Géorgie : l'opposition fait bloc pour le deuxième tour de la présidentielle

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Par Irakli METREVELI - Tbilissi (AFP)
Publié le 29 octobre 2018 - 13:29
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L'ex-ambassadrice française en Géorgie Salomé Zourabichvili, ici lors de son vote le 28 octobre 2018, est arrivée en tête au premier tour de la présidentielle géorgienne avec 38,64% des voix
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© Vano SHLAMOV / AFP
L'ex-ambassadrice française en Géorgie Salomé Zourabichvili, ici lors de son vote le 28 octobre 2018, est arrivée en tête au premier tour de la présidentielle géorgienne avec 38,64
© Vano SHLAMOV / AFP

L'opposition géorgienne a uni ses forces lundi en vue du second tour de la présidentielle, renforçant ses chances de l'emporter sur la candidate soutenue par le parti au pouvoir, l'ex-ambassadrice française Salomé Zourabichvili, arrivée de peu en tête du premier tour.

Mme Zourabichvili a recueilli 38,64% des voix contre 37,74% pour son principal adversaire, Grigol Vachadzé, selon les résultats annoncés lundi par la Commission électorale centrale. Un second tour sera donc nécessaire et se tiendra au plus tard le 2 décembre, a précisé la commission.

Le poste de président a été rendu essentiellement protocolaire dans cette ex-république soviétique du Caucase à la suite de récents changements constitutionnels. Mais cette élection est considérée comme un test pour le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, du milliardaire Bidzina Ivanichvili, de plus en plus impopulaire.

Ce dernier aborde le second tour dans une position difficile à l'issue d'une campagne qui a vu s'opposer dans une atmosphère tendue le parti au pouvoir et l'opposition et qui était considérée comme un prélude aux plus déterminantes élections législatives, prévues en 2020.

Le taux de participation au scrutin a atteint environ 47%.

Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont estimé lundi que la "Géorgie a fait preuve de la maturité de sa démocratie" par ses élections "compétitives et bien organisées". L'OSCE a toutefois exprimé sa préoccupation face aux "cas d'abus des ressources étatiques" par le parti au pouvoir.

- "soutien important" -

Malgré ces abus dénoncés par les observateurs, le pouvoir aborde le second tour dans une situation difficile. Un autre candidat de l'opposition, l'ancien président du parlement David Bakradzé, du parti Géorgie européenne, est arrivé en troisième position en recueillant environ 11% des voix. Son parti a ensuite annoncé qu'il allait soutenir M. Vachadzé au second tour, augmentant ainsi ses chances de victoire.

Plusieurs autres forces d'opposition devraient soutenir M. Vachadzé au second tour, formant un front uni contre le Rêve géorgien.

"La victoire de Vachadzé à l'élection présidentielle -- qui semble maintenant très probable -- sera un soutien important pour l'opposition lors des élections législatives", estime l'analyste politique Ghia Nodia.

Grigol Vachadzé, soutenu par le Mouvement national uni fondé par l'ex-président Mikhaïl Saakachvili --aujourd'hui en exil-- et par dix autres formations politiques, reproche au parti au pouvoir de ne pas être parvenu à faire reculer la pauvreté dans le pays.

Marié à une célèbre danseuse de ballet Nina Ananiachvili, Grigol Vachadzé, 60 ans, était déjà diplomate à l'époque soviétique et a été comme sa rivale au second tour chef de la diplomatie de Mikhaïl Saakachvili, de 2008 à 2012.

Avec les résultats du premier tour, les Géorgiens ont aussi "opposé un "non" ferme au système politique de parti unique", assure de son côté à l'AFP l'analyste Guela Vassadzé.

"L'ère du règne d'un parti unique en Géorgie est maintenant révolue. C'est le début de la fin de la domination du Rêve géorgien", affirme-t-il.

Aux yeux de M. Vassadzé, lors de cette élection présidentielle "Ivanichvili et Saakachvili ont disputé un duel, et Saakachvili en est sorti vainqueur".

S'il est élu, Grigol Vachadzé entend organiser des législatives anticipées comme le réclament les partis d'opposition.

Salomé Zourabichvili, 66 ans, est née à Paris en 1952 de parents géorgiens ayant fui leur pays en 1921 pour échapper aux répressions bolchéviques.

Elle est arrivée en Géorgie en octobre 2003, nommée ambassadrice de France par Jacques Chirac.

En 2004, le président géorgien à l'époque, Mikhaïl Saakachvili, l'a nommée ministre des Affaires étrangères.

Elle a rapidement été accusée d'arrogance et d'impulsivité jusque dans les rangs de la majorité, et au bout d'un an, Mme Zourabichvili a été limogée, malgré des manifestations contre son départ qui ont rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les rues de Tbilissi.

L'ancienne diplomate a alors rejoint l'opposition pour devenir une des plus féroces critiques de Mikhaïl Saakachvili.

Sur le fond, les deux favoris de l'élection se rejoignent sur plusieurs points: tous deux militent pour un rapprochement avec l'Union européenne et l'Otan, que la Géorgie demande en vain à rejoindre depuis plus de dix ans.

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