Allemagne : l'AfD ou l'histoire d'une radicalisation croissante

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Par AFP
Publié le 25 septembre 2017 - 14:19
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Les dirigeant du parti de la droite nationaliste allemand AfD Alexander Gauland et Alice Weidel à Be
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Les dirigeant du parti de la droite nationaliste allemand AfD Alexander Gauland et Alice Weidel à Berlin, le 25 septembre 2017
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L'Alternative pour l'Allemagne est-il ou non un parti d'extrême droite? Le pays, longtemps divisé sur cette question, penche désormais pour une réponse affirmative, après une campagne électorale virulente du mouvement nationaliste.

Le qualificatif d'extrême droite a une connotation particulièrement lourde et infamante dans un pays hanté par son passé nazi et qui s'est reconstruit après-guerre sur la promesse du "plus jamais ça".

L'AfD, créée en 2013, n'est ainsi pas répertoriée à ce jour comme d'extrême droite par les autorités allemandes, en l'occurrence le Renseignement intérieur, qui a pour mission de surveiller cette mouvance et qui publie chaque année un rapport à son sujet.

Dans sa conception officielle, l'extrémisme de droite en Allemagne s'apparente davantage aux néo-nazis ou aux groupuscules qui gravitent autour de cette idéologie.

Dans le dernier rapport du Renseignement intérieur, on trouve à la catégorie extrême droite le très radical NPD, Parti national-démocratique d'Allemagne, qui dispose d'encore quelques élus locaux, ainsi que des groupuscules comme "La IIIème voie", "La Droite".

Pour l'AfD, qui elle-même ne se définit pas sur l'échiquier politique mais affiche sa proximité avec le parti d'extrême droite autrichien du FPÖ, les avis ont longtemps été partagés.

Le mouvement a pris son essor sur un programme anti-euro, critique des plans d'aide financiers aux pays en difficulté de la zone euro comme la Grèce. Il attirait alors surtout les cadres les plus conservateurs du parti d'Angela Merkel (CDU), déçus du cap centriste de sa politique.

- Fin de la repentance -

La direction alors en place est débarquée en 2015, et remplacée par des responsables, au premier rang desquels Frauke Petry, qui vont faire de l'AfD un parti anti-migrants et anti-islam, surtout après l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015-2016.

Le parti est alors décrit par les médias allemands et la plupart des politologues comme mouvement de droite populiste.

Mais il va à l'occasion de la campagne des élections législatives se radicaliser un peu plus, sous l'impulsion d'un courant identitaire et extrémiste. En cela, il est à contre-courant de partis du même type en Europe, comme le Front national en France, qui ont cherché à élargir leur audience par une stratégie de "dédiabolisation".

Cette fois-ci c'est le tabou de la repentance allemande pour les crimes du IIIème Reich qui tombe. Un responsable de l'AfD, Björn Höcke, critique ainsi la construction au coeur de Berlin d'un mémorial pour les victimes de la Shoah. Un "mémorial de la honte", dit-il.

L'homme fort de l'AfD, Alexander Gauland, un ancien de la CDU, enfonce le clou en appelant les Allemands à être fiers des performances de leurs soldats durant la Deuxième guerre mondiale.

Et Angela Merkel est, elle, vilipendée comme "traître à la patrie" par les sympathisants du mouvement.

Signe de la radicalisation en cours, Frauke Petry, pourtant partisane d'une ligne déjà dure, a claqué la porte du mouvement lundi en dénonçant les dernières sorties extrémistes de M. Gauland. Le signe que la tendance identitaire de l'AfD a pris le dessus sur celle nationale-conservatrice.

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