Migrants : quitte ou double pour la mission Sophia

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Par Christian SPILLMANN - Bruxelles (AFP)
Publié le 23 janvier 2019 - 20:14
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Le commissaire européen aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos, lors d'un point presse à la Commission européenne à Bruxelles, le 23 janvier 2019
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© EMMANUEL DUNAND / AFP
Le commissaire européen aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos, lors d'un point presse à la Commission européenne à Bruxelles, le 23 janvier 2019
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Sophia, la mission militaire européenne créée en 2015 pour lutter contre les réseaux de passeurs en Méditerranée, pourrait vivre ses derniers mois si les gouvernements ne parviennent pas à s'entendre sur la prise en charge des naufragés sauvés par leurs navires.

"Si l'Italie, qui est aux commandes, décide d'y mettre fin, ce sera sa décision", a averti mercredi le commissaire aux Affaires Intérieures Dimitris Avramopoulos en réponse aux menaces du vice-président du Conseil et ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini.

"Selon moi, l'opération Sophia est une réussite et elle doit continuer", a soutenu M. Avramopoulos.

"Mais la décision finale revient aux Etats membres", a-t-il insisté.

La mission est sous commandement italien. Son quartier général est à Rome et la marine italienne est très impliquée dans les opérations menées au large de la Libye, pays d'où partent les embarcations chargées de demandeurs d'asile.

Mais la coalition au pouvoir à Rome exige de changer les règles qui imposent le débarquement des naufragés recueillis par les navires de l'opération Sophia dans des ports italiens.

- Ca passe ou ça casse -

"Soit les règles changent, soit il est mis fin à la mission", a affirmé mercredi sur son compte Twitter Matteo Salvini, le patron de la Ligue (extrême droite), qui a déjà mis en application sa menace de fermer les ports italiens aux navires d'ONG secourant des migrants.

Sophia a été prolongée en décembre jusqu'au 31 mars 2019, mais les désaccords avec Rome ont lassé les autres pays européens. L'Allemagne a décidé de forcer une décision avec l'annonce du non-remplacement de l'Augsburg, la frégate allemande actuellement sur zone.

"La décision a pour but de laisser la place à la discussion politique" sur la suite de l'opération, a expliqué mercredi un porte-parole du ministère de la Défense.

L'Allemagne ne se retire toutefois pas de Sophia. Elle maintient la dizaine de militaires et de marins allemands en poste au Quartier Général à Rome et "attend de voir si un accord est trouvé pour prolonger le mandat de la mission après le 31 mars", a-t-il souligné.

Le service d'action extérieure de l'UE dirigé par l'Italienne Federica Mogherini doit soumettre début février une série d'options aux représentants des Etats membres.

"Tout va dépendre du résultat des négociations", a confié le porte-parole allemand.

Le retrait de l'Augsburg, prévu le 6 février, va affaiblir Sophia, car elle va se retrouver "en sous-équipement pour accomplir sa mission", a commenté l'ambassadeur de la Belgique à l'Otan Pascal Heyman sur son compte Twitter. "L'Allemagne ne fournit plus de moyens navals à l'opération Sophia en Méditerranée. La Belgique a fait de même", a-t-il ajouté.

- Embarras italien -

Trois navires militaires sont actuellement déployés: la frégate espagnole Reina Sofia, la frégate italienne Luigi Rizzo et l'allemande Augsburg. La force est appuyée par des moyens aériens -- hélicoptères et avions -- mis à disposition par l'Espagne, l'Italie, la Pologne et le Luxembourg, indique le site internet de la mission.

Matteo Salvini a raillé la décision allemande. "Si quelqu'un se défile, ce ne sera pas un problème pour l'Italie. Il nous fait plutôt une faveur", a-t-il lancé.

Mais ses menaces embarrassent le gouvernement italien. "L'Italie n'a jamais demandé la fin de Sophia, a assuré mercredi le ministre des Affaires étrangères Enzo Moavero Milanesi.

L'amiral Enrico Credendino, chef de la mission Sophia, a pour sa part souligné les succès réalisés par la mission.

"Nous avons rendu inopérationnelles 550 embarcations de passeurs, arrêté 150 passeurs et mené des opérations de contrôle contre le trafic d'armes et de pétrole", a-t-il énoncé.

"Depuis le début de l'opération Sophia en 2015, nous avons secouru 45.000 migrants dans les eaux internationales de la Méditerranée. Cela représente 9% du total des migrants secourus en Méditerranée, donc c'est un chiffre limité.

Si Sophia avait eu le secours en mer dans son mandat, nous en aurions secouru 500.000, pas 45.000", a-t-il argumenté.

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