"Révolution" roumaine de 1989 : le parquet veut poursuivre l'ex-président Iliescu

Auteur:
 
Par AFP - Bucarest
Publié le 02 avril 2018 - 20:58
Image
Le soulèvement anticommuniste de décembre 1989 avait entraîné la chute de Nicolae Ceausescu et de sa femme Elena, jugés sommairement et exécutés le 25 décembre 1989.
Crédits
© / AFP
Le soulèvement anticommuniste de décembre 1989 avait entraîné la chute de Nicolae Ceausescu et de sa femme Elena, jugés sommairement et exécutés le 25 décembre 1989.
© / AFP

La justice roumaine a annoncé lundi vouloir lancer des poursuites contre l'ex-chef d'Etat Ion Iliescu et l'ex-Premier ministre Petre Roman mis en cause pour leur responsabilité dans les journées sanglantes qui ont suivi le soulèvement anticommuniste de décembre 1989.

Le procureur général de Roumanie Augustin Lazar a demandé le feu vert du président de la République Klaus Iohannis pour ouvrir des poursuites pénales à l'encontre des deux anciens dirigeants pour "crimes contre l'humanité", selon un communiqué du ministère public. Ce type de crime est imprescriptible et s'agissant d'anciens membres du pouvoir exécutif, le chef de l'Etat doit donner son accord aux poursuites.

Outre MM. Iliescu et Roman, le vice Premier ministre de l'époque, Gelu-Voican Voiculescu, est également visé.

L'annonce de lundi représente une nouvelle étape dans l'investigation fleuve pour tenter de déterminer les responsabilités dans les violences qui ont accompagné la chute du dictateur communiste Nicolae Ceausescu et de sa femme Elena, jugés sommairement et exécutés le 25 décembre 1989.

Classé sans suite en 2015, notamment en raison de la prescription ou de l'absence de preuves, le dossier du soulèvement anticommuniste avait été rouvert en juin 2016 sur décision de la Haute cour de cassation.

Le parquet militaire de la juridiction met en cause la responsabilité de "la nouvelle direction politique et militaire" qui prit le pouvoir après la fuite de Nicolae Ceausescu, le 22 décembre.

Le Conseil du "Front de salut national", mené par Ion Iliescu, un ancien ministre de Ceausescu, a "de facto exercé le pouvoir exécutif et législatif central" du 22 au 27 décembre 1989, estiment les enquêteurs.

Membres de ce Conseil, M. Roman et M. Voiculescu avaient été nommés respectivement Premier ministre le 26 décembre 1989 et vice-Premier ministre le 28 décembre 1989.

"Afin de préserver le pouvoir", les nouveaux dirigeants auraient, selon le parquet, mis en application un "plan" et provoqué "le meurtre, la blessure par balle, le préjudice physique ou mental, ainsi que la détention d'un grand nombre de personnes".

"C'est un sentiment de révolte et de surprise totale, car je n'ai absolument rien à voir avec cette histoire", a réagi M. Roman à l'agence Agerpres après l'annonce des procureurs.

Au total, 1.104 personnes sont mortes en Roumanie durant les événements de décembre 1989, 162 avant la chute de Ceausescu, qui avait ordonné la répression des manifestations, et 942 dans les jours suivants, selon un déroulement qui, 28 ans après, reste encore peu clair.

Selon la justice, 275 personnes ont été déférées depuis 1990 pour leur rôle dans la répression de la "révolution roumaine". L'association des victimes des événements de décembre affirme que seules quelques dizaines d'entre elles ont été condamnées.

Âgé de 88 ans, M. Iliescu a présidé la Roumanie de 1989 à 1996 puis de 2000 à 2004.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.