Italie : Salvini ne sera pas jugé pour séquestration de migrants

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Par Fanny CARRIER - Rome (AFP)
Publié le 20 mars 2019 - 18:02
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Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, le 11 février 2019 à Rome
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© Tiziana FABI / AFP/Archives
Le Sénat italien a bloqué mercredi la tenue d'un procès contre le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), accusé de séquestration de personnes pour avoir interdit plusieurs jours en août le débarquement de dizaines de migrants.
© Tiziana FABI / AFP/Archives

Le sénat italien a bloqué mercredi la tenue d'un procès contre le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), accusé de séquestration de personnes pour avoir interdit plusieurs jours en août le débarquement de dizaines de migrants.

Le rapport de la commission pour les immunités, qui s'était prononcée contre un procès, a recueilli mercredi soir 237 votes, contre 61 votes contraires, selon le résultat officiel non détaillé par formations politiques.

Dans la nuit du 15 au 16 août, les garde-côtes italiens avaient secouru 177 migrants en détresse, essentiellement érythréens, et les avaient transférés sur le Diciotti, l'un des deux gros navires des garde-côtes italiens désormais cantonnés à Catane (Sicile).

Le Diciotti a navigué plusieurs jours au large de l'île italienne de Lampedusa, où quelques malades ont été évacués, puis il a accosté à Catane, où seuls les mineurs puis les femmes ont pu débarquer.

Les hommes n'ont été autorisés à descendre que le 25 août au soir, après que l'Eglise d'Italie, l'Irlande et l'Albanie se sont engagées à les prendre en charge. La plupart des migrants concernés ont cependant rapidement déserté leur centre d'accueil pour poursuivre vers le nord. Certains sont installés en région parisienne.

Après avoir ouvert une enquête pour séquestration de personnes contre M. Salvini, le parquet de Catane avait requis début novembre le classement de l'affaire.

Mais le tribunal des ministres, composé de trois magistrats tirés au sort, a demandé au Sénat la permission d'entamer ce procès. M. Salvini est en effet sénateur de Calabre.

La Constitution italienne permet au Parlement de bloquer des poursuites contre un ministre si les élus considèrent qu'il a agi dans le cadre de ses fonctions et dans l'intérêt supérieur de l'Etat.

L'affaire a provoqué des remous au sein du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), allié gouvernemental de M. Salvini, dont le refus de toute forme d'immunité pour les politiques était l'un des principes de base.

Lors d'un vote sur internet en février, près de 60% des adhérents du M5S se sont cependant prononcés contre un procès.

- "Défendre mon pays" -

Plusieurs sénateurs M5S avaient annoncé qu'ils ne suivraient pas ce choix. De même que Gregorio De Falco, sénateur ex-M5S et ancien officier des garde-côtes, selon lequel M. Salvini aurait aussi dû être poursuivi pour avoir "séquestré" l'équipage en même temps que les migrants.

Devant les sénateurs, M. Salvini a répété mercredi matin avoir agi pour "impliquer la communauté internationale, qui jusqu'à quelques mois plus tôt ne bougeait pas le petit doigt".

L'homme fort du gouvernement a aussi assuré que sa politique de fermeté, qui a quasiment stoppé les arrivées de migrants déjà en très forte baisse avant son arrivée au pouvoir, avait sauvé "des milliers de vies": "Moins de départs, moins d'arrivées, moins de morts", a-t-il martelé.

Pour l'année 2019, M. Salvini a ainsi évoqué un bilan de "un mort récupéré en mer", même si l'Organisation internationale pour les migrations (IOM) fait état de 152 morts et disparus en Méditerranée centrale.

"Je remercie le bon Dieu et les Italiens pour l'honneur de pouvoir défendre mon pays et mes enfants, avec mon travail que je pense exercer avec honnêteté, bon sens et courage", a-t-il conclu, sous une ovation de ses partisans et les railleries de ses opposants.

Signe de cette fermeté, la police a placé mardi soir sous séquestre le Mare Jonio, affrété par un collectif de gauche, tout en laissant débarquer sur l'île italienne de Lampedusa les 49 migrants que le navire avait secourus lundi dans les eaux internationales au nord de la Libye.

La justice a confirmé mercredi le placement sous séquestre du navire dans le cadre d'une enquête pour aide à l'immigration clandestine, qui vise pour l'instant le commandant du Mare Jonio.

"Evidemment nous allons déposer un recours dans les prochains jours. Nous ne jouissons d'aucune immunité, mais nous sommes certains d'avoir agit dans le respect du droit et heureux d'avoir porté ces 49 personnes en lieu sûr", a annoncé le collectif.

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