Suède : ultimes flèches de campagne avant des législatives incertaines

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Par Pia OHLIN - Stockholm (AFP)
Publié le 07 septembre 2018 - 08:45
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Les chefs des partis réunis dans la coalition Alliance en campagne à Uppsala en Suède, le 6 septembre 2018
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© Jonathan NACKSTRAND / AFP
Les chefs des partis réunis dans la coalition Alliance en campagne à Uppsala en Suède, le 6 septembre 2018
© Jonathan NACKSTRAND / AFP

Intégration, impôts, Etat-providence: en Suède, les chefs de parti décochaient leurs ultimes flèches avant les législatives du 9 septembre qui pourraient voir l'extrême droite jouer des coudes avec les partis "de l'établissement".

Les candidats des huit partis en lice s'affrontaient jeudi et vendredi soir à la télévision pour tenter d'emporter la conviction du quart des 7,5 millions d'électeurs encore indécis à trois jours du scrutin.

Ni le bloc "rouge-vert" du Premier ministre social-démocrate sortant Stefan Löfven, ni le bloc "bourgeois" emmené par le dirigeant conservateur Ulf Kristersson ne devraient obtenir la majorité au Riksdag, condamnés à trouver des alliances au-delà de leur propre camp.

Les Démocrates de Suède (SD), parti anti-immigration à l'héritage néonazi, sont crédités de quelque 20% des voix, d'après les sondages de sept instituts réalisés au cours des dix derniers jours, en hausse de sept points par rapport aux législatives de 2014.

Au soir des élections, la formation pourrait ainsi se retrouver derrière les sociaux-démocrates et au coude-à-coude avec les conservateurs, sans aucune chance pour autant d'accéder à l'exécutif à ce stade, mais forte d'une influence inédite.

Les enquêtes d'opinion sont à prendre avec des pincettes tant les écarts sont vertigineux de l'une à l'autre: près de neuf points séparent la moins favorable pour SD (16,3%) à la plus optimiste (24,8%).

Stefan Löfven a appelé jeudi les Suédois à voter pour un "gouvernement stable (...) capable de diriger la Suède en ces temps incertains".

- Laxisme contre baisses d'impôt -

L'ancien métallo a dû le soir-même, sur la chaîne privée TV4, défendre âprement son bilan, vivement critiqué pour avoir ouvert grand les frontières de la Suède à 250.000 demandeurs d'asile en 2014 et 2015, avant de les refermer.

"L'intégration est la question vitale de notre temps", lui a lancé Ulf Kristersson, tandis que le chef de l'extrême droite, Jimmie Åkesson, a accusé le gouvernement de laxisme dans la lutte contre la criminalité, exhortant "ceux qui ne s'adaptent pas à retourner vivre dans un autre pays".

Le Premier ministre a de son côté raillé les partis de l'Alliance (conservateurs, libéraux, centristes et chrétiens-démocrates) qui "promettent à la fois de baisser les impôts et de défendre l’État-providence".

Droite et gauche sont respectivement crédités de 37 et 40% des suffrages.

"Il est difficile d'identifier le scénario le plus probable", explique à l'AFP Ulf Bjereld, politologue à l'Université de Göteborg.

La plupart des observateurs voient tout de même un nouveau gouvernement minoritaire formé par M. Löfven, avec une minorité encore plus faible qu'actuellement.

Il s'est déclaré jeudi ouvert à une coopération avec le Parti du centre et les Libéraux.

SD s'est dit prêt à collaborer tant avec la gauche que la droite, à condition de pouvoir dessiner la politique migratoire du pays. Mais jusqu'à présent, et malgré des tentations à droite, aucun des blocs n'est disposé à rompre le cordon sanitaire.

- "Maladie passagère" -

Ulf Kristersson, adversaire principal de Stefan Löfven qu'il rencontrera samedi lors d'une ultime confrontation télévisée, a lui aussi une nouvelle fois écarté jeudi de tendre la main à l'extrême droite.

Il n'aurait alors d'autre choix que de négocier un compromis avec les sociaux-démocrates sur les grands enjeux de société: réforme fiscale, intégration, école, système de soin.

Mais leurs différends sur le niveau des prestations sociales et le budget par exemple augurent de tensions jugées insurmontables par certains analystes qui émettent l'hypothèse de législatives anticipées, une première depuis 1958.

Théoriquement, il pourrait aussi se résoudre à s'appuyer sur l'extrême droite, en échange de concessions, soit d'ordre politique, c'est à dire l'entrée dans l'exécutif - ce que les quatre partis refusent jusqu'à présent - soit par des postes-clés au sein des commissions parlementaires.

Un sondage Ipsos du 28 août montre qu'un tiers des électeurs conservateurs veulent voir SD participer à un cabinet de droite.

Quel que soit le résultat de dimanche, Jimmie Åkesson a prévenu sociaux-démocrates et conservateurs qu'ils ne peuvent plus le tenir en marge et considérer son parti "comme une maladie passagère qui touche temporairement le Parlement".

Matteo Salvini, patron de l'extrême droite italienne et homme fort du gouvernement, lui a apporté son soutien jeudi, fustigeant la "générosité" de l’État suédois qui "agit comme un aimant pour une myriade de clandestins".

Un appel à faire barrage contre l'extrême droite a recueilli les signatures de 250 personnalités de la culture et comptait jeudi soir près de 100.000 membres sur Facebook.

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