Trump se défend d'être "raciste", sur fond de célébration de Martin Luther King

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Par Olivia HAMPTON - Washington (AFP)
Publié le 15 janvier 2018 - 18:49
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Donald Trump à son club de golf en Floride le 14 janvier 2017
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© Nicholas Kamm / AFP
Sur le site du mémorial de Martin Luther King, le 15 janvier 2018 à Washington
© Nicholas Kamm / AFP

Le président américain Donald Trump a dû, une nouvelle fois, se défendre d'être raciste après des propos injurieux envers plusieurs pays, au moment où les Etats-Unis célèbrent lundi le héros des droits civiques Martin Luther King.

La polémique a envenimé le débat autour du statut de centaines de milliers d'immigrés aux Etats-Unis, sur lequel un accord bipartisan au Congrès semble de plus en plus improbable, à un mois et demi d'une échéance cruciale.

"Je ne suis pas raciste. Je suis la personne la moins raciste que vous ayez jamais interviewée", a déclaré dimanche soir à des journalistes le président depuis son club de golf de West Palm Beach, en Floride, où il dînait avec le chef de la majorité de la Chambre des représentants Kevin McCarthy.

Ces déclarations faisaient écho à la polémique sur des propos qu'il aurait tenus jeudi lors d'une réunion avec des parlementaires. "Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici?", aurait-il demandé, en référence à des pays d'Afrique, à Haïti et au Salvador.

Le milliardaire a contesté dès vendredi avoir utilisé cette expression, mais a été contredit par des élus de la majorité républicaine et de l'opposition démocrate.

Depuis son entrée en politique en juin 2015, il a plusieurs fois été taxé de racisme.

En campagne, il a accusé le Mexique "d'envoyer" aux Etats-Unis des criminels, en particulier des "violeurs". Il s'en est également pris plusieurs fois aux musulmans, encore récemment en retweetant des vidéos anti-musulmans à l'origine douteuse.

En août, il n'a pas condamné clairement des manifestants néo-nazis dont le rassemblement s'était terminé par la mort d'une femme, percutée intentionnellement par le véhicule d'un suprémaciste blanc.

- 'Dreamers' en péril -

Lundi, beaucoup ont puisé dans les mots du pasteur Martin Luther King Jr, honoré par un jour férié aux Etats-Unis, des messages à destination du président.

L'ancien candidat républicain à la présidence des Etats-Unis Mitt Romney a aussi évoqué la mémoire du pasteur King, tout en expliquant que "le sentiment attribué au président des Etats-Unis n'est pas cohérent avec l'histoire américaine et constitue l'antithèse des valeurs américaines".

"La pauvreté du pays d'origine d'un candidat à l'immigration est aussi peu pertinente que son origine ethnique", a tweeté celui qui pourrait bientôt briguer un siège au Sénat.

Lundi toujours, le basketteur vedette LeBron James a estimé que Donald Trump avait "donné aux gens" racistes "l'opportunité de se dévoiler et de parler sans crainte".

Tandis que des milliers d'événements se sont déroulés dans tout le pays pour rendre hommage au héros de la lutte pour les droits civiques, tué par balle le 4 avril 1968, beaucoup fustigeaient l'absence de Donald Trump à ces célébrations.

Dans un message vidéo enregistré et publié lundi, il a évoqué Martin Luther King et appelé à "perpétuer son message de justice, d'égalité et de liberté".

"Donald Trump est une brute raciste et nous savons comment traiter les brutes", a déclaré la sénatrice démocrate Elizabeth Warren lors d'un rassemblement dédié à Martin Luther King, selon le Boston Globe. "Nous répliquons".

Plusieurs parlementaires démocrates ont déjà annoncé qu'ils n'assisteraient pas au discours sur l'Etat de l'Union de Donald Trump devant le Congrès, le 30 janvier, notamment John Lewis, qui fut des grandes luttes pour les droits civiques durant les années 1960.

Le climat politique semble chaque jour plus tendu entre le l'occupant de la Maison Blanche et l'opposition démocrate, dont le président a encore mis en doute lundi le désir de parvenir à un accord sur le programme Daca, mis en place par Barack Obama pour permettre aux immigrés clandestins arrivés enfants aux Etats-Unis de pouvoir y étudier et y travailler.

M. Trump a proposé un pacte qui offrirait une issue aux "Dreamers", les bénéficiaires du programme Daca qu'il a abrogé, en échange du financement de mesures de renforcement du contrôle à la frontière mexicaine, notamment l'érection d'un mur.

"Nous sommes prêts, désireux et capables d'obtenir un accord sur Daca", a-t-il dit dans la matinée, alors que le sort de près de 700.000 personnes est en jeu. Mais "je ne pense pas que les démocrates veuillent le conclure".

Dans l'après-midi il s'en est pris nommément au sénateur démocrate Dick Durbin, présent jeudi à la réunion et qui a affirmé que M. Trump avait répété "plusieurs fois" son expression grossière.

"Le sénateur Dicky Durbin a totalement déformé ce qui a été dit à la réunion Daca. On ne peut pas conclure d'accord quand il n'y a pas de confiance! Durbin a détruit Daca et nuit à notre armée", a-t-il tweeté.

La semaine dernière, un juge fédéral de Californie a suspendu l'abrogation de Daca, qui devait intervenir début mars, échéance fixée par le président aux parlementaires pour trouver un compromis sur ce dossier.

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