L'ONU et les USA inquiets du rôle futur de Hamza ben Laden

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Par Michel MOUTOT - Paris (AFP)
Publié le 01 mars 2019 - 13:55
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Capture d'écran d'une vidéo non datée diffusée par la CIA le 1er novembre 2017 et prise par des experts du Long War Journal montrant une image du mariage du fils d'Oussama ben Laden, Hamza ben Laden
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© Handout / FEDERATION FOR DEFENSE OF DEMOCRACIES/AFP/Archives
Capture d'écran d'une vidéo non datée diffusée par la CIA le 1er novembre 2017 et prise par des experts du Long War Journal montrant une image du mariage du fils d'Oussama ben Lade
© Handout / FEDERATION FOR DEFENSE OF DEMOCRACIES/AFP/Archives

Les Nations Unies et le Département d’État américain ont reconnu jeudi, à leur manière, le rôle de Hamza ben Laden, fils d'Oussama, au sein du mouvement jihadiste international qu'il semble destiné à diriger, sur les traces de son père.

Le comité des sanctions de l'ONU contre le groupe Etat islamique (EI) et Al Qaïda a ajouté le nom de "Hamza Oussama Muhammad Ben Laden", né le 9 mai 1989 à Djeddah, à la liste des personnes soumises à un gel international de leurs avoirs et à une interdiction de voyager.

"Il a été désigné" (en août 2015) par le chef actuel d'Al Qaïda, l’Égyptien Ayman al-Zawahiri, "comme étant officiellement membre d'Al Qaïda" et "est considéré comme son successeur le plus probable", ajoute l'ONU.

Le même jour, les États-Unis ont annoncé qu'ils offraient une récompense pouvant atteindre un million de dollars pour toute information permettant de le localiser, précisant qu'il était désormais considéré comme "un dirigeant-clé" du réseau monté par son père.

Il figurait déjà sur la liste noire américaine des "terroristes internationaux".

Quinzième de la vingtaine d'enfants d'Oussama ben Laden, fils de sa troisième femme, Hamza a été depuis son enfance préparé pour suivre ses pas. A ses côtés en Afghanistan, avant le 11 septembre 2001, il apprend le maniement des armes, vitupère de sa voix fluette les Américains, les Juifs et les "Croisés" dans des vidéos mises en ligne.

Dans un photo-montage mis en ligne le 10 septembre 2017 par les propagandistes d'al Qaïda pour le 16ème anniversaire des attentats de New York et Washington, le visage d'Oussama ben Laden apparaît dans les flammes des tours jumelles en feu, avec à ses côtés son fils Hamza.

Cette omniprésence, depuis quelques années, dans la propagande du réseau lui a valu le surnom de "prince-héritier du jihad".

- Nouvelle bannière jihadiste ? -

Dans un rapport publié par le Combating terrorism center (CTC) de l'académie militaire américaine West Point, Ali Soufan, ancien agent spécial du FBI spécialiste d'Al Qaïda, écrit: "Hamza est en train d'être préparé pour occuper un rôle dirigeant dans l'organisation que son père a fondé".

"En tant que membre de la dynastie Ben Laden, il est probable qu'il sera favorablement accueilli par les jihadistes de base", ajoute-t-il. "Alors que le +califat+ de l'EI est au bord de l'effondrement, Hamza est désormais le mieux placé pour réunifier le mouvement jihadiste global".

Séparé de son père (qu'il ne reverra plus) la veille de l'attentat contre les Twin Towers et le Pentagone du 11 septembre 2001, Hamza rompu à la clandestinité, reste en contact épistolaire avec lui.

Dans ces lettres, dont certaines ont été retrouvées lors du raid américain qui a coûté la vie à Oussama ben Laden en 2011 à Abbottabad (Pakistan), le jeune homme assure à son père qu'il est "forgé dans l'acier" et prêt "pour la victoire ou le martyre".

Dans un enregistrement audio mis en ligne en août 2015 par le réseau, Hamza a rendu hommage au "martyre" de son père et de son frère aîné Khalid, mort en tentant de le défendre à Abbottabad (Pakistan), et a demandé aux jihadistes du monde entier de "frapper de Kaboul à Bagdad, de Gaza à Washington, Londres, Paris et Tel Aviv".

Selon des spécialistes des groupes islamistes, le jeune homme, en attendant de prendre officiellement la succession d'Ayman al-Zawahiri, serait à la tête du groupe Ansar al-Fourqan, qui attire en Syrie les combattants les plus endoctrinés d'Al Qaïda et y récupère un certain nombre de ceux du groupe EI.

Mais cela ne signifie pas qu'il soit en Syrie. Il pourrait également se trouver en Iran, où il a passé une grande partie de son enfance, ou en Afghanistan.

"Alors que l’EI s'effondre", estime Ali Soufan, "nombreux sont ses partisans qui vont chercher une nouvelle bannière sous laquelle combattre (...) De nombreux facteurs incitent à penser que Hamza pourrait être un chef redoutable".

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