Italie : à Pontida, la Ligue "plus forte que jamais" organise sa kermesse annuelle

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Par Arman SOLDIN - Pontida (Italie) (AFP)
Publié le 01 juillet 2018 - 13:57
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Le rassemblement annuel de la Ligue qui se tient dimanche à Pontida, dans le nord de l'Italie, revêt une saveur particulière pour ses sympathisants: cette fois, le leader du parti souverainiste Matteo Salvini ne vient pas en opposant mais en ministre le plus en vue du gouvernement populiste.

"Les batailles du travail, de la sécurité, je veux les porter au niveau international (...). Donc je ferai le tour des capitales, pas seulement européennes, pour créer une alternative à cette Europe fondée sur l'exploitation, la finance et l'immigration de masse", a déclaré à la presse Matteo Salvini, 45 ans, à son arrivée à Pontida vers 10H00 (08H00 GMT), vêtu d'un T-shirt bleu.

"La Ligue est le parti le plus populiste, terme qui pour moi est un compliment, le plus important en Europe. D'autres sont en train de grandir et les élections européennes de l'an prochain seront un référendum entre l'élite, le monde de la finance et celui du travail réel, entre une Europe sans frontières avec une immigration de masse et une Europe qui protège ses citoyens", a-t-il ajouté.

M. Salvini devait prononcer un discours à la mi-journée sur une scène de Pontida où figurent les slogans "Le bon sens au gouvernement" et "Les Italiens d'abord", leitmotiv du chef de la Ligue.

Quelque 50.000 personnes, venant de toute l'Italie, étaient attendues pour cette grand-messe, événement central dans la liturgie du mouvement d'extrême droite car c'est à Pontida, près de Bergame, que serait née en 1167 la Ligue lombarde, alliance de villes du nord contre l'empereur Frédéric Barberousse.

Fort du double portefeuille de vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, dont il est titulaire depuis un mois, Matteo Salvini a réussi à imposer le thème des migrants, cheval de bataille de La Ligue, à l'agenda européen en interdisant l'accès aux ports italiens aux ONG opérant en Méditerranée.

Une décision à l'origine d'une crise diplomatique avec la France, cette dernière accusant l'Italie de "cynisme" et "d'irresponsabilité" et M. Salvini rétorquant que l'Italie n'avait pas de leçons à recevoir de la part d'un pays qui n'a pas tenu ses engagements en matière d'accueil.

- Sondages en hausse -

Si les relations ont semblé se réchauffer ces derniers jours entre les deux voisins, à la faveur de rencontres entre le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte et le président français Emmanuel Macron, Matteo Salvini ne change pas de ton.

Avec son style sans nuances, il a réaffirmé vendredi que les "ONG verraient l'Italie seulement en cartes postales cet été" et conseillé à Emmanuel Macron de "se laver la bouche parce que l'Italie à fait beaucoup plus que les Français qui continuent de repousser des personnes à Vintimille", à la frontière franco-italienne.

Une ligne dure qui semble lui réussir selon les sondages, dont un récent, réalisé mi-juin par Ipsos, a montré qu'une majorité d'Italiens (59%) approuvaient ses choix en matière d'immigration.

Une large adhésion dont la Ligue, alliée du Rassemblement national de Marine Le Pen en France, tire tout naturellement avantage: arrivée au pouvoir aux législatives du 4 mars avec 17% des voix (en troisième position), elle était créditée samedi de 31,2% des intentions de votes, faisant du mouvement eurosceptique le premier parti d'Italie.

Le parti dame le pion à son allié de la coalition gouvernementale, le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), pourtant arrivé en tête des élections et qui reste stable à environ 30%.

- 'Le moment de la Ligue' -

"C'est le moment de la Ligue et sa force dépend surtout de la solide continuité de la stratégie de communication de Matteo Salvini par rapport à la campagne électorale, une stratégie basée sur un choix précis des thèmes sensibles (migrants, responsabilité de l'Europe) et aussi sur des tons agressifs envers des dirigeants politiques, M. Macron en tête", écrivait samedi le Corriere della Sera en publiant cette enquête.

Pourtant grand vainqueur des législatives, Luigi Di Maio, le chef de file du M5S, devenu lui aussi vice-Premier ministre (et ministre de Travail), a été éclipsé par son allié de la Ligue, les thématiques sociales portées par le M5S (comme le revenu de citoyenneté) étant jusqu'ici reléguées au second plan.

Arrivé aux commandes de la Ligue en 2013, Matteo Salvini a repris un parti sécessionniste au bord du gouffre (il était à 4% des voix) et l'a transformé en une formation nationaliste ayant le vent en poupe, recueillant des voix du nord, son fief historique, mais aussi au sud de la péninsule.

as-fio/ob/pg

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