RDC : Bemba candidat à la succession de Kabila, Katumbi interdit de rentrer

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Par Bienvenu-Marie BAKUMANYA, Samir TOUNSI - Kinshasa (AFP)
Publié le 01 août 2018 - 12:22
Mis à jour le 03 août 2018 - 01:40
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L'ex-chef de guerre congolais Jean-Pierre Bemba a déposé jeudi sa candidature à la présidentielle en République démocratique du Congo, au lendemain de son retour triomphal à Kinshasa après dix ans derrière les barreaux d'une prison de la Cour pénale internationale (CPI).

Un autre adversaire en exil du président Joseph Kabila, Moïse Katumbi, qui avait annoncer son intention de rentrer au pays vendredi matin pour déposer sa candidature avant la date-butoir du 8 août, s'est vu interdire l'entrée du territoire congolais.

Quant au président Kabila, qui selon la Constitution ne peut pas se représenter mais n'a toujours pas choisi de "dauphin", il s'est rendu en Angola, pays voisin qui suit de très près les élections prévues le 23 décembre en RDC.

"Maintenant il appartient à la commission électorale de traiter toutes les candidatures. A mon niveau, j'ai déposé tout le dossier, il est en règle", a déclaré M. Bemba à l'issue d'une longue audience au siège de cette commission électorale nationale indépendante (Céni).

D'après le calendrier électoral, la Céni doit publier la liste définitive des candidats le 19 septembre, le temps de faire face à d'éventuels recours en justice.

M. Bemba avait été condamné pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour les exactions de sa milice en Centrafrique en 2002-2003M, avant d'être finalement acquitté en juin par la CPI.

M. Bemba, 55 ans, a pu mesurer sa popularité à son retour mercredi à Kinshasa où des dizaines de milliers de personnes ont salué son retour, avec souvent des slogans hostiles à l'actuel chef de l'Etat Joseph Kabila.

M. Kabila, 47 ans, ne peut pas se représenter après ses deux mandats qui ont pris fin le 20 décembre 2016. Il n'a toujours pas désigner de dauphin, et ses adversaires le soupçonnent de chercher des stratagèmes pour rester au pouvoir.

A l'invitation de son homologue Joao Lourenço, M. Kabila s'est rendu jeudi en Angola, pays qui suit de près la situation en RDC en se gardant de toute ingérence.

"Nous avons abordé trois points : les relations commerciales, politiques et sociales", a déclaré M. Kabila sans plus de détails.

- Kabila en visite en Angola -

Le président angolais Joao Lourenço s'est dit "satisfait des mesures déjà données pour les élections prévues pour décembre".

En mai, Kinshasa avait convoqué les chargés d'affaires angolais, rwandais et français après des propos du président français Emmanuel Macron sur le processus électoral congolais et une "initiative" qu'aurait prise Luanda et Kigali.

Allié puis adversaire du président Kabila, Moïse Katumbi annonce son retour pour vendredi matin dans son ex-fief de Lubumbashi en jet privé en provenance de Johannesburg.

Jeudi après-midi, les autorités ont fait savoir aux partisans de M. Katumbi qu'elles s'opposaient à ce retour, via le maire de la ville, une autorité nommée par le chef de l'Etat en RDC.

"Je suis au regret de porter à votre connaissance que je ne saurais accéder à votre demande", a répondu le maire Ghislain Robert Lubara dans une lettre.

Il invoque deux raisons: "non-autorisation de survol de l'espace aérien et d'atterrissage" à l'aéroport de Lubumbashi et "dossier judiciaire en cours" qui concerne M. Katumbi.

"Lubumbashi est une ville de paix et aimerait consolider cet acquis", ajoute le maire.

Avant cette lettre officielle, M. Katumbi a répété à l'AFP son intention de prendre l'avion vendredi matin - quitte à se replier sur la Zambie s'il ne pouvait pas atterrir.

Ses proches ont rencontré à Kinshasa la cheffe de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) pour la "sensibiliser" sur "les risques sécuritaires qui entourent le processus des élections dans la perspective du retour de Moïse Katumbi".

"Cette rencontre entre dans le cadre des bons offices de la Monusco (...) la Monusco n'a pas pour mission d'assurer la protection des personnalités", s'est contentée de commenter la Monusco, dont l'actuel mandat a fait de la réussite des élections prévues le 23 décembre 2018 une priorité absolue.

Ex-proche du président Kabila passé à l'opposition en 2015, M. Katumbi a quitté la RDC en mai 2016 pour raisons médicales et n'est pas rentré depuis.

En son absence, il a été condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière pour laquelle il a fait appel.

Il est également poursuivi pour recrutement de mercenaires (procès renvoyé au 10 octobre).

"Des farces judiciaires", a déclaré récemment son avocat parisien Éric Dupond-Moretti, qui balaie aussi une troisième accusation (liée à la possession de la nationalité italienne), concluant que "rien n'interdit qu'il rentre en RDC" et mettant en garde contre une arrestation arbitraire.

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