Au Brésil, un président hospitalisé depuis plus de deux semaines

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Par Marc BURLEIGH - Rio de Janeiro (AFP)
Publié le 13 février 2019 - 14:06
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Capture écran d'une vidéo mise en ligne sur le compte Twitter officiel du président brésilien Jair Bolsonaro à l'hôpital Albert Einstein à Sao Paulo, le 27 janvier 2019
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© HO / Jair Bolsonaro's official Twitter account/AFP/Archives
Capture écran d'une vidéo mise en ligne sur le compte Twitter officiel du président brésilien Jair Bolsonaro à l'hôpital Albert Einstein à Sao Paulo, le 27 janvier 2019
© HO / Jair Bolsonaro's official Twitter account/AFP/Archives

Le Brésil a un nouveau président dont le début de mandat a pris un tour inédit: cela fait plus de deux semaines que Jair Bolsonaro dirige le pays depuis un lit d'hôpital, à un rythme ralenti.

Opéré pour une reconstruction intestinale après un attentat à l'arme blanche qui avait failli lui coûter la vie en septembre 2018, le chef de l'Etat avait, après un bref interim de son vice-président, tenu à reprendre les rênes dès le surlendemain de son opération du 28 janvier.

C'est du moins ce qu'il a tenté de faire, en donnant l'image d'un dirigeant à la manoeuvre à travers de multiples interventions sur les réseaux sociaux, ses outils de prédilection, comme lors de la campagne présidentielle.

A travers des messages, des photos et des vidéos publiés sur Twitter ou Instagram, il communique sur ses activités de la journée, son état de santé ou commente tel ou tel sujet politique.

Mais les choses ne se sont pas passées tout à fait comme prévu. Jour après jour, les bulletins de ses médecins du prestigieux hôpital Albert Einstein de Sao Paulo ont égrené une liste de problèmes: vomissements, fièvre, pneumonie, et aucune nourriture solide pendant deux semaines. Les visites ont été restreintes.

En attendant une sortie de l'hôpital retardée et désormais prévue dans les prochains jours, cette situation a mis en relief des tensions au sein du gouvernement entré en fonction au 1er janvier, et en particulier avec le vice-président, le général Hamilton Mourao.

"Tu veux me tuer?", a demandé Jair Bolsonaro au général Mourao lors d'une conversation téléphonique le week-end dernier, des propos rapportés par la presse, pour qui le président plaisantait.

Signe de ces crispations: le vice-président a mis hors de lui l'entourage du chef de l'Etat, dont ses fils, en remettant en cause publiquement ses arguments en faveur de la libéralisation de la détention d'armes à feu et d'un transfert de Tel Aviv à Jérusalem de l'ambassade du Brésil en Israël.

- "Paralysie administrative" -

Pour certains analystes, l'activité réduite du chef de l'Etat a des conséquences sur la bonne marche du pays.

"Il y a une espèce de vide de pouvoir ces dernières semaines, avec l'absence prolongée du président", juge Thomaz Favaro, directeur du cabinet Control Risks.

Une certaine "inquiétude" est perceptible dans les ministères, les agences gouvernementales et les entreprises publiques sur la façon de mettre en oeuvre le programme du gouvernement, ajoute-t-il.

Dans un récent éditorial, l'influent quotidien Estado de S.Paulo a regretté la "paralysie administrative" qu'entraîne cette hospitalisation prolongée.

Le pays est gouverné "actuellement par quelqu'un qui n'est pas dans un état de santé (suffisant) pour accomplir une telle tâche et qui subit l'influence directe et conséquente de ses fils, qui n'occupent pas de postes ministériels", a ajouté le journal.

La très sensible réforme du système des retraites, aussi impopulaire qu'attendue par les marchés pour redresser les comptes publics, semble être au coeur des tensions gouvernementales.

Le président d'extrême droite, qui a promis de "changer le Brésil", a confié cette lourde tâche à son "Chicago boy" Paulo Guedes, le ministre de l'Economie.

Tous deux affichent publiquement une entente parfaite, mais sur ce dossier des désaccords sont récemment apparus.

La fuite dans la presse d'un projet du texte de loi la semaine dernière a mis en évidence des divergences sur l'âge limite de départ à la retraite annoncé par Jair Bolsonaro.

La réforme demande une modification de la Constitution qui doit être approuvée par les trois cinquièmes d'un Parlement encore très atomisé, soit 308 voix.

Si elle était adoptée, cette mesure devrait permettre d'économiser quelque 273 milliards de dollars sur dix ans, selon M. Guedes.

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