Cinq choses à retenir des 80 jours de grands débats de Macron

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Par Jérôme RIVET, Laurence BENHAMOU - Paris (AFP)
Publié le 02 avril 2019 - 13:15
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Emmanuel Macron devant des élus lors d'un grand débat à Souillac, dans le Lot, le 18 janvier 2019
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© Ludovic MARIN / POOL/AFP/Archives
Emmanuel Macron devant des élus lors d'un grand débat à Souillac, dans le Lot, le 18 janvier 2019
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Entamé le 15 janvier à Grand Bourgtheroulde (Eure), le Grand débat national d'Emmanuel Macron s'achève jeudi à Cozzano (Corse). Retour sur un tour de France de 80 jours en cinq points marquants:

- Marathon -

La durée totale des 14 débats approche des 100 heures, avec près de 85 heures avant les deux dernières étapes.

Le record est détenu par celui avec les intellectuels : plus de huit heures, soit une heure de plus qu'avec les élus d'Outre-Mer, et deux de plus que les premiers débats, dans l'Eure et le Lot, longs de plus de 6h00. Certaines chaînes d'info ont diffusé de bout en bout, avec 1,25 million de téléspectateurs pour le premier d'entre eux. Les audiences ont ensuite nettement baissé.

En introduisant le premier débat, Emmanuel Macron assure aux 600 maires rassemblés: "Je ne vais pas parler longtemps car l'objectif, c'est surtout de vous entendre". Mais sur les 6h30 de la réunion, il parle pendant près de 3h30.

Tombant la veste au bout de quelques heures, Emmanuel Macron ne boude pas son plaisir d'être au milieu de l'agora, le micro à la main, retrouvant l'enthousiasme de la campagne de 2017. "Il adore ça", confie un conseiller.

- Pointu -

Incollable grâce aux innombrables fiches qu'il ingurgite avant chaque déplacement, il répond en détail sur tous les dossiers locaux ou nationaux, de la péréquation des dotations de l'Etat à la fécondité de l'ourse des Pyrénées, en passant par les rapports d'expertise sur une maternité voisine.

A chaque rencontre, ces salves de plus d'une centaine de questions transforment l'exercice en grand oral. Une unique fois, en riant, il a déclaré forfait sur... les tracas des géomètres-experts. "Les géomètres experts? ... J'avoue, je n'ai pas ça sous la jambe !".

Avant de prendre le micro, il note quelques mots sur chaque question, le nom de son auteur et son emplacement dans la salle. Doté d'une grande mémoire, il peut ainsi, une heure après la question, se tourner directement vers son interlocuteur en lui répondant. "Il est bluffant, il a réponse à tout", s'exclame un maire.

- Policé -

De bout en bout, les échanges ont été globalement très policés. Pourtant certains maires n'hésitent pas à lui parler "cash" comme Christian Venries à Souillac (Lot) le 18 janvier: "Je vous mets en garde, monsieur le président: il ne faudra pas que ce débat devienne le grand bluff!".

Le ton monte un peu sur les sujets polémiques, comme la suppression de l'impôt sur la fortune à Bourg-de-Péage (Drôme) le 24 janvier. "Je ne l'ai pas fait pour faire un cadeau à des gens", affirme le président. "Ben si!", répond en coeur l'assemblée. "Non, c'est pas vrai", rétorque Emmanuel Macron.

Au bout de deux mois, l'opposition dénonce une "opération de communication" qui "s'éternise". Résultat: la réunion avec les Hauts-de-France est boycottée par les parlementaires LR, RN, LFI et communistes. Le dernier débat, en Corse, s'annonce tendu sur fond de grogne des nationalistes.

- "Gilets jaunes" -

Très présents au début, ils ont progressivement disparu. A Grand Bourgtheroulde, ils sont une centaine à contourner les barrages pour crier "Macron démission". Idem à Souillac (Lot), où une banderole clame: "Manu, arrête tes macronneries, tu ne vas pas réussir à nous endormir avec ton grand débat".

Jean-Luc Mélenchon (LFI) dénonce leur absence dans la salle: "Nous voyons 600 personnes, nos élus locaux, des braves gens, en écharpe. Au milieu un type qui répond aux questions. Et tout autour, 1.200 policiers. Et pas un seul gilet jaune!".

Mais à Bourg-de-Péage, Emmanuel Macron s'invite à une rencontre locale et se retrouve pour la première fois à débattre avec quelques "gilets jaunes" dans une ambiance plutôt décontractée. "On peut pas dire qu'il m'a convaincu mais on sent que dans ses réponses, il fait sincère", réagit l'un d'eux.

Et à Pessac, une militante du mouvement l'interpelle et tente en vain de lui faire enfiler un collier avec comme pendentif un mini-gilet jaune, lors d'un échange tendu.

Curieusement, le débat où il parle le plus des "gilets jaunes" est celui avec les enfants le 28 mars. "J'ai envie de (leur) répondre" mais pas à ceux qui "ont mis un gilet jaune pour tout casser", leur explique-t-il.

- Flou -

Tout au long du débat, le chef de l'Etat joue les équilibristes. Il veut à la fois défendre ses réformes et réaffirmer son cap, mais sans paraître fermé aux revendications des Français ni révéler ce qu'il pourrait accorder en plus -- "on m'aurait accusé de préempter le débat".

"Je tirerai des solutions véritables de ce débat car je veux en faire un acte II de mon mandat", promet-il le 16 janvier. Il faudra attendre la mi-avril pour connaître ses premières mesures.

"Je suis un pragmatique, il n'y a pas de tabou", assure-t-il à Souillac le 18 janvier. Pourtant d'emblée, il écarte un retour de l'ISF. Au fil des jours, il laisse entrevoir des concessions, comme des aménagements pour les 80 km/h, un plan d'aide aux petites associations, la révision de la loi NOTRe ou l'élection de conseillers territoriaux.

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