Espagne : des experts au mausolée de Franco pour préparer d'éventuelles exhumations

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Par AFP - Madrid
Publié le 23 avril 2018 - 17:49
Mis à jour le 24 avril 2018 - 14:26
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Le mausolée de Franco baptisé "El Valle de los Caidos" (la Vallée de ceux qui sont tombés), le 13 novembre 2005 aux environs de Madrid
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© Philippe DESMAZES / AFP/Archives
Le mausolée de Franco baptisé "El Valle de los Caidos" (la Vallée de ceux qui sont tombés), le 13 novembre 2005 aux environs de Madrid
© Philippe DESMAZES / AFP/Archives

Des experts ont inspecté lundi le mausolée controversé de Franco pour préparer les exhumations de deux victimes de la guerre d'Espagne (1936-39) enterrées près de lui, les premières exhumations sur ordre de la justice, plus de 40 ans après la mort du dictateur.

Des techniciens doivent vérifier si de telles opérations peuvent être effectuées, en fonction de l'état des lieux et des ossements, qui ont été mal conservés et se sont mélangés.

"C'est un événement historique, les techniciens sont entrés, il semble qu'on va obtenir quelque chose", a dit à l'AFP par téléphone la petite-fille d'un combattant républicain, Purificacion Lapena, jointe par téléphone à l'entrée du site.

Cette Aragonaise réclame l'exhumation de son grand-père et de son grand-oncle, Manuel et Antonio-Ramiro Lapena Altabas. En 1936, ces deux militants anarchistes avaient été fusillés puis jetés dans une fosse commune en Aragon, dans le nord de l'Espagne.

En 1959, leurs restes avaient été secrètement transférés dans l'immense mausolée que le dictateur Francisco Franco avait lui-même fait construire, à 50 km de Madrid, baptisé El Valle de los Caidos (La vallée de ceux qui sont tombés).

Vainqueur de la guerre civile sanglante et chef de l'Etat de 1939 à 1975, Franco avait finalement ordonné - au nom d'une prétendue "réconciliation" nationale - de transférer sur le site les restes de plus de 30.000 victimes du conflit - nationalistes et républicains - souvent sans le consentement de leurs familles.

Franco s'était réservé la meilleure place: depuis sa mort en 1975, il est enterré près de l'autel de la basilique, au pied d'une croix de pierre haute de 150 mètres.

Après des années de combat judiciaire, la famille Lapena avait obtenu en 2016 une victoire: le tribunal de San Lorenzo de El Escorial avait ordonné "la remise des restes des frères Lapena Altabas à leur parente (...) afin de leur donner une sépulture digne".

Depuis, le prêtre bénédictin qui gère l'abbaye et la basilique avait bloqué les exhumations en refusant que des experts pénètrent dans les lieux, jusqu'à ce que la Conférence épiscopale l'oblige à appliquer la décision de justice.

L'organisme gérant les propriétés de l'Etat a rappelé dans un communiqué que les étapes jusqu'à une éventuelle exhumation étaient encore nombreuses.

Les spécialistes en architecture ayant examiné la crypte où se trouvent les restes doivent se prononcer d'ici fin mai sur l'état du lieu.

S'ils donnent leur feu vert, les experts médicaux devront à leur tour donner leur avis, puis, si les restes se sont mélangés en un "ossuaire", l'affaire pourrait revenir devant les tribunaux "si les droits de personnes tierces sont affectés", précise l'organisme public.

Deux autres familles ont également formellement réclamé l'exhumation de combattants, cette fois du camp franquiste.

L'an dernier, une large majorité de députés a demandé, en vain, au gouvernement conservateur que les restes de Franco soient enlevés de "son" mausolée, pour en faire un lieu de mémoire pour tous.

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