Ian Brossat, le communiste en mission com'

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Par Baptiste BECQUART - Paris (AFP)
Publié le 13 avril 2019 - 10:00
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Ian Brossat sur le plateau de France 2 le 4 avril 2019
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© BERTRAND GUAY / AFP/Archives
Ian Brossat sur le plateau de France 2 le 4 avril 2019
© BERTRAND GUAY / AFP/Archives

Maîtrise de son image, goût pour la communication: l'adjoint au Logement de Paris Ian Brossat, qui mène la liste PCF aux élections européennes, incarne la nouvelle génération de cadres communistes qui ont pour mission de dépoussiérer un parti marginalisé depuis plusieurs années.

Depuis une semaine, les communistes ne parlent que de ça: la prestation de leur poulain au débat des têtes de liste sur France 2 le 4 avril. Les commentateurs ont salué son mélange de calme et de tranchant dans un exercice cacophonique rassemblant 12 candidats.

L'histoire à raconter - à la presse mais aussi aux militants, inquiets de sondages ne dépassant pas les 3% - est toute trouvée: boudé par la chaîne qui ne l'avait initialement pas invité, snobé par les médias et les électeurs, le "PCF is back", selon le slogan du nouveau secrétaire national Fabien Roussel.

Mais pour convaincre l'électorat populaire, Ian Brossat, quasi quadragénaire au visage poupin, doit tempérer son image de parisien de l'élite intellectuelle. Né en 1980 d'une mère ouvreuse de théâtre devenue vacataire à l'Inserm et d'un père professeur de philosophie, il grandit à Paris et intègre Normale Sup après des classes prépa à Henri IV effectuées en même temps que Raphaël Glucksmann - aujourd'hui l'un de ses adversaires aux européennes.

Avec de nombreux déplacements de campagne, "je m'imprègne d'autres réalités que la mienne", concède celui qui rêvait d'être journaliste. Et raconte avec autodérision comment un communiste "des champs" comme le patron des députés PCF André Chassaigne a dû lui faire un cours accéléré sur les vaches au salon de l'Agriculture.

- "Communisme 2.0" -

Alors que le PCF veut conquérir son autonomie à l'occasion des européennes, le candidat est aussi tributaire de son alliance avec le PS à Paris, lui qui est adjoint au Logement d'Anne Hidalgo depuis 2014. "Il y a une déconnexion entre la politique sociale-démocrate réformiste qu'il mène auprès d'Anne Hidalgo et ce qu'il défend en ce moment sur les plateaux TV", note quelqu'un qui l'a bien connu à l'exécutif parisien.

De son côté, l'intéressé, dont le grand-père était résistant polonais communiste, met en avant sa lutte contre AirBnb, sa politique de développement des logements sociaux et son bras de fer pour implanter un refuge destiné aux sans-abris dans le 16e arrondissement. "Faire de la politique en restant sur le banc de touche et critiquer, ça ne m'intéresse pas", assène-t-il.

"L'idéal communiste est clair dans sa tête, sa volonté est juste d'être dans le réel", le défend Pierre-Yves Bournazel, député et conseiller centriste de Paris. "Force est de constater qu'à Paris, il a redonné de la visibilité au PCF".

La visibilité, Ian Brossat sait faire. En septembre 2018, il cogne contre ce qu'il perçoit comme un vacillement des valeurs de gauche de La France insoumise sur l'accueil des réfugiés. L'un de ses tweets a même conduit au boycott de la Fête de l'Humanité par la plupart des Insoumis, un fait d'armes qui a ravi une base militante estimant que Jean-Luc Mélenchon a piétiné son orgueil en 2017.

Le candidat se pose aussi en rassembleur des communistes en évitant de dévoiler son jeu, comme à l'approche du Congrès extraordinaire de novembre, alors que le parti se déchire comme jamais sur sa ligne. "En ne participant pas au débat interne, il n'y a pas d'éclaircissement" sur sa position, remarque le responsable d'une fédération départementale.

Ian Brossat soigne son image via des "coups" politiques, une présence pugnace sur les plateaux TV et les réseaux sociaux. "Le communisme 2.0", loin d'un militantisme de réunions, assure son amie de 15 ans Hélène Bidard, également adjointe PCF à Paris.

Parfois, l'édifice se fissure. Lorsqu'après un tweet critiquant Arielle Dombasle qui "défend la planète depuis son avion", des internautes moquent ses nombreuses photos de voyage à l'autre bout du monde sur Instagram.

"Toutes ces photos torse nu, ce besoin de com', c'est grotesque et il en convient", s'amuse l'ancien premier adjoint au maire de Paris Bruno Julliard, un ami. "C'est révélateur d'une fragilité personnelle" qui, selon lui, "le rend d'autant plus attachant".

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