A Mossoul en deuil, le coeur n'est pas à fêter la fin du "califat" en Syrie

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Par AFP - Mossoul
Publié le 23 mars 2019 - 16:31
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Des Irakiennes lancent des fleurs dans le fleuve Tigre en souvenir des victimes d'un naufrage ayant fait 100 morts la veille, le 22 mars 2019 à Mossoul, dans le nord de l'Irak
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© Zaid AL-OBEIDI / AFP
Des Irakiennes lancent des fleurs dans le fleuve Tigre en souvenir des victimes d'un naufrage ayant fait 100 morts la veille, le 22 mars 2019 à Mossoul, dans le nord de l'Irak
© Zaid AL-OBEIDI / AFP

Mossoul, l'ancienne "capitale" des jihadistes en Irak, n'avait pas samedi le coeur à fêter la chute de leur "califat" en Syrie, au troisième jour de deuil national pour la mort de 100 personnes, surtout des femmes et des enfants, lors d'un naufrage.

Les hommes du groupe Etat islamique (EI) "sont des criminels et ils ont détruit notre ville, mais là, ce n'est vraiment pas le moment de se réjouir", estime Hicham Mohammed.

Pour ce journalier de 33 ans, rencontré par l'AFP sur la rive du fleuve Tigre, où un bac transportant des familles s'est retourné jeudi, "impossible d'être heureux après une telle catastrophe".

Autour de lui, des tentes installées pour que les familles de victimes reçoivent des condoléances ne désemplissent pas, tandis que de nouvelles prières ont été organisées pour les défunts.

Et dans la grande ville du nord irakien, carrefour commercial du Moyen-Orient depuis des siècles, les rideaux de fer des magasins sont toujours baissés.

Près de deux ans après avoir été libérée des griffes de l'EI, Mossoul, ravagée par les combats, et ses habitants traumatisés par les atrocités des jihadistes, traversent un nouveau drame.

Jeudi, jour du Nouvel An kurde et de la Fête des Mères en Irak, cent personnes ont péri quand le bac qui les transportait sur le Tigre vers un parc de loisirs s'est retourné sous leur poids et battu par un fort courant.

Face à un accident au bilan sans précédent dans le pays, trois jours de deuil national ont été décrétés.

La tristesse et la stupeur des premiers instants ont toutefois rapidement laissé place à la colère dans une ville qui s'estime lésée par les autorités de Bagdad au sujet de la reconstruction et qui accuse, comme partout ailleurs en Irak, ses dirigeants locaux de "corruption".

Pour Ammar Abdel Karim, fonctionnaire de 28 ans, "la corruption et le terrorisme sont les deux faces d'une même pièce". De nombreux Irakiens estiment que des politiciens véreux ont facilité la percée jihadiste de 2014 et précipité la débandade des forces de sécurité face à elle.

Il y a eu "les barbares" de l'EI et maintenant "la catastrophe" du naufrage. Alors, dit-il à l'AFP, "partout dans le monde, il faut célébrer la fin de l'EI, mais à Mossoul, ce n'est pas possible aujourd'hui".

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