclaré.

L'interruption actuelle, dans le cadre d'une décision médicale signée par le Dr Sanchez en avril 2018, a été validée fin avril par le Conseil d'Etat et le recours des parents devant la Cour européenne des droits de l'Homme a échoué.

Père de la loi de 2016 régissant la fin de vie, l'ancien député LR Jean Leonetti juge que l'arrêt des traitements de Vincent Lambert s'inscrit bien "dans le cadre de la loi".

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