Après l'EI, une famille syrienne retrouve la lumière du soleil

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Par AFP
Publié le 07 novembre 2017 - 19:01
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Des membres du Croissant rouge syrien transportent le 6 novembre 2017 sur une civière Abou Mahmoud,
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Des membres du Croissant rouge syrien transportent le 6 novembre 2017 sur une civière Abou Mahmoud, 90 ans, hors d'un quartier détruit de Deir Ezzor où il était bloqué pendant des
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Pris au piège des combats contre les jihadistes dans la ville syrienne de Deir Ezzor, Abou Mahmoud, 90 ans, a vu les rayons du soleil pour la première fois depuis des mois.

Evacué lundi de son appartement sur un brancard porté par des secouristes du Croissant rouge syrien, il est devenu si frêle que son corps était à peine visible sous la couverture rose qui le recouvrait.

Les secouristes ont découvert Abou Mahmoud et sa famille recroquevillés à l'intérieur de leur appartement situé au premier étage d'un immeuble à Deir Ezzor dans l'est du pays en guerre, plusieurs jours après la reprise par l'armée de cette ville au groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Pendant les farouches combats autour d'eux dans le quartier de Cheikh Yassine, le vieil homme et son épouse de 80 ans ainsi que leurs deux filles sont restés terrés chez eux.

"Notre famille ne soutenait pas l'EI mais nous sommes restés car j'étais malade et je ne pouvais pas bouger", explique Abou Mahmoud, la voix faible.

De nombreux quartiers de Deir Ezzor ont été ravagés par plusieurs mois d'offensive de l'armée, qui a libéré la semaine dernière la cité contrôlée en majorité par l'EI pendant trois ans.

Avec la fin des violences, le Croissant rouge a entrepris de localiser les civils restés chez eux.

Une source au Croissant rouge dans la ville a affirmé à un journaliste collaborant avec l'AFP que près de 150 civils bloqués par les combats avaient été secourus depuis la semaine dernière.

- Des JT regardés en secret -

Les secouristes ont souvent été alertés par les soldats qui découvraient des habitants lors des opérations de ratissage.

C'est ainsi qu'ils ont pu localiser Abou Mahmoud et sa famille, non sans avoir franchi d'abord un amas de gravats pour parvenir à leur immeuble de trois étages.

Ses deux filles célibataires se préparaient à quitter leur sombre appartement pour la première fois depuis des mois, afin de partir avec leurs parents nécessitant des soins médicaux.

"Nous ne pouvions pas fermer l'oeil la nuit en raison des combats et des bombardements. On ne sortait jamais", assure Rania, 35 ans, portant un chandail à capuchon.

La famille a survécu grâce à des lentilles, des pois chiches et du riz qu'ils avaient stockés en début d'année.

Les soeurs expliquent qu'elles ont gardé espoir en regardant les journaux télévisés en secret, pour pouvoir suivre la progression de l'armée vers Deir Ezzor.

"Les paraboles étaient bannies sous l'EI, donc nous avons caché la nôtre", indique Rania. "Nous l'installions dans une autre partie de l'immeuble pour regarder les infos puis nous la ramenions chez nous".

Sa soeur de 38 ans, Madaoui, affirme qu'ils avaient suivi l'ensemble de la progression de l'armée, depuis la capture de Palmyre, jusqu'à l'entrée dans la ville de Deir Ezzor en septembre.

"L'entrée de l'armée était comme une renaissance pour nous", indique cette femme aux cheveux tenus en arrière et des boucles d'oreille en forme de fleur.

"C'est comme la résurrection chez les chrétiens. La Syrie a connu sa résurrection après la défaite de l'EI".

- 'Si seulement, si seulement' -

Dans le quartier voisin d'Al-Qoussour, une maison à l'architecture traditionnelle arabe a été transformée en un abri temporaire pour les habitants qui ont perdu leurs maisons.

Sous une nuée de mouches, un groupe d'enfants sont assis sur le perron de la cour, où de vieilles femmes fouillent dans des sacs de vêtements offerts en dons.

"Nous nous sommes réfugiés dans les abris de nos immeubles pour échapper aux tirs et aux bombardements", confie Abou Khaled, 58 ans.

"Nous avons vraiment vécu des jours difficiles, avec peu de nourriture et de boissons", ajoute-t-il précisant que le Croissant rouge a apporté nourriture et aide médicale.

Vêtue d'une robe noire et portant un voile couleur crème, Oum Omar, 55 ans, se souvient de l'attente interminable de la fin des combats.

"Chaque seconde, chaque minute, nous attendions et nous disons 'si seulement, si seulement quelqu'un venait nous délivrer de cette vie".

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