Le pape en Bulgarie rencontre des réfugiés et prie pour la paix

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Par Vessela SERGUEVA - Sofia (AFP)
Publié le 06 mai 2019 - 12:06
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Le pape salue la foule à bord de sa papamobile à Sofia, le 5 mai 2019
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© Nikolay DOYCHINOV / AFP
Le pape salue la foule à bord de sa papamobile à Sofia, le 5 mai 2019
© Nikolay DOYCHINOV / AFP

"Si je rencontrais le pape, je lui dirais que je vis comme un chien", s'exclame Dzhumaa Huseyin, un Kurde de Syrie dont l'exode s'est terminé en Bulgarie, le pays le plus pauvre de l'Union européenne.

Comme des dizaines de milliers de Syriens ayant fui leur pays en guerre ces dernières années, cet ancien technicien souhaitait gagner l'Allemagne.

Le durcissement des contrôles aux frontières et les règles d'accueil des réfugiés au sein de l'UE l'ont contraint à demander l'asile en Bulgarie, où il est arrivé il y a plus d'un an.

Cet homme de 49 ans et sa famille ont passé onze mois dans un centre d'accueil de migrants en périphérie de Sofia que la pape visitera lundi, au deuxième jour de son voyage en Bulgarie.

Dimanche, dans son premier discours en terre bulgare, François avait appelé le pays à se montrer "accueillant" envers "ceux qui fuient la guerre ou la misère".

Mais l'expérience de Dzhumaa Huseyin, comme de nombreux réfugiés en Bulgarie, tient plutôt du parcours du combattant dans ce pays où il n'existe pas de plan d'intégration des demandeurs d'asile, uniquement assistés par des bénévoles et une poignée d'associations.

"Au moins nous sommes en vie, il y a de l'eau et de l'électricité", résume M. Huseyin. "Mais nous ne nous attendions pas à vivre comme mendiants en Europe", soupire celui qui travaille désormais comme porteur de cartons.

Avant de trouver un deux-pièces à louer dans la capitale, il a vécu dans la rue avec sa femme, leurs deux enfants mineurs et une belle mère malade.

Trouver un logement et un médecin sont parmi les principaux défis, confirment les rares ONG à accompagner les nouveaux venus.

"Espérons que le pape inspire à ses hôtes une attitude positive à l'égard des réfugiés", déclare Linda Auanis, présidente du Conseil des femmes réfugiées.

Le camp de Vrajdebna, que visitera le pape, ne compte qu'une soixantaine de demandeurs d'asile, principalement de Syrie et d'Irak, pour plus de 300 places. Les quatre autres centres d'accueil du pays sont également aux trois-quarts vides.

- Frontière clôturée -

Le nombre des arrivées de migrants en Bulgarie a considérablement baissé depuis 2016 avec le ralentissement du flux en provenance de Turquie et l'érection d'une clôture le long des 274 km de frontière commune aux deux pays.

Les autorités bulgares, qui revendiquent avoir empêché 5.000 entrées de migrants en 2018 et presque autant depuis le début d'année, se voient régulièrement reprocher des atteintes aux droits des personnes à demander l'asile.

Si l'importante minorité turque (environ 10% de la population) issue de la longue domination ottomane sur la Bulgarie, est intégrée et représentée politiquement, l'arrivée de musulmans du Moyen-Orient est rejetée tant par le gouvernement de droite et ses alliés nationalistes que par l'opposition socialiste.

Même l'Eglise orthodoxe y voit une "menace pour la stabilité de l'Etat" et "l'équilibre ethnique".

Le chef de l'Etat Roumen Radev, proche des socialistes, avait assuré dimanche au pape que "la société bulgare ne tolère pas le racisme".

"Une propagande politique amorale cible les groupes marginaux" dont les migrants, présentés comme un poids ou des vecteurs d'idées radicales, regrette au contraire Dessislava Petkova du département Migration de l'ONG catholique Caritas.

Ainsi une famille syrienne accueillie en 2017 dans la commune Béléné (nord) sur l'initiative d'un prêtre catholique, Paolo Cortesi, avait dû repartir sous la pression de manifestants nationalistes, alors que le prêtre a été menacé de mort.

Une autre communauté recevra lundi le soutien du pape: il s'agit de la ville majoritairement catholique de Rakovski, exception dans ce pays orthodoxe où les catholiques représentent moins de 1% de la population.

Quelque 250 enfants feront à cette occasion leur communion en présence du pape dans cette cité de 17.000 habitants, située à 160 kilomètres de Sofia.

"Ce sera pour eux un souvenir inoubliable", se réjouit le maire Pavel Gudjerov (anglais: Gudzherov), qui s'attend à voir quasiment toute la population affluer dans les rues pavoisées de quelque 800 drapeaux.

En fin de journée, le pape sera de retour à Sofia pour une rencontre inter-confessionnelle "pour la paix" boudée par les seuls responsables de l'Eglise orthodoxe bulgare, rétifs au dialogue avec le Vatican.

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