Jimmie Åkesson, "gendre idéal" de l'extrême droite

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Par Hélène DAUSCHY - Örebro (Suède) (AFP)
Publié le 04 septembre 2018 - 10:59
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Le patron de l'extrême droite suédoise Jimmie Åkesson, chef des Démocrates de Suède (SD), durant la campagne électorale à Sundsvall (Suède) le 17 août 2018
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© Mats ANDERSSON / TT NEWS AGENCY/AFP/Archives
Le patron de l'extrême droite suédoise Jimmie Åkesson, chef des Démocrates de Suède (SD), durant la campagne électorale à Sundsvall (Suède) le 17 août 2018
© Mats ANDERSSON / TT NEWS AGENCY/AFP/Archives

Aux commandes d'un parti épouvantail, le patron de l'extrême droite suédoise Jimmie Åkesson est parvenu à séduire au-delà de ses viviers traditionnels en s'efforçant, tant bien que mal, de faire oublier ses racines néonazies.

A seulement 39 ans, Jimmie Åkesson connaîtra le 9 septembre son quatrième scrutin législatif en tant que chef des Démocrates de Suède (SD). Sa formation est créditée de 20% des suffrages, un score historique au niveau national.

Et un vrai succès personnel pour celui qui s'est imposé comme l'opposant numéro un au gouvernement de centre gauche après l'arrivée en 2015 de 160.000 demandeurs d'asile.

Ce brun de taille moyenne aux allures de "gendre idéal", père d'un petit Nils né fin 2013, apparaît toujours impeccablement coiffé, cheveux gominés, barbe de trois jours et lunettes rondes.

Quand il a été choisi comme dirigeant en 2005 à la faveur d'un compromis entre les diverses factions rivales des SD, peu auraient parié qu'il ferait entrer cette très petite formation au Parlement. Mais dès 2010 les "Sverigedemokraterna" s'invitent au Riksdag en obtenant 5,7% des voix et 20 députés.

"Il a commencé avec presque rien. Quand il a été désigné (à la présidence du parti), les gens ne savaient pas ce qu'étaient les Démocrates de Suède", rappelle Christer Boström, un ancien électeur de gauche venu soutenir son candidat en campagne à Örebro (centre).

En septembre 2014, les SD réalisent une nouvelle percée en devenant la troisième force du pays avec près de 13% des voix. Epuisé, Jimmie Åkesson se met en congé de la politique pendant six mois.

- Discours poli -

Né en 1979 à Sölvesborg (sud) où il est élu conseiller municipal à 19 ans, ce fils d'un entrepreneur et d'une aide-soignante entre en politique adolescent.

Il fait ses armes chez les conservateurs (Modérés) mais est vite déçu par leur libéralisme économique et leur soutien à l'adhésion de la Suède à l'Union européenne en 1995.

Rejoint-il SD cette année-là, ou dès 1994, c'est-à-dire avant le départ de plusieurs cadres "bruns" et le remplacement de son président de l'époque, Anders Klarström, issu du groupuscule néonazi Nordiska Rikspartiet?

Selon des documents exhumés par la presse, il aurait bien adhéré en 1994.​

"J'ai toujours été nationaliste (…). Petit, je refusais de jouer au hockey sur table si je n'avais pas le droit de contrôler les joueurs +bleus et jaunes+" aux couleurs du drapeau suédois, explique ce golfeur émérite dans une publication des Jeunes démocrates de Suède en 1999.

"A ses débuts, c'était un parti raciste", reconnaît Christer Boström, habillé d'un T-shirt aux couleurs de son parti. "Mais il est parvenu à changer ça", assure-t-il.

Créé en 1988 sur les cendres du mouvements Bevara Sverige Svenskt (Gardons la Suède suédoise), le parti a de fait pris ses distances avec les groupuscules racistes et violents, très actifs dans les années 1990.

Pour Jimmie Åkesson, "ceux qui ne sont pas démocrates ne peuvent être Démocrates de Suède".

Le nazisme est "une idéologie anti-démocratique, socialiste, raciste, impérialiste, internationaliste et violente".

Quand la présidente du parti français Front National (FN) Marine Le Pen le rencontre pour la première fois en octobre 2013, elle indique qu'ils partagent "la même analyse sur les problèmes que vivent nos peuples actuellement".

En Suède, le nom Le Pen reste largement associé à une extrême droite vieille école, loin de l'image "2.0" que cultive l'ancien web designer, évasif quand on le questionne sur le FN - devenu Rassemblement national.

Interrogé fin août à la radio suédoise pour savoir à qui allait sa préférence, au président français Emmanuel Macron ou son homologue russe Vladimir Poutine, Jimmie Åkesson a refusé de se prononcer, fustigeant "le fédéralisme libéral" de l'un et le régime autoritaire de l'autre.

Emmanuel Macron lui a vertement répondu dans un entretien à la télévision publique SVT en affirmant qu'il "n'était pas compatible avec les valeurs suédoises".

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