Syrie : première visite à Damas du nouvel émissaire de l'ONU

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Par Rim Haddad avec Rouba el-Husseini à Beyrouth - Damas (AFP)
Publié le 15 janvier 2019 - 14:19
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Le nouvel émissaire des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, a débuté mardi sa première visite à Damas pour tenter de relancer les pourparlers de paix dans ce pays ravagé par la guerre, et de réussir là où ses trois prédécesseurs ont échoué.

Le diplomate norvégien, qui a officiellement pris ses fonctions le 7 janvier en remplacement de l'Italo-Suédois Staffan de Mistura, est arrivé en matinée dans la capitale, a constaté un photographe de l'AFP.

Il est le quatrième médiateur de l'ONU depuis le déclenchement du conflit en 2011, ses prédécesseurs n'ayant pas réussi à trouver une issue à ce conflit qui a déjà fait plus de 360.000 morts.

Déclenché par la répression sanglante de manifestations pro-démocratie, en mars 2011, il n'a eu de cesse de se complexifier au fil des ans, avec l'intervention de puissances étrangères et la montée en force de groupes jihadistes sur un territoire de plus en plus morcelé, compliquant davantage la tâche des envoyés spéciaux de l'ONU.

Par ailleurs, les négociations sous l'égide de l'ONU ont été éclipsées par un processus parallèle, dit d'Astana, lancés par la Russie et l'Iran --soutiens du pouvoir de Bachar al-Assad-- et la Turquie, parrain des rebelles.

De fait, ces trois puissances ont désormais la main haute sur le dossier syrien.

M. Pedersen, 63 ans, doit s'entretenir à Damas avec de hauts responsables syriens, mais aucun programme officiel de sa visite n'a été rendu public. Ce diplomate chevronné a indiqué sur son compte Twitter qu'il espérait "des réunions productives".

- Regrets -

M. Pedersen était membre de l'équipe norvégienne ayant participé aux négociations secrètes qui ont conduit à la signature des accords d'Oslo en 1993 entre Israël et les Palestiniens.

Peu après l'annonce de sa nomination, Damas a donné le ton.

"La Syrie coopérera avec le nouvel émissaire de l'ONU (...) à condition qu'il s'éloigne des méthodes de son prédécesseur", a déclaré début novembre le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad, cité par le quotidien pro-régime Al-Watan.

Les opposants au président Assad ont ont eux minimisé l'impact de cette nouvelle nomination, dénonçant un manque de volonté réelle et de consensus international pour trouver une solution politique au conflit.

M. Pedersen n'a pas encore évoqué publiquement sa mission ni la démarche qui sera la sienne.

Son prédécesseur avait annoncé en octobre sa démission pour "des raisons purement personnelles", mettant fin à quatre ans d'efforts infructueux, couronnés par l'échec à former un comité chargé d'élaborer une nouvelle constitution pour la Syrie.

"Je regrette profondément ce qui n'a pu être atteint", avait affirmé M. de Mistura devant le Conseil de sécurité.

- "Mission impossible" -

Staffan de Mistura avait engagé neuf cycles de pourparlers de paix entre le régime et l'opposition, restés tous sans résultats, avec souvent comme principale pierre d'achoppement le sort du président Assad.

Ce processus est à l'heure actuelle au point mort, tandis que les observateurs estiment que M. Assad, désormais en position de force, ne perçoit aucune utilité à sa résurrection.

Trois ans après le début du conflit, M. Assad ne contrôlait plus qu'un tiers du territoire. Ses jours au pouvoir semblaient comptés.

Mais le président syrien, à la tête de la Syrie depuis plus de 18 ans, a multiplié les victoires militaires jusqu'à reprendre le contrôle des deux-tiers de la Syrie, notamment grâce au soutien de la Russie: Moscou est intervenu militairement à partir de 2015 et a en outre recours à son droit de veto pour défendre le pouvoir de Damas au Conseil de sécurité.

Quant aux rebelles, ils ne disposent plus de réelle influence sur le terrain, après les multiples revers essuyés ces deux dernières années, qui ont réduit davantage leur pouvoir de négociation.

La tâche du nouvel émissaire onusien semble donc ardue. En août 2012, l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, avait jeté l'éponge après cinq mois d'efforts infructueux, qualifiant son travail de "mission impossible".

Il avait été remplacé par l'ex-ministre algérien des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, qui avait à son tour rendu le tablier, moins de deux ans plus tard.

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