Chine : cinq ans de prison pour un défenseur de la langue tibétaine

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Par AFP - Pékin
Publié le 22 mai 2018 - 13:27
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Des photos de dissidents emprisonnés en Chine, le Taïwanais Lee Ming-che et le défenseur de la langue tibétaine Tashi Wangchuk, brandies à Taipei le 4 juin 2017 lors d'une manifestation au 28e anniver
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© SAM YEH / AFP/Archives
Des photos de dissidents emprisonnés en Chine, le Taïwanais Lee Ming-che et le défenseur de la langue tibétaine Tashi Wangchuk, brandies à Taipei le 4 juin 2017 lors d'une manifest
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Un défenseur de la langue tibétaine a été condamné mardi en Chine à cinq ans de prison pour "incitation au séparatisme", une affaire qui témoigne de l'extrême sensibilité de la question tibétaine dans le pays.

Tashi Wangchuk est originaire du Qinghai (ouest), une province chinoise peuplée de nombreux Tibétains. Il avait fait l'objet fin 2015 d'un documentaire du quotidien américain New York Times.

Cette vidéo de neuf minutes relatait son voyage vers Pékin. Il tentait d'y sensibiliser les autorités et les médias à ce qu'il présente comme un déficit d'enseignement du tibétain dans les écoles de sa région.

Le militant se plaignait également dans le documentaire du "massacre systématique" de la culture tibétaine.

La Cour populaire intermédiaire de Yushu, préfecture autonome tibétaine d'où l'homme est originaire, l'a condamné à cinq ans de prison, a indiqué son avocat. Le tribunal n'a pas pu être joint par l'AFP.

Tashi Wangchuk est détenu depuis janvier 2016. Il avait été interpellé peu de temps après la parution du reportage du New York Times.

"Il prévoit de faire appel. Je pense qu'il n'a commis aucun crime et nous n'acceptons pas le verdict", a déclaré son avocat, Liang Xiaojun.

Tashi Wangchuk avait plaidé non coupable. Mais la quasi-totalité des procès en Chine, notamment ceux traitant de questions sensibles, s'achèvent sur un verdict de culpabilité.

Selon son avocat, le documentaire du New York Times était la principale preuve à charge utilisée par l'accusation. Tout au long de la vidéo, le militant souligne cependant qu'il souhaite plaider sa cause dans le cadre de la loi.

Mais le Parti communiste au pouvoir se méfie de toute opinion pouvant menacer l'intégrité territoriale du pays. Et perçoit souvent les revendications culturelles de Tibétains comme un risque de séparatisme.

Le ministère français des Affaires étrangères a "regretté" mardi cette condamnation. "Tashi Wangchuk a joué un rôle essentiel dans la protection de la langue tibétaine dans le cadre des lois de la République populaire de Chine", a souligné Agnès von der Mühll, porte-parole du ministère, dans un communiqué.

"La France considère que le dialogue entre les autorités chinoises et les populations locales est essentiel pour parvenir à une solution durable aux tensions au Tibet, respectant pleinement l’identité culturelle et spirituelle tibétaine, dans le cadre de la République populaire de Chine", a-t-elle ajouté.

La région dont est originaire Tashi Wangchuk est intégrée à la Chine depuis plusieurs siècles. Pékin assure y avoir apporté de meilleures conditions de vie.

Mais de nombreux Tibétains accusent le gouvernement de répression religieuse et culturelle et dénoncent l'arrivée de migrants venus d'autres régions de Chine.

L'organisation britannique de défense des droits de l'homme Amnesty International a décrit le verdict de mardi comme "une injustice grossière". "Considérer du militantisme pacifique en faveur de la langue tibétaine comme une incitation au séparatisme va au-delà de l'absurde", a déclaré Joshua Rosenzweig, directeur pour l'Asie de l'est.

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