Colombie : violence et afflux de réfugiés vénézuéliens préoccupent l'UE

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Par Florence PANOUSSIAN - Bogota (AFP)
Publié le 17 mars 2018 - 19:50
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Le commissaire européen à l'Aide humanitaire et à la Gestion de crise Christos Stylianides lors d'un entretien avec l'AFP à Bogota, le 16 mars 2018 à Bogota gestures during an interview with AFP in Bo
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© GUILLERMO LEGARIA / AFP
Le commissaire européen à l'Aide humanitaire et à la Gestion de crise Christos Stylianides lors d'un entretien avec l'AFP à Bogota, le 16 mars 2018 à Bogota

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La Colombie est confrontée à deux "situations humanitaires", en raison de l'afflux de réfugiés fuyant "la crise au Venezuela" et d'"un nouveau cycle de violence" de divers groupes armés, a dénoncé le commissaire européen Christos Stylianides.

En visite en Colombie, M. Stylianides, commissaire à l'Aide humanitaire et à la Gestion de crise, a évoqué vendredi lors d'un entretien à l'AFP "tous ces gens vulnérables" qui franchissent la frontière "juste pour des besoins basiques" de nourriture et médicaments.

A l'issue d'un entretien avec le président Juan Manuel Santos, il a annoncé une aide de six millions d'euros à la Colombie et de deux autres millions pour "les personnes affectées par la crise au Venezuela", qui s'ajoute aux 239 millions d'euros versés par l'Union européenne à Bogota depuis 1994.

"La situation au Venezuela et le consécutif déplacement de population vers la Colombie sont préoccupants", a souligné la Commission européenne dans un communiqué, à propos des plus de 550.000 Vénézuéliens qui ont fui vers le pays voisin, et dont le nombre devrait atteindre un million d'ici juin, selon les autorités.

De surcroît, en dépit de la paix avec l'ex-guérilla Farc fin 2016 et des négociations avec l'ELN, dernière rébellion active, pour clore plus d'un demi-siècle de guerre, la Colombie "continue à subir les conséquences humanitaires de la violence chaque fois plus grande qu'exercent divers groupes armés, dont certains surgis récemment", a-t-elle ajouté.

Elle a évoqué les assassinats de "plus de 186 leaders communautaires et défenseurs des droits humains" depuis début 2016 et "139.359 nouveaux déplacés" par la violence, notamment sur le littoral Pacifique, haut lieu du trafic de cocaïne vers les Etats-Unis.

Arrivé mercredi à Bogota, M. Stylianides, qui est grec-chypriote, s'est rendu dans cette région pauvre, à Quibdo (Choco, nord-ouest), puis à Cucuta, principale ville de la frontière entre la Colombie et le Venezuela.

Voici des extraits de son entretien avec l'AFP vendredi, à la veille de son départ:

- Quel problèmes humanitaires affronte la Colombie ?

"En Colombie, nous sommes confrontés à deux situations humanitaires différentes: la première à cause du nouveau cycle de violence."

"A Quibdo, nous avons vu que nous devons augmenter notre financement afin de satisfaire des besoins sur le terrain. Nos projets se focalisent sur l'éducation (...) mais aussi sur des actions médicales, pour apporter nourriture et protection aux populations vulnérables."

"Mais, en même temps, nous sommes confrontés à un problème (...) à cause de la crise au Venezuela." "Nous avons vu tous ces gens vulnérables qui viennent en Colombie juste pour des besoins basiques."

- Quelles sont les priorités tant au Venezuela qu'en Colombie ?

"L'absence de médicaments, l'absence de nourriture est le problème le plus important au Venezuela (...) en particulier pour les enfants. Ils souffrent de malnutrition aiguë."

"Mais nous essayons aussi de fournir des médicaments et du matériel médical car nous savons que dans certains hôpitaux, ils manquent de produits médicaux même basiques."

"A Cucuta, je me suis souvenu de mon adolescence, quand nous vivions les conditions de guerre dans mon pays. J'ai vu qu'au XXIe siècle, nous étions confrontés aux mêmes problèmes qu'il y a cinquante ans."

"J'ai rencontré une famille avec un très jeune enfant, un bébé de seulement six semaines. Ils étaient venus de Caracas juste pour acheter des vaccins."

"Je me suis promis que nous allions continuer à aider ces gens parce qu'ils méritent notre assistance afin de surmonter toutes ces difficultés dans cette situation très critique."

"En Colombie, la première priorité est l'éducation car (...) C'est une réelle protection pour les enfants vulnérables. Nous devons augmenter notre effort (...) pour donner à ces enfants dignité et perspectives pour leur vie future."

- Que préconisez-vous pour remédier à ces crises ?

"Nous sommes très préoccupés au sein de l'Union européenne par la situation au Venezuela et nous ne voyons pas d'alternative: ils doivent comprendre que la seule solution passe par des institutions légitimes et démocratiques, bien sûr l'Etat de droit et la séparation des pouvoirs (...) afin de surmonter cette crise."

"Pour l'Union européenne, la Colombie demeure une priorité." "Nous soutenons déjà beaucoup, et pas seulement financièrement, mais aussi politiquement cette difficile étape pour la réconciliation."

"Pour nous, il serait très dangereux de permettre que la crise en Colombie devienne une crise oubliée."

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