Européennes : Hamon, Jadot, Glucksmann, les amis d'hier prêts à s'affronter

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Par Stéphanie LEROUGE - Paris (AFP)
Publié le 03 avril 2019 - 17:40
Mis à jour le 04 avril 2019 - 01:28
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Benoît Hamon, fondateur du parti Générations.s lors d'un meeting pour les Européennes, le 3 avril 2019 à Paris
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© BERTRAND GUAY / AFP
Benoît Hamon, fondateur du parti Générations.s lors d'un meeting pour les Européennes, le 3 avril 2019 à Paris
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Main dans la main à la présidentielle, Benoît Hamon, Yannick Jadot et Raphaël Glucksmann s'affronteront aux Européennes le 26 mai, et dès jeudi sur France 2, au risque de désorienter leurs électeurs et de le payer dans les urnes.

Les sondages accordent pour l'instant l'avantage à M. Jadot, tête de liste EELV, autour de 8-9%, devant la liste Place publique allié au PS menée par M. Glucksmann (5-6%) et celle de Générations par M. Hamon (entre 3 et 4%).

Candidat des écologistes à la présidentielle en 2017, Yannick Jadot avait alors accepté de se retirer au profit de M. Hamon, vainqueur de la primaire de la gauche. Raphaël Glucksmann, lui, avait corédigé le grand discours de Bercy de M. Hamon.

Après le score catastrophique du socialiste (6,36%), les trois hommes se retrouvaient encore sur la pelouse de Reuilly le 1er juillet 2017 pour le lancement du "Mouvement du 1er-Juillet", depuis rebaptisé Générations.

Un épisode qui marque la fin de l'idylle entre MM. Jadot et Hamon. "Benoît Hamon s'est projeté dans la création d'une écurie pour 2022. Moi, je lui ai dit que je n'allais pas devenir hamoniste", confiait alors M. Jadot.

Des discussions sont bien ouvertes au printemps 2018 entre Générations et EELV pour l'élaboration d'une liste commune, sans résultat. "Ca a achoppé sur un sur des questions de stratégie", assure l'ancien député Pascal Cherki, proche de M. Hamon.

Alors que M. Hamon veut créer avec Yanis Varoufakis, fondateur du "Printemps européen", un nouveau groupe d'eurodéputés sur une ligne rompant avec la "vraie droite" et la "fausse gauche", les Verts défendent leur appartenance au groupe des Verts européens. Or, selon M. Cherki, une partie des Verts européens sont "ambigus" sur la question des alliances. "Certains sont sur la ligne de la grande alliance avec les libéraux", pointe-t-il.

- "Respect" -

Au printemps 2018, Yannick Jadot discute de son côté avec des personnalités de la société civile, dont Raphaël Glucksmann, Claire Nouvian, Thomas Porcher, pour ouvrir la liste EELV à de nouvelles figures.

Mais là encore, les discussions échouent, et les trois compères décident de créer de leur côté un nouveau parti, Place publique. "Les Verts font du bon travail comme députés. Mais leur chapelle ne pourra pas faire la synthèse de tous les Français. (...) Les Verts ont l'image de gens qui se détestent et s'entretuent", expliquait cet automne à la presse Claire Nouvian.

Finalement M. Glucksmann et Mme Nouvian ont décidé mi-mars de s'allier au PS, perdant au passage Thomas Porcher. "Claire Nouvian m'avait dit: +Je ne veux pas vous rejoindre, regarde l'image des Verts...+. Puis à la fin elle est avec le PS... C'est un peu décousu", commente le secrétaire national d'EELV, David Cormand.

Entre Place publique et Générations, les choses ne vont pas mieux. Pour Benoît Hamon, ancien colocataire du patron du PS Olivier Faure dans les années 1990, il est inimaginable de revenir vers le PS qu'il a quitté avec fracas après la présidentielle.

"Place publique nous a dit: on ne peut pas laisser le PS à l'écart. Moi j'ai dit que je n'irai pas avec le PS. Avec qui j'irais discuter de la liste ? Carlos Da Silva ? (l'ancien bras droit de Manuel Valls, devenu directeur de cabinet de M. Faure, NDLR)", raconte M. Hamon.

Pour M. Glucksmann, l'enjeu est de tirer la social-démocratie vers la social-écologie. "Ma peur, si on ne fait rien, c'est que le PS redevienne comme avant", dit-il.

Ces derniers jours, les deux hommes ne se font aucun cadeau. "Yannick Jadot, l'union de la gauche ce n'est pas son histoire. Contrairement à Benoît Hamon", souligne M. Glucksmann. L'essayiste a récemment relaté à la presse que Benoît Hamon lui avait dit "préférer crever en (les) faisant échouer, plutôt que crever en (les) voyant réussir".

"Ca n'a jamais existé, je ne sais pas d'où ça sort, en tout cas pas de ma bouche", a répondu M. Hamon lors d'une conférence de presse mercredi. "Je n'ai aucun problème avec Raphaël Glucksmann, c'est un garçon pour lequel j'ai du respect, comme pour Yannick (Jadot). Les deux on travaillé avec moi, pour moi pendant l'élection présidentielle, et je n'ai pas du tout l'intention (...) de leur nuire", a-t-il ajouté.

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