Paris : Griveaux, un candidat qui ne peut pas dire son nom

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Par AFP - Paris
Publié le 16 mars 2018 - 11:39
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Manifestement intéressé par une candidature à la mairie de Paris, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux pousse ses pions avec précaution, en attendant l'aval d'Emmanuel Macron qui sera conditionné à un projet solide face à Anne Hidalgo.

C'est un petit casse-tête de communication que doit résoudre M. Griveaux: comment afficher ses intentions pour la capitale, et se bâtir une légitimité pour la fonction, sans froisser dans son camp et pour une élection encore lointaine (2020)? En laissant filtrer ses ambitions alors qu'il n'était pas encore élu député de Paris à l'été dernier, il avait irrité jusqu'à l'Elysée dit-on, une imprudence qu'il se garde bien de commettre à nouveau.

"Le Président ne donne rien, il faut aller chercher ce que l'on veut, se mettre en situation, c'est-à-dire avant tout travailler", résume ainsi un marcheur de la première heure, qui pense que "Benjamin va y aller".

"Benjamin a un côté bon élève et bon soldat et son objectif c'est d'abord que Macron soit en position d'être réélu en 2022", abonde un proche du porte-parole. "Or un échec d'En Marche à Paris serait mauvais. Donc il veut s'assurer d'abord d'être le mieux placé avant de se déclarer", ajoute-t-il.

Depuis quelques semaines, M. Griveaux délivre cependant des messages de plus en plus explicites sur la politique parisienne.

Ici pour soutenir la fermeture des voies sur berges mais critiquer la méthode d'Anne Hidalgo, là pour se déclarer favorable à l'ouverture dominicale des commerces dans tout Paris. Ou encore pour porter le fer sur l'absence supposée de concertation entre l'actuelle maire de Paris et les départements de petite couronne, un angle d'attaque qui sera décliné dans le projet du parti présidentiel.

C'est aussi une façon pour M. Griveaux, natif et ancien élu de Saône-et-Loire, d'être mieux identifié par les Parisiens, même si son entourage estime que les déficits de notoriété ne comptent pas à Paris, où Bertrand Delanoë (en 2001) et Anne Hidalgo (en 2014) ont été successivement élus contre deux figures politiques et médiatiques, Philippe Seguin et Nathalie Kosciusko-Morizet.

- Pas de 'guerre de noms' -

M. Griveaux s'est aussi empressé de fermer la porte à tout "accord de coalition", comme récemment suggéré par Mme Hidalgo dans une main tendue aux marcheurs parisiens.

"Ma conviction c'est qu'aujourd'hui il y a une majorité de Parisiens qui se retrouvent à la fois dans l'orientation de ce que fait Anne Hidalgo, et qu'on peut retrouver dans ceux qui ont voté En Marche et ses élus", décrypte Mao Peninou, adjoint de Mme Hidalgo mais proche de LREM. "Voilà pourquoi je plaide pour une coalition, un spectre politique qui rassemble les progressistes de droite et de gauche et les écologistes", ajoute-t-il, en estimant pour l'heure Anne Hidalgo "la mieux placée" même si M. Griveaux serait "légitime".

"Vu sa position, Benjamin Griveaux a raison de +sortir+ là-dessus", analyse un député de la capitale. "Il ne veut pas laisser entendre que des marcheurs puissent aider Anne Hidalgo à être réélue, il explique que ce n'est pas le bon côté et qu'il faut construire un projet propre. Et il envoie aussi quelques signaux sur sa candidature".

Dans cette perspective, M. Griveaux organise donc l'unité autour de lui, au-delà des "comités politiques", réunissant parlementaires, cadres LREM et autres élus macronistes de la capitale, dont la dernière édition s'est tenue jeudi soir.

Il a récemment convié la douzaine de députés LREM de Paris à un dîner chez lui. Le prochain aura lieu chez Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique et député de la 16e circonscription, consacrant "la bonne ambiance" entre ces postulants potentiels, dixit un parlementaire.

"Tous ceux qui imaginent pouvoir gagner Paris en lançant une guerre de noms dans la presse se trompent", prévient un député en appelant à respecter "l'ordre, qui est de déterminer le calendrier, une méthode, une plateforme d'idées. Et viendra enfin la question de l'incarnation" qui s'effectuera, selon lui, "entre la sélection naturelle et la commission d'investiture composée d'un homme seul dans son bureau du 8e arrondissement". A l'Elysée donc, où l'on maintient le suspens.

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