Haïti : poursuite d'affrontements meurtriers lors de manifestations antigouvernementales

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Par AFP - Port-au-Prince
Publié le 14 février 2019 - 10:36
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Affrontements entre policiers et manifestants opposés au président Jovenel Moise, le 13 février 2019 à Port-au-Prince, en Haïti
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© HECTOR RETAMAL / AFP
Affrontements entre policiers et manifestants opposés au président Jovenel Moise, le 13 février 2019 à Port-au-Prince, en Haïti
© HECTOR RETAMAL / AFP

De nouveaux affrontements entre la police et des manifestants ont fait au moins un mort mercredi à Port-au-Prince, au septième jour d'une contestation antigouvernementale dans les rues des principales villes d'Haïti, portant à sept au moins le nombre de personnes tuées depuis le début des protestations.

Un jeune homme a été tué dans l'après-midi, a constaté un journaliste de l'AFP, à quelques dizaines de mètres des bureaux de la présidence dont l'accès était bloqué par les forces de l'ordre à grand renfort de gaz lacrymogène.

Un journaliste haïtien a été blessé par balle à l'avant-bras dans une rue du centre de la capitale lors d'une fusillade entre des policiers et un groupe de manifestants, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Les confrontations entre les forces de l'ordre et les jeunes, majoritairement issus des quartiers populaires, ont été violentes. A distance, les deux groupes se sont longuement envoyé et relancé pierres et grenades lacrymogènes.

En périphérie de la plus grande place d'Haïti, où la foule a terminé son parcours, quelques pillages ont visé les commerces environnants.

- 'Une insurrection populaire' -

"C'est une insurrection populaire: les Haïtiens occupent les rues donc il est clair que Jovenel (Moïse, le président NDLR) n'a d'autre choix que de remettre sa démission", a déclaré Prophète Hilaire, un des protestataires, alors que le cortège défilait encore dans un calme relatif à travers la capitale.

"Un gouvernement qui ne peut pas donner de la nourriture et de l'eau à son peuple doit démissionner mais il faut aussi que la bourgeoisie se décide à ne plus accaparer toutes les richesses car nous, nous sommes plus nombreux du côté des quartiers populaires", a averti le manifestant.

Haïti est plongée depuis le 7 février dans une crise politique profonde. Les activités du pays sont paralysées par des manifestations populaires dans les principales villes, souvent hérissées de barricades.

Mardi, 78 détenus d'une prison d'Aquin, une petite ville sur la côte sud, se sont évadés, à la faveur d'une manifestation antigouvernementale qui se déroulait à proximité, selon les témoins. Une enquête doit déterminer les circonstances exactes de cette évasion spectaculaire.

La colère populaire se cristallise autour de la personne de Jovenel Moïse, au pouvoir depuis deux ans.

Le président reste muré dans le silence, alors que les manifestants l'accusent de ne pas avoir tenu ses promesses de mettre "à manger dans toutes les assiettes et de l'argent dans les poches" et d'avoir contribué à l'aggravation de la pauvreté. L'inflation dépasse les 15% depuis deux ans.

La frustration populaire a été exacerbée par la publication, fin janvier, d'un rapport de la Cour supérieure des comptes sur la gestion calamiteuse et les possibles détournements de près de deux milliards de dollars du fonds Petrocaribe, un programme d'aide offert à Haïti par le Venezuela depuis 2008.

Une quinzaine d'anciens ministres et hauts fonctionnaires sont épinglés. De même qu'une entreprise dirigée à l'époque par Jovenel Moïse, identifiée comme bénéficiaire de fonds pour un projet de construction d'une route sans signature de contrat.

Face à la dégradation de la situation en Haïti, le département d'Etat américain a ordonné mardi à tous les enfants du personnel diplomatique américain de l'ambassade des Etats-Unis de quitter le territoire. Le département d'Etat "approuve" également le départ du personnel américain non essentiel.

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