Botswana : la justice examine une demande de dépénalisation de l'homosexualité

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Par AFP - Gaborone
Publié le 14 mars 2019 - 13:50
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Parade de lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT) dans les rues de Windhoek, la capitale de la Namibie, le 29 juillet 2017
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© Hildegard Titus / AFP/Archives
Parade de lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT) dans les rues de Windhoek, la capitale de la Namibie, le 29 juillet 2017
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La Haute Cour du Botswana a ouvert jeudi le dossier de la dépénalisation de l'homosexualité dans une affaire qui pourrait faire date en Afrique où les relations entre individus du même sexe sont largement réprimées.

Le Botswana est considéré comme l'un des pays africains les plus démocratiques et pourtant l'homosexualité y est interdite par le code pénal de 1965.

Une personne anonyme conteste devant la justice deux articles de ce code, qui punit les relations homosexuelles de sept ans de prison au maximum.

"Ces articles (...) limitent les interactions que je peux avoir avec des personnes qui s'identifient de la même manière que moi, car je crains d'être emprisonné", explique le requérant, identifié sous les seules initiales L.M. dans des documents lus par son avocat, Gosego Lekgowe, devant la Haute Cour de Gaborone.

"Nous ne cherchons pas à ce que les gens soient d'accord avec l'homosexualité mais à ce qu'ils soient tolérants", ajoute-t-il.

S'exprimant à la barre au nom de l'Etat, Sidney Pilane a rejeté ces arguments au nom de la "moralité publique".

"C'est un jeune homme courageux, mais cette affaire n'a rien à voir avec les homosexuels et le code pénal, c'est une question de moralité publique", a-t-il plaidé, suggérant au requérant d'adresser ses doléances au Parlement.

"La loi n'a pas à intervenir dans les chambres à coucher", lui a rétorqué, cinglant, le juge Abednego Tafa.

- 'Interférences' -

"Quel est l'intérêt du gouvernement à s'immiscer dans les relations sexuelles privées entre adultes consentants ?", a renchéri Me Lekgowe au nom du requérant, "il est inhumain et dégradant que le gouvernement et le Parlement interfèrent dans ces relations sans la moindre justification".

Le Botswana est devenu progressivement ces dernières années plus tolérant à l'égard de l'homosexualité.

En 2016, un tribunal a jugé que le gouvernement avait tort de refuser d'enregistrer une organisation représentant les homosexuels et d'autres minorités sexuelles.

L'opinion publique a évolué au sujet de l'homosexualité, et les lois sur l'emploi interdisent désormais toute discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, a souligné à la barre Me Lekgowe.

Le président du pays, Mokgweetsi Masisi, s'est lui-même exprimé sur le sujet en décembre.

"Beaucoup de personnes entretenant des relations avec des personnes du même sexe dans ce pays ont été agressées et ont également souffert en silence", a-t-il déclaré. "Tout comme les autres citoyens, elles méritent que leurs droits soient protégés."

Selon Neela Ghoshal, spécialiste des droits des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres au sein de l'ONG Human Rights Watch, 28 des 49 pays d'Afrique subsaharienne ont des lois criminalisant les relations homosexuelles.

La peine de mort est prévue par la charia en Mauritanie, au Soudan et dans le nord du Nigeria, mais aucune exécution n'y a été récemment relevée.

L'Angola, le Mozambique et les Seychelles ont abrogé des lois antigays ces dernières années et la Haute Cour de Nairobi doit se prononcer bientôt sur la question. Quant à l'Afrique du Sud, sa Constitution interdit toute discrimination fondée sur l'orientation sexuelle.

str-sn-pa/bed/jpc

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