Quelques milliers de personnes contre la dictature à l'occasion du 55e anniversaire du coup d'Etat militaire

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Par AFP - Rio de Janeiro
Publié le 31 mars 2019 - 08:45
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Le président brésilien Jair Bolsonaro (c) et le vice-président Hamilton Mourao (d) reçoivent la médaille de l'Ordre du mérite militaire, le 28 mars 2019 à Brasilia
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© Sergio LIMA / AFP/Archives
Le président brésilien Jair Bolsonaro (c) et le vice-président Hamilton Mourao (d) reçoivent la médaille de l'Ordre du mérite militaire, le 28 mars 2019 à Brasilia
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Sous le mot d'ordre "Plus jamais de dictature", quelques milliers de personnes sont descendues dans la rue dimanche, à l'occasion du 55e anniversaire du coup d'Etat militaire du 31 mars 1964, une date qui tient à coeur au président d'extrême droite Jair Bolsonaro.

Les appels à manifester de syndicats et mouvements de défense des droits humains se sont multipliés cette semaine sur les réseaux sociaux, après l'annonce du porte-parole de la présidence demandant que le coup d'Etat soit "commémoré comme il se doit" dans les casernes.

Une première manifestation a réuni environ 900 personnes, selon un photographe de l'AFP, en fin de matinée à Brasilia. Les manifestants brandissaient des banderoles montrant des photos d'opposants tués par le régime qui a sévi de 1964 à 1984.

Sur une autre banderole, on pouvait lire : "ça aurait pu être une blague du 1er avril, mais la dictature était bien réelle", en référence à l'insistance du président Bolsonaro à défendre ce régime.

À Rio de Janeiro, environ 2.000 personnes ont manifesté dans l'après-midi à Cinelandia, place emblématique du centre-ville. A Sao Paulo quelques centaines de manifestants étaient rassemblées au parc Ibirapuera, pour la plupart des proches de victimes du régime.

"Ce n'est pas une date qui doit être commémorée. C'est un jour de deuil, de violence, ce cruauté", a affirmé à l'AFP Maria Fátima, enseignante à la retraite de 65 ans, qui a manifesté à Rio.

Une juge de Brasilia avait décidé vendredi d'interdire toute commémoration du coup d'Etat, considérant qu'elle est "incompatible avec le processus de reconstruction démocratique" promue par la Constitution de 1988, mais cette décision avait été annulée samedi par une cour d'appel.

Avant cette passe d'armes judiciaire, plusieurs régiments avaient déjà pris les devants, célébrant cet anniversaire jeudi et vendredi, avec la lecture d'un message du ministre de la Défense, Fernando Azevedo e Silva, pour qui les militaires ont servi de rempart à "une escalade vers le totalitarisme".

Le Parquet fédéral avait condamné une "initiative qui sonne comme une apologie de la pratique d'atrocités", ajoutant que ces cérémonies sont "incompatibles avec l'Etat de droit démocratique".

Face à la polémique, le président lui-même a nuancé ses propos jeudi, affirmant qu'il ne s'agissait pas de "commémorer, mais de se remémorer" cette épisode de l'histoire brésilienne.

Selon un rapport publié en 2014 par la Commission nationale de la vérité, 434 assassinats ont été perpétrés au cours des 21 ans de régime militaire, sans compter les centaines de détentions arbitraires et cas de torture d'opposants.

Mais au Brésil, de nombreuses personnes considèrent encore que la dictature était une période faste où régnait l'ordre, malgré la répression, et même si le "miracle économique" qui a contribué au développement du pays s'est vite essoufflé avec le choc pétrolier de 1973.

Jair Bolsonaro, 64 ans, ex-capitaine de l'armée dont le gouvernement comprend huit militaires parmi les 22 ministres, n'a jamais caché son admiration pour les années de plomb.

Avant d'être élu président, quand il était député, M. Bolsonaro s'est mis en scène plusieurs années de suite dans des vidéos devant le ministère de la Défense, un fumigène en main, pour célébrer la date du 31 mars.

lg/jb/jh

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