Russie : appels à la libération d'un historien lors d'une cérémonie en mémoire des victimes du stalinisme

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 29 octobre 2017 - 12:23
Image
Une femme dépose une bougie sur la Pierre Solovetski à Moscou, en face du siège du FSB (ex-KGB) le 2
Crédits
© Yuri KADOBNOV / AFP
Une femme dépose une bougie sur la Pierre Solovetski à Moscou, en face du siège du FSB (ex-KGB) le 29 octobre 2017 au cours d'une cérémonie à la mémoire des victimes des répression
© Yuri KADOBNOV / AFP

Des Russes se sont rassemblés dimanche à Moscou pour honorer la mémoire des millions de victimes des répressions staliniennes, avec des appels à la libération d'un historien emprisonné spécialiste de cette période.

Durant cette cérémonie annuelle à l'initiative de l'ONG Memorial --la plus ancienne organisation russe de défense des droits de l'homme--, des centaines de personnes ont lu à tour de rôle tout au long de la journée les noms des victimes près de la Pierre Solovetski ramenée de l'île de Solovki (mer Blanche, nord de la Russie) où fut ouvert le premier goulag soviétique. Ce monument est installé sur la place de la Loubianka devant le siège du FSB (ex-KGB, services secrets russes).

La cérémonie était marquée cette année par l'emprisonnement de l'historien Iouri Dmitriev, membre de Memorial connu pour ses recherches sur les disparus de la Grande Terreur des années 1930.

M. Dmitriev, 61 ans, qui dirige l'antenne de Memorial en Carélie (région frontalière de la Finlande), a été arrêté le 13 décembre 2016 à Petrozavodsk, dans le nord de la Russie, pour des accusations de "fabrication d'images pédophiles", selon l'ONG qui a dénoncé une affaire montée "de toutes pièces".

M. Dmitriev, qui dément ces accusations, encourt jusqu'à 15 ans d'emprisonnement.

"L'histoire se répète-t-elle?", s'est interrogé un participant à la cérémonie alors qu'un autre réclamait "liberté" pour l'historien.

Les accusations contre M. Dmitriev, "c'est un coup très grave" pour ceux qui cherchent à préserver la mémoire des victimes staliniennes, a déclaré à l'AFP Alexeï Nesterenko, 80 ans.

"Nos autorités considèrent toute activité publique comme un danger pour elles-mêmes", estime cet homme dont le père a été arrêté par le régime stalinien en 1937, juste 25 jours après sa naissance.

Les défenseurs des droits de l'homme accusent le président russe Vladimir Poutine de chercher à faire oublier les crimes de Staline en privilégiant une ferveur patriotique encouragée par la propagande étatique.

La cérémonie de dimanche revêt également cette année une signification particulière alors que la Russie marque le centenaire de la Révolution d'Octobre le 7 novembre, avec des expositions et des colloques. L'anniversaire de la Révolution était célébré en grande pompe à l'ère soviétique.

Des Moscovites âgés, mais également de jeunes mamans avec leurs poussettes et même des enfants dont certains ont participé à la lecture des noms, étaient présents.

"Piotr Ivanovitch Markov, 57 ans, prêtre dans une église du village de Malakhovka, exécuté le 21 février 1938", lisaient-ils.

"Dmitri Alexandrovitch Samguine, 19 ans, étudiant à la faculté d'histoire de l'Université de Moscou, exécuté le 10 décembre 1937".

"Ian Ianovitch Kovalski, 40 ans, horloger, exécuté le 18 novembre 1930".

- '40.000 exécutions' à Moscou -

Certains procédaient avec émotion à des ajouts personnels aux noms égrenés, comme une femme évoquant son oncle maternel qui travaillait dans une usine d'Irkoutsk en Sibérie et fut exécuté en 1938, à l'âge de 29 ans.

"Durant les années de terreur, plus de 40.000 personnes ont été exécutées rien qu'à Moscou", selon Memorial.

La cérémonie se tenait à la veille du Jour officiel du souvenir des victimes des répressions politiques, instauré en 1991 à l'instigation de Memorial.

A l'occasion de ce Jour du souvenir, un premier mémorial national en hommage aux victimes des répressions politiques -- une Muraille du Deuil -- sera inauguré lundi sur l'avenue Sakharov, en plein centre de Moscou, lors d'une cérémonie solennelle à laquelle participeront Vladimir Poutine et le patriarche Kirill.

Fondée en 1989, pendant la perestroika, par le prix Nobel de la paix Andreï Sakharov et d'autres dissidents, Memorial travaille sur le passé soviétique autant que sur les atteintes actuelles aux libertés.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.