Affaire Benalla : la gauche surmonte ses divisions pour présenter une motion de censure

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Par Stéphanie LEROUGE - Paris (AFP)
Publié le 27 juillet 2018 - 19:30
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Les députés Insoumis, communistes et socialistes ont décidé vendredi de surmonter leur divisions pour déposer une motion de censure commune contre le gouvernement sur l'affaire Benalla, une première qui ne signifie pas, à les entendre, le retour de l'union de la gauche.

Les représentants des groupes Nouvelles Gauche (PS), GDR (PCF) et LFI se sont retrouvés en début d'après-midi à l'Assemblée pour accorder leurs violons.

Au terme d'environ deux heures de discussion, ils ont annoncé avoir réussi à s'entendre sur un texte commun, et sur le nom de celui qui le défendra, mardi dans l'hémicycle: le président du groupe GDR, André Chassaigne. Le président du groupe LR Christian Jacob défendra de son côté la motion de la droite.

Dans une vidéo postée vendredi soir sur sa chaîne Youtube, M. Mélenchon a expliqué que ce qui avait déterminé le choix de M. Chassaigne était "l'ordre alphabétique" -les socialistes ayant refusé de s'en remettre au tirage au sort comme les Insoumis le proposaient. La présidente du groupe Nouvelle Gauche Valérie Rabault, qui ne voulait pas prendre le risque de voir un Insoumis porter le texte, avait proposé à la mi-journée le nom de M. Chassaigne à titre de compromis.

Les Insoumis avaient été les premiers, il y a huit jours, à proposer le dépôt d'une motion de censure, eux-mêmes ne pouvant la déposer seuls, puisqu'ils ne sont que 17 et que le dépôt d'une motion requiert 58 signatures.

Jeudi matin, le premier secrétaire du PS Olivier Faure semblait encore loin de se rallier à cette solution.

"Je pense que ce n'est pas la bonne façon de procéder", a estimé sur RMC le député de Seine-et-Marne à propos de la motion déposée par LR. "En réalité ça rend service à Emmanuel Macron, puisqu'il va pouvoir clore une séquence par un vote qui marquera le fait qu'il n'y a pas de majorité alternative", a-t-il argumenté.

- Un bureau national extraordinaire au PS -

Mais les députés PS n'avaient pas envie non plus de rester spectateurs de la motion LR, d'autant que les auditions sur l'affaire Benalla devant la commission d'enquête de l'Assemblée ont tourné court jeudi.

"Toute la journée (jeudi) nous avons échangé sur le sujet. Olivier Faure a fait trancher la question en convoquant un bureau national extraordinaire du parti", raconte à l'AFP le député du Val-de-Marne Luc Carvounas.

"L'idée c'est d'affirmer qu'il y a une droite et une gauche dans ce pays. On était une bonne majorité à ne pas vouloir se mélanger avec LR (en votant sa motion) (...) Olivier Faure il écoute, sa position évolue", décrypte un membre du Bureau national.

Jean-Luc Mélenchon a applaudi vendredi matin la décision du PS, se félicitant d'une "ambiguïté levée" sur sa ligne politique. "Le Parti socialiste est maintenant un parti d'opposition frontale au gouvernement", a-t-il salué en rappelant que lors du vote de la confiance au gouvernement, il y a un an, seuls trois socialistes avaient voté contre.

"On n'a pas du tout changé de doctrine par rapport à il y a un an mais on est aussi capable dans une négociation d'établir des compromis", a répondu Valérie Rabault, avant d'ajouter que "pour l'instant, c'est un +one shot+".

Pas question pour les socialistes de donner l'impression qu'ils sont à la remorque de M. Mélenchon. "Chacun garde ses spécificités. On signe un texte suffisamment consensuel pour que tout le monde s'y retrouve", souligne Mme Rabault.

Cette motion, "c'est pas la gauche plurielle", c'est "ponctuel", renchérit M. Faure, même si les trois groupes ont par le passé saisi ensemble le conseil constitutionnel.

Preuve de ces divergences persistantes, le groupe des Insoumis devrait voter le texte des Républicains, ce que ne feront sans doute pas les socialistes.

"Les LR n'ouvraient pas leur motion à la signature d'autres groupes, cela ne nous aurait pas dérangés de la signer", a expliqué à l'AFP le député Eric Coquerel. "Nous n'aurions pas désapprouvé la formation d'un grand arc républicain contre la dérive monarchique", a aussi expliqué M. Mélenchon.

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