Ukraine : le comédien en tête des sondages veut "aider" son pays

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Par Ania TSOUKANOVA - Kiev (AFP)
Publié le 06 mars 2019 - 19:10
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Le comédien et candidat à la présidentielle ukrainienne Volodymyr Zelensky lors d'un entretien avec l'AFP sur les lieux du tournage d'une série télévisée à Kiev, le 6 mars 2019
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© Sergei SUPINSKY / AFP
Le comédien et candidat à la présidentielle ukrainienne Volodymyr Zelensky lors d'un entretien avec l'AFP sur les lieux du tournage d'une série télévisée à Kiev, le 6 mars 2019
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Favori inattendu des sondages pour la présidentielle en Ukraine, le comédien Volodymyr Zelensky assure vouloir "aider" son pays malgré son manque d'expérience et renouveler un paysage politique souvent considéré comme corrompu par les électeurs.

A moins de quatre semaines du premier tour le 31 mars, le candidat de 41 ans, davantage rompu aux spectacles humoristiques et aux réseaux sociaux qu'aux interviews et meetings électoraux, reçoit l'AFP sur le tournage de la série télévisée "Serviteur du peuple", où il incarne un professeur d'histoire élu président.

"Ce n'est pas du cinéma, c'est la vie réelle, mais je veux vraiment aider l'Ukraine, (...) aider les gens", déclare Volodymyr Zelensky. "Ce que je peux faire au moins, c'est amener vers la politique le plus grand nombre de nouvelles personnalités honnêtes".

Cet acteur populaire et entrepreneur prospère du spectable a bousculé la campagne présidentielle, qui s'annonçait comme un duel entre deux vétérans de la politique ukrainienne, le président actuel Petro Porochenko et l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko.

Selon les derniers chiffres publiés cette semaine par l'institut Rating Group, le comédien est crédité de 25% des intentions de vote chez les Ukrainiens ayant déjà fait leur choix, loin devant M. Porochenko (16,6%) et Mme Timochenko (16,1%).

Selon ses partisans, il apporte une certaine fraîcheur à un monde politique décrédibilisé par des années de luttes intestines et de scandales de corruption. Les dernières semaines ont encore été marquées par des accusations de fraude échangées entre Petro Porochenko et Ioulia Timochenko, et par un scandale de contrebande impliquant un proche du président.

Alors que beaucoup s'interrogent sur sa capacité à diriger une ex-république soviétique de 45 millions d'habitants confrontée à un conflit armé et à une situation économique très difficile, M. Zelensky assure se préparer.

"Oui, je n'ai pas d'expérience" mais "j'ai suffisamment de forces et d'énergie. Bien sûr que je n'ai pas toutes les connaissances, mais je suis en train d'apprendre (...) Je ne veux pas avoir l'air d'un imbécile", martèle-t-il.

"Il y a des gens qui souhaitent m'aider et je pense qu'on y arrivera", estime l'acteur, qui a consulté ses dernières semaines de nombreux experts ukrainiens dont des militants anticorruption et plusieurs ex-ministres réformateurs.

- "Le pays n'a plus d'espoir" -

Si certaines de ses rencontres politiques ont été qualifiées de "désastreuses" par des participants, il semble en avoir tiré des leçons et s'exprime de façon plus avisée. Il promet notamment d'aller de l'avant dans la mise en oeuvre des accords de paix de Minsk, censés remédier, sans grand succès jusqu'à présent, à la guerre qui fait rage depuis cinq ans avec les séparatistes prorusses dans l'est du pays.

Accusé d'être une "marionnette" du sulfureux oligarque ukrainien Igor Kolomoïski, M. Zelensky nie toute liaison politique avec cet homme d'affaires qui est à couteaux tirés avec la présidence et dont la chaîne 1+1 couvre abondamment et de manière largement positive sa campagne.

"Mon lancement en politique n'est lié au souhait de personne, y compris Kolomoïski", affirme l'acteur.

Il juge durement les autorités actuelles, arrivées au pouvoir en 2014 dans la foulée du soulèvement populaire du Maïdan et qui se sont depuis complètement "discréditées" selon lui.

"Avec ce pouvoir, le pays n'a pas d'espoir" et s'il reste en place, "je ne vois plus l'avenir de mes enfants" en Ukraine, déclare ce père de deux enfants.

M. Zelensky accuse l'administration présidentielle d'organiser des campagnes médiatiques pour le "traîner dans la boue" et les "services spéciaux" de "poursuivre" et "mettre sur écoute" des rivaux politiques de M. Porochenko.

"Je vais probablement regretter" la décision de briguer la présidence, glisse le comédien, qui promet en cas d'élection de se limiter à un seul mandat.

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