Géorgie : manifestation contre la fraude après l'élection présidentielle

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Par Irakli METREVELI - Tbilissi (AFP)
Publié le 02 décembre 2018 - 16:42
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Plusieurs dizaines de milliers de Géorgiens se sont réunis dimanche dans les rues de la capitale Tbilissi pour protester contre l'élection présidentielle remportée mercredi par la candidate du pouvoir, scrutin qu'ils estiment truqué.

Réclamant des élections législatives anticipées, les manifestants ont afflué sur l'avenue Roustaveli, imposante artère de la capitale géorgienne sur laquelle est notamment situé le Parlement. Beaucoup brandissaient des drapeaux géorgiens ou de l'Union européenne, a constaté un journaliste de l'AFP.

Mercredi, l'ex-diplomate française Salomé Zourabichvili a été élue présidente avec plus de 59% des voix au second tour de l'élection présidentielle mais l'opposition géorgienne, qui s'était présentée à l'élection relativement unie, a refusé de reconnaître les résultats.

Salomé Zourabichvili était soutenue par le parti du Rêve géorgien fondé par Bidzina Ivanichvili, l'homme le plus riche du pays que beaucoup considèrent comme le véritable maître du pays, même s'il s'est officiellement retiré de la politique.

"Je suis ici pour manifester contre la fraude électorale", a déclaré à l'AFP Liana Partsvania, 63 ans, accusant le milliardaire et ex-Premier ministre Bidzina Ivanichvili d'avoir volé "nos votes".

"Les gens sont dans la rue aujourd'hui parce que les élections étaient truquées", a déclaré Gia Mgeladze, 20 ans: "Je défends le droit des gens à changer de pouvoir à travers des élections équitables".

L'ancien président Mikheïl Saakachvili, aujourd'hui en exil aux Pays-Bas, a fait une apparition sur un écran géant sous les vivats de ses milliers de partisans, qui l'ont acclamé aux cris de "Micha! Micha!".

"Le futur de la Géorgie est en train de naître aujourd'hui dans ce parc", a clamé l'ancien président. "Nous allons nous battre pacifiquement et nous n'allons pas abandonner", a-t-il ajouté en faisant le signe du V de la victoire.

Mikheïl Saakachvili était arrivé au pouvoir en 2003 à la faveur d'un soulèvement pacifique, la "Révolution des Roses". Mais ses presque dix années à la tête du pays ont été chaotiques, certains l'accusant de dérives autoritaires, et il avait finalement perdu la présidence en 2012 au bénéfice de Bidzina Ivanichvili.

Il est depuis accusé en Géorgie d'abus de pouvoir.

- Campagne "libre" mais "intimidation d'électeurs" -

Brièvement ambassadrice de France en Géorgie, puis cheffe de la diplomatie de Mikheïl Saakachvili avant de devenir une de ses plus ardentes opposantes, Salomé Zourabichvili a remporté mercredi l'élection présidentielle avec 59,52% des votes contre 40,48% pour son opposant, Grigol Vachadzé.

"Il est maintenant important de montrer que ce pays a choisi l'Europe. C'est pour ça que les Géorgiens ont élu une femme européenne présidente", a-t-elle déclaré à l'annonce de sa victoire.

L'ampleur de sa victoire a surpris en Géorgie, alors qu'elle était arrivée au coude à coude avec M. Vachadzé au premier tour et que ce dernier était légèrement en tête des sondages avant le second tour.

Cela avait poussé M. Ivanichvili à sortir de son silence pour promettre aux électeurs plus de dépenses sociales et l'annulation des petites dettes bancaires de plus de 600.000 citoyens.

"La Géorgie n'a pas de président à l'heure actuelle", a déclaré Grigol Vachadzé devant ses partisans, dimanche à Tbilissi, dénonçant "des élections volées" et appelant les autorités à former un groupe de travail pour discuter avec l'opposition.

M. Vachadzé a aussi demandé l'organisation d'élections anticipées alors que de récents changements constitutionnels ont fait de la Géorgie une république parlementaire, dans laquelle le rôle du président n'est plus qu'essentiellement symbolique.

Dans le fond, les deux opposants défendent pourtant un programme similaire, faisant du rapprochement avec l'Occident et de l'adhésion de leur pays à l'UE et à l'Otan un objectif essentiel. Ces deux organisations suivaient d'ailleurs de près la bonne tenue du vote.

"Le second tour du scrutin était concurrentiel et les candidats ont pu faire campagne librement", a noté l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un rapport publié au lendemain du vote, soulignant toutefois "l'utilisation abusive" des ressources de l'Etat ainsi que la "potentielle intimidation" d'électeurs.

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