Cisjordanie : Israël va "légaliser" une colonie sauvage après le meurtre d'un rabbin

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Par Stephen WEIZMAN - Jérusalem (AFP)
Publié le 04 février 2018 - 16:07
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Localisation de la colonie sauvage de Havat Gilad en Cisjordanie occupée, que le gouvernement israélien a annoncé vouloir "légaliser"
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Localisation de la colonie sauvage de Havat Gilad en Cisjordanie occupée, que le gouvernement israélien a annoncé vouloir "légaliser"
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Israël a annoncé dimanche l'approbation rétroactive d'une colonie sauvage en Cisjordanie, en réponse au meurtre le mois dernier d'un rabbin israélien qui y résidait, poursuivant ainsi l'impulsion donnée à sa politique de colonisation en territoire palestinien occupé.

L'annonce a été faite sur fond de vives tensions entre Israël et l'Union européenne, qui dénonce régulièrement la colonisation des territoires palestiniens et au moment où l’administration du président Donald Trump mène une politique de discrétion sur le sujet.

Rompant unilatéralement avec des décennies de diplomatie américaine et internationale, Washington a dans le même temps annoncé le 6 décembre reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël.

"Le gouvernement va régulariser aujourd'hui (dimanche, ndlr) le statut de (la colonie) de Havat Gilad pour y permettre la poursuite d'une vie normale", a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu en ouverture du conseil des ministres.

"Notre politique sera de sanctifier la vie face à ceux qui sanctifient la mort", a ensuite commenté M. Netanyahu, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

La désignation de la colonie fondée en 2002 comme une "nouvelle communauté" dotée des permis de construction nécessaires et d'un budget public a été votée à l'unanimité, selon une source officielle qui a requis l’anonymat.

Le rabbin Raziel Shevah, 35 ans, père de six enfants, a été tué le 9 janvier alors qu'il circulait dans sa voiture près de Havat Gilad, où il vivait. Cette colonie sauvage abrite une quarantaine de familles.

L'armée mène depuis une traque intensive pour retrouver le meurtrier présumé, Ahmed Jarrar, 22 ans. Ce dernier est le fils de Nasser Jarrar, un commandant du Hamas islamiste tué par les forces israéliennes pendant la seconde intifada ou soulèvement populaire palestinien (2000-2005).

Une semaine après sa mort, l'armée israélienne a tué un suspect palestinien à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, à environ 35 km au nord de Havat Gilad.

- Chasse à l'homme -

La chasse s'est poursuivie samedi dans le village de Burqin, dans le nord de la Cisjordanie, où un autre Palestinien a été tué par les soldats israéliens.

Pendant les funérailles du rabbin, des appels à la "vengeance" avaient été lancés, lors d'un discours du ministre de l'Education Naftali Bennett, membre du parti nationaliste religieux Foyer juif.

M. Bennett avait affirmé que la seule vengeance devrait être de construire davantage de colonies, alors que l'assassinat de Raziel Shevah a attisé les flammes, y compris côté américain, contre l'Autorité palestinienne -qui fait office de gouvernement dans les zones de Cisjordanie sous son contrôle-, à qui les Israéliens reprochent de soutenir financièrement les auteurs d'attentats emprisonnés ainsi que leurs proches, encourageant ainsi les violences.

Le beau-père du rabbin Shevah, Roger Koubi, a affirmé à l'AFP que cette décision "était une petite consolation mais un geste important".

L'organisation israélienne anticolonisation la Paix maintenant avait condamné une "cynique exploitation" du meurtre du rabbin.

Plus de 600.000 colons israéliens vivent une coexistence souvent conflictuelle avec près de trois millions de Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée.

En 2017, Israël a avalisé 6.742 nouveaux logements, chiffre le plus élevé depuis 2013, selon la Paix maintenant. Israël a encore donné son feu vert le 11 janvier à plus de 1.100 logements.

La colonisation est illégale au regard du droit international. Elle est considérée par une grande partie de la communauté internationale comme faisant obstacle à la paix entre Israéliens et Palestiniens, ce que conteste le gouvernement israélien.

Entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est, plus de 600.000 colons israéliens vivent une coexistence souvent conflictuelle avec près de trois millions de Palestiniens.

Non seulement la colonisation rogne les terres sur lesquelles les Palestiniens aspirent à former un Etat, mais en fragmentant la continuité des territoires, elle menace de rendre impossible la création d'un tel Etat, disent ses détracteurs.

M. Netanyahu assure que ce n'est pas la colonisation mais le refus palestinien de reconnaître un Etat juif dans quelque frontière que ce soit et les incitations palestiniennes à la violence qui font obstacle à la paix.

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