Israël poursuit la traque en Cisjordanie, Netanyahu sous pression

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Par Joseph DYKE avec Laurent LOZANO à Jérusalem - Ramallah (Territoires palestiniens) (AFP)
Publié le 14 décembre 2018 - 12:49
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Des Israéliens, la plupart venant de colonies en Cisjordanie occupée, manifestent devant la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem le 13 décembre 2018, après les attaques palesti
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© GALI TIBBON / AFP
Des Israéliens, la plupart venant de colonies en Cisjordanie occupée, manifestent devant la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem le 13 décembre 2018, après
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Les forces israéliennes continuent à traquer les auteurs du dernier en date d'une série d'attentats palestiniens qui remet en cause des mois de calme relatif en Cisjordanie occupée et soumet le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aux ultimatums sur sa droite.

Lors de heurts près de Ramallah, un Palestinien de 17 ans a été tué vendredi par des tirs israéliens, ont indiqué les autorités palestiniennes. Un soldat israélien a lui été sérieusement blessé près de la colonie de Beit El par un Palestinien à l'aide d'une arme blanche et d'une pierre, selon l'armée.

Les forces israéliennes ont mené une nouvelle incursion à Ramallah, siège des autorités palestiniennes, et maintenu leurs contrôles renforcés en Cisjordanie.

Mais les conjectures alarmistes en Israël sur le risque d'une nouvelle intifada ne se sont pas vérifiées, au lendemain d'un brusque accès de tensions.

- Heurts et arrestations -

Seuls des heurts de faible intensité ont été enregistrés dans ce territoire palestinien occupé depuis plus de 50 ans par l'Etat hébreu et où 400.000 colons mènent une coexistence souvent conflictuelle avec plus de 2,5 millions de Palestiniens.

Dans certaines villes, ce sont les forces de l'Autorité palestinienne elle-même qui ont empêché les manifestations de soutien au Hamas, allant jusqu'à employer la force à Hébron, au risque d'être à nouveau accusées par le mouvement islamiste de se faire le supplétif de l'occupant.

Jeudi, les forces israéliennes avaient dressé des barrages et bouclé Ramallah à la suite de la troisième attaque anti-israélienne meurtrière en deux mois.

Deux soldats avaient été tués quand un homme avait ouvert le feu contre un arrêt de bus près d'une colonie, non loin de Ramallah, dans un secteur où les implantations israéliennes jouxtent les localités palestiniennes. Le tireur avait ensuite pris la fuite.

Des centaines de personnes ont assisté vendredi aux funérailles des deux soldats, Yossi Cohen, 19 ans, et Yoval Moryossef, 20 ans.

La succession des attaques a exaspéré les colons. Des semaines de raids israéliens ont elles éprouvé la patience des Palestiniens. Des affrontements ont éclaté jeudi à différents endroits. Des colons criant vengeance ont ainsi caillassé des véhicules palestiniens. Le chauffeur arabe d'un bus public israélien a été sévèrement battu par des ultra-orthodoxes juifs à Modiin Illit.

Le Hamas est derrière l'attaque de jeudi, estime Israël. Il a revendiqué l'attentat qui a tué deux Israéliens le 7 octobre et, un autre dimanche, toujours en Cisjordanie, qui a causé la mort d'un bébé, provoquant un vif émoi en Israël.

Quelques heures avant l'attentat de jeudi, les forces israéliennes avaient abattu deux membres du Hamas auteurs ou impliqués dans les attaques d'octobre et de dimanche. Elles ont arrêté dans la nuit de jeudi à vendredi une quarantaine d'agents du Hamas selon elles.

La température est montée en Cisjordanie au moment où elle retombait à Gaza, territoire distant de quelques dizaines de kilomètres et gouverné sans partage par le Hamas, qui refuse l'existence d'Israël.

Des mois de violences ont causé la mort de plus de 230 Palestiniens à Gaza avant que le Hamas et Israël ne concluent un cessez-le-feu le 13 novembre.

Le Hamas est largement muselé en Cisjordanie, à la fois par Israël et par l'Autorité palestinienne, à couteaux tirés avec le mouvement islamiste.

Cependant, le Hamas active des cellules réduites en Cisjordanie, avec trois objectifs, écrit le quotidien Israel Hayom: "Se venger de la situation à Gaza, saper les positions de l’Autorité palestinienne, poursuivre le jihad contre Israël".

- Situation volatile -

Pour Hugh Lovatt, spécialiste des questions israélo-palestiniennes", ce qui rend la situation plus volatile, "c'est que nous allons au-devant d'élections en Israël en 2019, Netanyahu va devoir employer une poigne plus ferme". "Sa seule opposition vient de la droite, donc il doit satisfaire l'électorat de droite".

M. Netanyahu, qui n'a plus qu'une voix de majorité parlementaire, fait face depuis jeudi aux pressions renforcées des colons.

Pour la majorité des colons, la Cisjordanie -qu'ils désignent sous le nom de Judée-Samarie- doit faire partie intégrante d'Israël, pour des raisons religieuses ou idéologiques.

M. Netanyahu leur a donné des gages jeudi en ordonnant plus de troupes et plus de checkpoints en Cisjordanie et surtout en annonçant des dispositions favorisant la colonisation.

Mais c'est encore insuffisant pour la frange la plus à droite des colons.

"S'ils (les Palestiniens) continuent à se déplacer librement et à nous massacrer comme des canards, ce gouvernement n'a pas de raison d'exister une journée de plus", a dit le député nationaliste religieux Bezalel Smotrich, lui-même colon.

Aymane Safadi, le ministre des Affaires étrangères de Jordanie a lui estimé vendredi que "l'occupation par Israël des territoires palestiniens et l'échec de toute perspective pour un règlement de paix juste pour ces derniers constituent une grande menace pour la stabilité de toute la région".

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