Bloqué sur Facebook, le leader noir américain Farrakhan nie tout antisémitisme

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Par Nova SAFO - Chicago (AFP)
Publié le 11 mai 2019 - 08:45
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Louis Farrakhan à Chicago le 9 mai 2019
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© KAMIL KRZACZYNSKI / AFP
Louis Farrakhan à Chicago le 9 mai 2019
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Antisémite et anti-Blancs pour certains, défenseur des droits des Noirs pour d'autres, le très controversé leader religieux Louis Farrakhan, dirigeant de l'organisation Nation of Islam, a été obligé de se défendre cette semaine des nombreuses accusations portées contre lui.

Déjà interdit d'entrée au Royaume-Uni pendant plusieurs années et persona non grata à la télévision américaine, Louis Farrakhan, 86 ans, a été bloqué par Facebook la semaine dernière, le réseau social mettant en avant ses propos homophobes et antisémites.

"Qu'ai-je fait pour que vous me détestiez de la sorte?", a interrogé le leader musulman dans une église de Chicago jeudi.

"Je ne déteste pas les Juifs. Personne parmi les miens n'a commis de crime contre les Juifs", a-t-il ajouté niant également tout racisme, misogynie ou homophobie.

Le leader de la Nation of Islam, mouvement mélangeant panafricanisme et religion musulmane et dont Malcom X a été l'un des visages les plus célèbres, est notamment connu pour avoir organisé la "Million Man March", au cours de laquelle des centaines de milliers d'hommes noirs ont marché sur Washington en 1995.

Il a également comparé les Juifs à des "termites", appelé Hitler "un grand Homme" et expliqué que les Blancs avaient été créés par un sorcier maléfique.

- "Bons Juifs" -

Jeudi soir, dans l'église de Chicago où il prenait la parole, alors qu'il tentait de se dédouaner des accusations d'antisémitisme, il a déclaré: "Je n'ai pas d'armée. Je connais juste la vérité. Et je suis juste là pour séparer les bons Juifs des Juifs sataniques".

Selon ses soutiens, ses propos sont souvent déformés.

"S'ils avaient vraiment écouté ce qu'il a à dire, et pas seulement des bouts de discours, cela aiderait", a argué Enoch Muhammad, 40 ans, membres de la Nation of Islam.

Mais les déclarations, passées ou présentes, de Louis Farrakhan font grincer des dents à l'heure où les actes antisémites sont en augmentation aux Etats-Unis.

Fin avril, une fusillade survenue dans une synagogue californienne au dernier jour des festivités de la Pâque juive a fait un mort et trois blessés.

Six mois auparavant, onze personnes avaient été fauchées par les balles dans une synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie.

Dans les deux cas, les tireurs étaient blancs et d'extrême droite.

- "Antisémite le plus populaire" -

Né dans les années 30 à New York et élevé dans la tradition chrétienne, Louis Farrakhan est populaire dans certaines communautés noires, mettent en avant ses soutiens.

Dans les ghettos, ses fidèles diffusent des messages de prévention contre la violence et le leader politico-religieux s'est assuré le soutien de nombreuses stars noires américaines, notamment dans le rap.

Snoop Dogg est ainsi monté au créneau quand Facebook a annoncé la suspension de sa page, noyant le réseau social sous un torrent d'insultes dans une vidéo postée sur Instagram.

Louis Farrakhan était au premier rang lors des hommages funèbres à Aretha Franklin, l'année dernière, et au rappeur de Los Angeles Nipsey Hussle cette année.

"L'ennemi veut qu'on continue à s'entretuer", a-t-il déclaré à l'endroit où le rappeur a été assassiné. "Parce que tant qu'on continue à s’entretuer, il peut continuer à exercer son pouvoir avec la tyrannie de ce qu'on appelle la suprématie blanche".

Les mots de Farrakhan résonnent "avec la douleur ressentie par de nombreux Noirs américains", estime Misbahudeen Ahmed-Rufai, professeur spécialisé dans l'histoire afro-américaine à l’université Malcolm X de Chicago.

"Farrakhan est peut-être l'antisémite le plus populaire des Etats-Unis", assure pour sa part Oren Segal de l'Anti-Defamation League (ADL), association de lutte contre l'antisémitisme.

"On excuse souvent son venin à cause de la manière dont il montre sa solidarité avec la communauté" noire, ajoute-t-il.

Lors des funérailles d'Aretha Franklin à Detroit en décembre, le leader politico-religieux était assis à seulement quelques sièges de l'ancien président Bill Clinton. Qui n'avait pas manqué d'être critiqué pour cette proximité physique avec Louis Farrakhan.

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