Crise du logement, toxicomanie : des Amérindiens réduits à camper à Minneapolis

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Par Kerem YUCEL - Minneapolis (Etats-Unis) (AFP)
Publié le 25 octobre 2018 - 10:45
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Un campement de tentes abritant des sans-logis à Minneapolis, le 22 octobre 2018 dans le Minnesota
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© Kerem Yucel / AFP
Un campement de tentes abritant des sans-logis à Minneapolis, le 22 octobre 2018 dans le Minnesota
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Dans un campement de tentes abritant des sans-logis à Minneapolis, le chemin est parsemé de seringues usagées. Certains s'injectent de la drogue à la vue de tous. Des dizaines de personnes ont été retrouvées inconscientes, au moins deux ont succombé depuis le printemps.

La plupart des 200 habitants des lieux sont des Amérindiens qui se sont regroupés ces derniers mois dans cet espace, non loin des gratte-ciel resplendissants de cette ville prospère du Minnesota, dans le nord des États-Unis.

C'est le résultat combiné du manque de logements à prix abordables, et des lacunes dans le soin des problèmes mentaux et dans le traitement de la dépendance aux drogues. Les Amérindiens sont touchés de manière disproportionnée par ces problèmes.

"Il y a beaucoup de traumatisme historique --qui se transmet de générations en générations-- de désespoir et d'échecs. Et de nombreuses personnes se sont tournées vers la drogue et l'alcool", explique à l'AFP Keiji Narikawa, un bénévole intervenant dans le camp.

"À cause de la dépendance, des personnes ont perdu leur emploi, perdu le contact avec leur famille, leurs enfants, leur culture", dit-il.

- Mur des oubliés -

Ce campement s'étire le long d'un mur séparant une route d'un quartier d'habitations à bas coût où résident de nombreux Amérindiens. Les habitants l'ont surnommé le "mur des Amérindiens oubliés".

"Beaucoup de nos frères et soeurs amérindiens ne se sentent pas en sécurité ou à l'aise dans les refuges dont nous disposons, à cause du harcèlement ou de la discrimination", relève M. Narikawa.

Il est bénévole pour l'organisation Natives Against Heroin, qui a dressé des tentes au milieu du campement de fortune pour aider les toxicomanes et tenir à l'écart les vendeurs de drogues.

Car nombre de sans-abris du camp sont dépendants aux antalgiques à base d'opiacés ou à l'héroïne. L'épidémie, qui touche quelque deux millions d'Américains, qui a fait 63.600 morts dans le pays en 2016, dont 42.000 par overdoses d'opiacés.

L'une des deux personnes décédées dans ce campement était une quinquagénaire emportée par une overdose aux opiacés.

Angela Senogles, ancienne toxicomane qui fut elle-même SDF pendant cinq ans, travaille dans la tente médicale du camp.

Elle y distribue des aiguilles et administre de la naloxone (appelée aussi narcan), un antidote en cas d'overdose à un opioïde ou à l'héroïne.

"Nous avons sauvé dix personnes jusqu'à présent", explique cette femme de 55 ans. "C'est comme si nous faisions partie de la même famille et que nous prenions soin les uns des autres".

- Rude hiver -

Les Amérindiens ne représentent que 1% de la population du Minnesota, mais 6% des sans-abris dans cet État, selon une enquête publiée en 2015.

L'apparition du campement de fortune a forcé les autorités à se soucier du problème. Elles s'emploient à trouver des logements durables pour ses habitants avant que la rudesse de l'hiver ne s'installe pour plusieurs mois.

"Le véritable objectif ici est le besoin de maisons, de maisons permanentes", relevait en août Jacob Frey, maire de Minneapolis. "Avoir un toit est un droit. Ce devrait être un droit pour tout le monde".

Selon des médias locaux, plusieurs de ces personnes à la rue ont été relogées. Mais l'objectif initial de vider le campement avant fin septembre a été repoussé.

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