Meng Hongwei, pur produit de l'appareil policier chinois

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Par Eva XIAO - Pékin (AFP)
Publié le 08 octobre 2018 - 16:43
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L'ex-président d'Interpol Meng Hongwei lors d'un discours prononcé à l'ouverture du congrès mondial de l'organisation à Singapour, le 4 juillet 2017
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© ROSLAN RAHMAN / AFP/Archives
L'ex-président d'Interpol Meng Hongwei lors d'un discours prononcé à l'ouverture du congrès mondial de l'organisation à Singapour, le 4 juillet 2017
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L'ex-patron chinois d'Interpol, Meng Hongmei, acculé à la démission après une rocambolesque "disparition", est un pur produit du très redouté appareil policier de Pékin, finalement victime de la campagne anti-corruption du président Xi Jinping.

Né en 1953 dans la province septentrionale du Heilongjiang, Meng Hongmei était depuis novembre 2016 président de l'organisation policière internationale, dont le siège se trouve à Lyon (France). Un poste qu'il aurait dû occuper jusqu'en 2020.

Mais le ministère chinois de la Sécurité publique (police), dont M. Meng restait vice-ministre, a annoncé lundi qu'il était sous enquête pour avoir "accepté des pots-de-vin". Son épouse, qui vit en France, avait alerté Interpol et les autorités françaises de sa "disparition" depuis son retour en Chine fin septembre.

Au vu du bilan des services d'enquête du régime chinois, il est probable que M. Meng refera surface dans quelques mois à la barre d'un tribunal, avant d'être condamné.

Plus d'1,5 million de cadres ont été sanctionnés dans le cadre de la campagne anti-corruption lancée par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir fin 2012. Ses détracteurs affirment que la campagne a aussi été mise à profit pour éliminer des opposants internes.

- "Influence pernicieuse" -

Dans un communiqué, le ministère a précisé que M. Meng était poursuivi dans le cadre d'une campagne destinée à "éliminer complètement l'influence pernicieuse" de Zhou Yongkang, l'ancien chef des services de sécurité, condamné en 2014 à la prison à vie pour corruption. Or, c'est ce même Zhou Yongkang qui avait nommé Meng Hongmei à son poste de vice-ministre 10 ans plus tôt.

A ce poste, ce diplômé en droit de la prestigieuse Université de Pékin, membre de longue date du Parti communiste chinois au pouvoir, a eu la charge de plusieurs dossiers sensibles, notamment les services anti-terroristes et la réponse à la violence dans la région du Xinjiang (nord-ouest) à majorité musulmane.

En 2013, M. Meng est nommé à la tête de la police maritime, un service qui s'est signalé en envoyant les garde-côtes en mer de Chine orientale à l'appui des revendications territoriales de Pékin face au Japon.

Sa nomination à Interpol avait suscité l'inquiétude des organisations de défense des droits de l'homme, qui redoutaient que Pékin n'utilise sa présence pour mettre la main sur des dissidents chinois installés à l'étranger.

C'est sous sa présidence qu'Interpol a émis une "notice rouge" concernant Guo Wengui, un milliardaire chinois exilé aux Etats-Unis qui se signale par ses imprécations à l'endroit du régime communiste. L'administration Trump n'a pas donné suite à cette demande d'extradition.

M. Meng n'avait pas la charge quotidienne d'Interpol, qui relève du secrétaire général, mais en présidait l'Assemblée générale ainsi que le comité exécutif, où se discutent les grandes orientations de l'institution.

Dans ses discours, M. Meng insistait sur la neutralité d'Interpol, mais ses prises de positions précédentes ne laissaient pas douter de sa fidélité au régime.

Dans un discours de 2014, il appelait ainsi des policiers chinois en partance pour des missions à l'étranger à "donner la priorité à la politique, à l'organisation du Parti et à la pensée idéologique".

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