Mélenchon s'en prend à nouveau à la presse, tout en se tournant vers les Européennes

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Par Baptiste BECQUART avec Jérémy MAROT à Strasbourg - Paris (AFP)
Publié le 24 octobre 2018 - 18:00
Mis à jour le 25 octobre 2018 - 01:24
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Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon au Parlement européen à Strasbourg, le 24 octobre 2018
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© FREDERICK FLORIN / AFP
Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon au Parlement européen à Strasbourg, le 24 octobre 2018
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"Si moi vous me détestez, je peux le comprendre car je vous le rends bien": Jean-Luc Mélenchon a une nouvelle fois vilipendé les médias mercredi à Strasbourg, alors que La France insoumise tente de reprendre la main en vue des élections européennes de mai.

Après la conférence de presse électrique de vendredi, où il dénonçait les "affirmations diffamatoires et calomnieuses" de Radio France dans une enquête sur ses comptes de campagne, une nouvelle rencontre tendue entre le chef de file des Insoumis et les journalistes a eu lieu dans les couloirs du Parlement européen à Strasbourg.

Il a d'abord relativisé "la persécution politique" dont son mouvement fait selon lui l'objet: "Ce pays a bon fond, y compris dans les médias, les choses vont se retourner".

Mais l'atmosphère s'est glacée lors d'une question sur l'éventualité de rebondissements sur ses comptes de campagne: "Il y en aura. Nous sommes persécutés. Beaucoup de nos amis sont très traumatisés. Je vous demande de le comprendre, même si moi vous me détestez, et je peux le comprendre car je vous le rends bien".

A une journaliste de Radio France qui lui demandait ensuite s'il accepterait de venir s'expliquer dans une de leurs émissions, le chef de file de LFI a cinglé: "vous pouvez toujours courir, vous n'êtes pas un commissariat. (...) Je ne débattrai avec aucun d'entre vous car vous êtes malveillants et des faussaires."

"Peut-être que nous ferons la faveur à quelques-uns d'aller nous expliquer. Mais certainement pas à la radio d'Etat", a-t-il lancé.

Radio France a porté plainte formellement contre Jean-Luc Mélenchon, la patronne du groupe Sibyle Veil expliquant que "dénigrer, discréditer, jeter le doute sur le professionnalisme" des journalistes n'était "pas acceptable".

- "Passer à autre chose" -

La séquence vient illustrer à nouveau le rapport conflictuel entretenu et assumé par Jean-Luc Mélenchon avec la presse, lui qui assurait en février sur son blog: "La haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine".

Une vingtaine de sociétés de journalistes (SDJ) ont apporté lundi leur "soutien sans réserve" aux journalistes de Radio France, Médiapart et France 3, ciblés ces derniers jours.

Arnaud Benedetti, professeur associé à l'université Paris-Sorbonne, voit dans les attaques de M. Mélenchon contre les institutions et la presse un "travail de sape". C'est, écrivait-il lundi dans Le Figaro, "ce constat qui fonde le pari de Jean-Luc Mélenchon: le moment est venu d'accélérer dans une atmosphère de décomposition que tout le monde pressent, mais n'ose regarder en face."

Dans l'entourage du député de Marseille, on veut croire que "ce genre de circonstances soudent les Insoumis". La France insoumise a enregistré 2.300 nouvelles inscriptions en un semaine, un record, argue le responsable de la communication numérique, Antoine Léaument.

Pourtant, près de deux Français sur trois (64%) ont été "choqués" - dont 35% "très choqués" - par l'attitude de Jean-Luc Mélenchon et de ses proches lors des perquisitions visant LFI, seuls 30% déclarant ne pas être choqués, selon un sondage Elabe pour BFMTV.

"On ne souhaite pas poursuivre le feuilleton pendant des semaines", confie à l'AFP le directeur des campagnes et cotête de liste aux Européennes, Manuel Bompard : "On a commencé à poser des éléments pour passer à autre chose".

Un meeting de Jean-Luc Mélenchon est organisé mardi à Lille. "La solution c'est le peuple, on va au milieu des nôtres", avance M. Bompard.

Et mercredi matin, Jean-Luc Mélenchon tenait sa première conférence de presse commune avec son nouvel allié Emmanuel Maurel, en vue des européennes de mai 2019. Il a annoncé le projet d'une liste commune.

M. Maurel, qui a lancé avec la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann son mouvement "Après" à la suite de leur départ du PS, a quant à lui évoqué des convergences "incontestables": "sortir des traités européens", "l'évasion fiscale", "les combats écologiques" et "la lutte contre le libre-échange généralisé".

Dans la soirée, l'ensemble des députés LFI, ainsi que Catarina Martins, coordinatrice du Bloc de gauche portugais, et Soren Sondergaard, de l'alliance rouge-verte danoise, ont publié une tribune intitulée "Face à Macron et Salvini, une Europe pour le peuple", sur le site du Huffington Post.

Ils y clament leur "priorité": "construire une alliance internationale qui place la solidarité et les droits sociaux au centre de la politique et au-dessus de tout".

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