Boxe : Trump réhabilite un champion du monde noir victime de racisme

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Par AFP - Washington
Publié le 24 mai 2018 - 23:30
Mis à jour le 25 mai 2018 - 00:50
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Le président américain Donald Trump plaisante avec l'acteur Sylvester Stallone (D) et le champion du monde de boxe poids lourds WBC Deontay Wilder (G), le 24 mai 2018 à Washington
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© NICHOLAS KAMM / AFP
Le président américain Donald Trump plaisante avec l'acteur Sylvester Stallone (D) et le champion du monde de boxe poids lourds WBC Deontay Wilder (G), le 24 mai 2018 à Washington
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Le président américain Donald Trump a réhabilité jeudi à titre posthume Jack Johnson, premier Noir sacré champion du monde de boxe poids lourd en 1908, avant d'être condamné à la prison pour des motifs racistes.

John Arthur "Jack" Johnson, surnommé "le géant de Galveston", ville du Texas où il est né le 31 mars 1878, était "un véritable grand combattant", a déclaré M. Trump lors d'une cérémonie dans le bureau ovale.

Il était entouré de l'acteur Sylvester Stallone, qui a incarné le célèbre boxeur "Rocky", l'actuel champion du monde des lourds WBC Deontay Wilder et l'ancien champion britannique Lennox Lewis.

Sa réhabilitation "était très importante pour Sylvester Stallone, un ami de longue date", a expliqué Donald Trump qui avait annoncé en avril son intention d'étudier cette demande.

Linda Haywood, l'arrière petite-nièce du boxeur déchu, participait également à la cérémonie.

Johnson, condamné à de la prison en 1913 pour avoir eu des relations avec une femme blanche, a été victime de "ce que beaucoup ont considéré être une injustice motivée par le racisme" alors que le pays vivait "une période d'énormes tensions raciales", a ajouté M. Trump.

Jack Johnson est l'un des plus grands boxeurs américains avec un palmarès de 78 victoires, dont 45 par KO, pour 8 défaites et 12 nuls. Mais il est entré dans l'histoire en devenant le premier Noir à décrocher la ceinture de champion du monde dans la catégorie reine après sa victoire à la 14e reprise contre le Canadien Tommy Burns, le 26 décembre 1908 à Sydney (Australie).

Il a défendu neuf fois son titre, dont un combat notable remporté en 1910 contre James J. Jeffries, un ancien champion blanc sorti de sa retraite.

Mais il est victime du racisme dans un pays marqué par les lois sur la ségrégation. En 1913, Johnson, qui entretient des relations avec une Blanche, est condamné, en vertu d'un loi contre le trafic d'êtres humains et la prostitution (Mann Act), au terme d'une procédure aujourd'hui considérée comme raciste.

Il part en Europe et en Amérique latine pour échapper à la sentence et continue à défendre un titre qu'il perd à la 26e reprise de son combat contre Jess Willard, en 1915 à La Havane. Il décide de se rendre aux autorités américaines en 1920 et passe un an derrière les barreaux.

C'est cette condamnation que Donald Trump a effacé jeudi.

Johnson est mort en 1946, à l'age de 68 ans, dans un accident de voiture.

En 2009, le sénateur John McCain et le représentant Peter King, deux républicains, avaient présenté un projet de loi devant le Congrès, en espérant que Barack Obama fasse de cette réhabilitation "un moment historique".

Mais le premier président noir des Etats-Unis avait laissé passer l'occasion.

"Cela a déçu beaucoup de monde", a lancé le milliardaire républicain, qui a été plusieurs fois accusé de racisme pour des remarques controversées sur les immigrés ou sa réticence à condamner des actes xénophobes.

Sur Twitter, M. McCain a salué la décision du président qui "redresse enfin un tort historique, restaure la réputation d'un grand athlète et clôt un chapitre honteux de notre histoire".

Pour le réalisateur Ken Burns, auteur d'un documentaire sur le boxeur en 2005, la réhabilitation de Jack Johnson "nous rappelle un passé raciste et que même aujourd'hui on utilise des commentaires racistes et un langage codé pour mettre en danger les Afro-américains et faire avancer un programme anti-américain".

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